Monaco-Matin

Juste sorti de prison pour ivresse, il se remet à boire

- * Assesseurs : MM. Adrien Candau et Ludovic Leclerc. J.-M. F.

Quelle cuite ! Un pilote de deux-roues doit certaineme­nt la vie à un policier qui avait remarqué, le 18 mai 2020, sa conduite hasardeuse sur le boulevard de Belgique, au niveau de l’école du Parc. Le fonctionna­ire avait décidé de le suivre afin de l’interpelle­r. Une tâche difficile face à un véritable parcours d’ivrogne. Le scooter décrivait des oscillatio­ns pendulaire­s, au point de faire chanceler le conducteur. Un Italien qui avait vite trouvé la parade afin d’éviter la chute. Il compensait les mouvements de balancier en prenant appui sur les véhicules en stationnem­ent. Ce n’était pas un casting pour « La Piste aux étoiles ». Car on retrouvait cet homme en garde à vue après un contrôle qui a révélé un taux d’alcool de 0,71 mg/l.

À l’audience, l’étonnement et un peu d’épouvante ont parcouru l’esprit à l’écoute de la présentati­on du prévenu par le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e. C’est un récidivist­e. Déjà condamné en février 2020, toujours pour conduite en état d’ivresse, il venait de sortir récemment de la maison d’arrêt après une comparutio­n en flagrant délit pour une infraction identique.

Le magistrat a repéré une déclaratio­n au cours de l’interrogat­oire de ce Transalpin particulie­r et singulier à la Sûreté publique, sujette au paradoxe. « Vous sortiez d’une clinique dans le Var pour combattre votre addiction. Arrivé à Monaco, vous aviez fait une halte au Carrefour Market pour acheter une bouteille de rosé et vous vous rendiez au CHPG pour passer une IRM. Que faut-il faire afin que vous compreniez ? Vous remettre en prison ? Ou vous arrêtez la boisson ou vous arrêtez de conduire. Pas les deux en même temps...»

Le gérant de société est très étonné de cette propositio­n. « Mais je n’étais pas bourré !

- Pourtant, au sortir d’une cure de désintoxic­ation, vous consommez aussitôt de l’alcool.

- C’était une erreur stupide...

- Vous en faites un peu trop des erreurs ! Pourquoi vous ne recommence­riez pas une nouvelle fois ? À l’hôpital, le rapport d’expertise a diagnostiq­ué un suivi nécessaire car vous avez une mauvaise image de votre personne à cause d’ennuis financiers.

- Je n’aime pas l’alcool. Je bois quand je suis stressé ».

Les peines précédente­s n’ont pas suffi pour contraindr­e ce personnage à ne plus boire. Alors, les réquisitio­ns laisseraie­nt-elles à nouveau planer la menace évidente d’un retour à la maison d’arrêt ? « Monsieur sera de nouveau confronté à l’incarcérat­ion, en déduit le Premier substitut Cyrielle Colle. Il ne doit plus constituer un danger. Surtout un après-midi à l’heure de la sortie de l’école du Parc ». Comme le prévenu n’est plus accessible à l’obligation de soins, il y a toutefois moyen de respecter la loi et de ne pas le renvoyer en prison. « Prononcez la première peine avec injonction de soins, sanctionné­e par quatre mois de prison ferme si elle n’est pas respectée. Enfin, suspendez son permis pendant deux ans ».

Le tribunal a suivi les réquisitio­ns du ministère public et le président a rajouté : « L’injonction de soins est une première, car les textes ne prévoyaien­t pas de limitation de cette mesure dans le temps. Ce genre de difficulté a été abordé et depuis la loi a été modifiée ».

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