Juste sorti de prison pour ivresse, il se remet à boire
Quelle cuite ! Un pilote de deux-roues doit certainement la vie à un policier qui avait remarqué, le 18 mai 2020, sa conduite hasardeuse sur le boulevard de Belgique, au niveau de l’école du Parc. Le fonctionnaire avait décidé de le suivre afin de l’interpeller. Une tâche difficile face à un véritable parcours d’ivrogne. Le scooter décrivait des oscillations pendulaires, au point de faire chanceler le conducteur. Un Italien qui avait vite trouvé la parade afin d’éviter la chute. Il compensait les mouvements de balancier en prenant appui sur les véhicules en stationnement. Ce n’était pas un casting pour « La Piste aux étoiles ». Car on retrouvait cet homme en garde à vue après un contrôle qui a révélé un taux d’alcool de 0,71 mg/l.
À l’audience, l’étonnement et un peu d’épouvante ont parcouru l’esprit à l’écoute de la présentation du prévenu par le président Jérôme Fougeras Lavergnolle. C’est un récidiviste. Déjà condamné en février 2020, toujours pour conduite en état d’ivresse, il venait de sortir récemment de la maison d’arrêt après une comparution en flagrant délit pour une infraction identique.
Le magistrat a repéré une déclaration au cours de l’interrogatoire de ce Transalpin particulier et singulier à la Sûreté publique, sujette au paradoxe. « Vous sortiez d’une clinique dans le Var pour combattre votre addiction. Arrivé à Monaco, vous aviez fait une halte au Carrefour Market pour acheter une bouteille de rosé et vous vous rendiez au CHPG pour passer une IRM. Que faut-il faire afin que vous compreniez ? Vous remettre en prison ? Ou vous arrêtez la boisson ou vous arrêtez de conduire. Pas les deux en même temps...»
Le gérant de société est très étonné de cette proposition. « Mais je n’étais pas bourré !
- Pourtant, au sortir d’une cure de désintoxication, vous consommez aussitôt de l’alcool.
- C’était une erreur stupide...
- Vous en faites un peu trop des erreurs ! Pourquoi vous ne recommenceriez pas une nouvelle fois ? À l’hôpital, le rapport d’expertise a diagnostiqué un suivi nécessaire car vous avez une mauvaise image de votre personne à cause d’ennuis financiers.
- Je n’aime pas l’alcool. Je bois quand je suis stressé ».
Les peines précédentes n’ont pas suffi pour contraindre ce personnage à ne plus boire. Alors, les réquisitions laisseraient-elles à nouveau planer la menace évidente d’un retour à la maison d’arrêt ? « Monsieur sera de nouveau confronté à l’incarcération, en déduit le Premier substitut Cyrielle Colle. Il ne doit plus constituer un danger. Surtout un après-midi à l’heure de la sortie de l’école du Parc ». Comme le prévenu n’est plus accessible à l’obligation de soins, il y a toutefois moyen de respecter la loi et de ne pas le renvoyer en prison. « Prononcez la première peine avec injonction de soins, sanctionnée par quatre mois de prison ferme si elle n’est pas respectée. Enfin, suspendez son permis pendant deux ans ».
Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public et le président a rajouté : « L’injonction de soins est une première, car les textes ne prévoyaient pas de limitation de cette mesure dans le temps. Ce genre de difficulté a été abordé et depuis la loi a été modifiée ».