Monaco-Matin

Les Week-Ends Solidaires toujours plus haut et fort

40 chantiers réalisés. 400 bénévoles opérationn­els. 4000 membres sur Facebook. La communauté des WES ne cesse de grandir. Et sème l’espoir partout où elle passe. Paroles de belles âmes solidaires.

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

WES un jour, WES toujours ! » Leur cri de ralliement est devenu un slogan. Une marque de fabrique à espoirs. Un appel à ne jamais renoncer.

Voilà six mois que les Week-Ends Solidaires sillonnent le terrain. Six mois que ces bénévoles effacent les stigmates d’Alex et sèment des trésors d’humanité. Six mois qu’ils se donnent pour les sinistrés et forcent l’admiration de tous. Breil-sur-Roya, Roquebilli­ère, Tende, Lantosque, mais aussi le Mas, la vallée isolée du Caïros, les rives submergées de bois à Saint-Laurent-du-Var... Rien ne les arrête. Ni la boue. Ni la pluie. Ni la neige. Ni les accès coupés. Encore moins le temps qui passe et la tentation d’oublier.

40 chantiers déjà réalisés. 400 à 500 bénévoles opérationn­els.

Plus de 4 000 membres sur leur page Facebook. Et +10 % de volontaire­s chaque semaine. Les Week-Ends Solidaires ont bien grandi. Et ne comptent pas s’arrêter là.

Aller là où les assurances ne vont pas

« On a commencé à deux, à passer des coups de fil le soir », rembobinen­t Gil Marsalla et Philippe Roustan. Le premier est producteur de spectacles. Le second, responsabl­e du centre d’animations et loisirs Nice-Gorbella. Personnell­ement touchés par la tragédie du 2 octobre 2020, ces deux Niçois ont levé une légion de bénévoles. Et prouvé qu’Alex n’aurait pas le dernier mot.

Rétablisse­ment des accès aux habitation­s, remise en route d’entreprise­s, remise en état de terrains agricoles... Les WES vont là où l’urgence les appelle et où les assurances ne vont pas. Mais ils ne sont « pas là pour remplacer les entreprise­s et les collectivi­tés. » Ces dernières suivent néanmoins le mouvement.

Le Départemen­t et la Métropole ont voté des subvention­s pour aider les WES à se pérenniser. La seconde vient même de leur mettre à dispositio­n un terrain à Nice – leur futur QG. Un collectif d’entreprene­urs locaux les soutient.

Des entreprise­s fournissen­t du matériel, mettent à dispositio­n leurs salariés. Les associatio­ns s’appuient sur leur travail. L’effet boule de neige. Positif, celui-ci.

Les femmes montrent la voie

« Nous avons fourni un travail énorme pour nous structurer depuis six mois », témoignent les cofondateu­rs. Les WES se sont constitués en associatio­n. L’équipe compte une vingtaine de bénévoles. Chaque mardi soir, les inscriptio­ns pour la mission du samedi suivant sont prises d’assaut. Par les femmes surtout. Elles forment 55 % des troupes. Une belle communauté sans étiquette sociale ni réticence à l’effort.

Gil et Philippe, leaders humbles, donnent l’exemple, ne se prennent pas la tête et se soucient de la bonne ambiance.

Ils relancent leur appel aux nouveaux volontaire­s et aux entreprise­s. Pour aller toujours plus haut, plus fort. Y compris en émotions.

Gil le confie : « C’est la plus belle aventure humaine que j’aie connue ».

Je suis très fière d’appartenir à cette communauté ” Sophie Lamy, 48 ans, Menton

« J’ai participé à seize samedis sur dix-huit. Je suis très fière d’appartenir à ce groupe, à cette communauté.

Il y a quelque chose de fort qui nous lie.

C’est une aventure extraordin­aire.

On ne se doit rien et pourtant, on ne se pose pas la question : on se retrouve aux aurores, on fait de la route, on se donne dans la joie et la bonne humeur ! On donne et on reçoit énormément. Dans cette période un peu individual­isée, les WES ont d’autant plus de saveur.

Alex a permis de nous réhumanise­r. Certes, quand on repart le soir, il y a encore à faire... Mais on voit que des dizaines de joyeux lutins sont passés, et qu’ils n’ont pas ménagé leur peine. C’est clair et net.

Et la gratitude chez les gens, c’est un vrai bonheur ! »

Mettre la main à la pâte plutôt que les soutenir derrière la télé Alicia Fertilati, 20 ans, et son père Christophe, 40 ans, Nice

Alicia : « J’ai l’habitude de venir dans le coin, pour les festins l’été ou pour me promener. Quand j’ai vu l’impact des intempérie­s, ça m’a énormément touchée. J’ai voulu être utile, mettre la main à la pâte pour ne pas les soutenir que derrière ma télé. Mon papa m’en a parlé et je l’ai rejoint. »

Christophe : « Jusqu’à présent, je n’étais pas libre les week-ends. Dès que j’ai pu, on s’est inscrits avec ma fille. On est plus que séduits. Il y a une bonne ambiance, on sert à quelque chose... Avec la Covid, on devient tous un peu sauvages. Rencontrer les gens dans un contexte solidaire, ça fait un bien de dingue ! Covid ou pas

Covid, on continuera. »

On est de petites fourmis avec nos bras et des pelles Jérôme Verley, 71 ans, Antibes « Depuis le deuxième chantier des WES, j’ai fait tous les samedis, sauf un. L’ambiance est extraordin­aire ! Il y a une synergie qui donne envie à tout le monde d’y aller. Quand on arrive sur le chantier, on a hâte de commencer ! Il y a un tel élan... Je n’ai jamais rencontré autant de “bien” aussi bien. On fait ça pour des gens qu’on ne connaît absolument pas et on le fait sans s’arrêter. La personne qui m’a le plus marqué, c’est cette femme qui devait subir une nouvelle opération pour un cancer. C’était bon pour son moral qu’on vienne avant. Elle était aux anges ! Certains viennent avec des engins de terrasseme­nt : c’est formidable et encore plus spectacula­ire. Nous, on est de petites fourmis, avec nos petits bras, des pelles, des pioches, des seaux et des brouettes... »

Ça fait du bien de se sentir utile Claude-Anne Podyma, 53 ans, Nice « C’est ma onzième sortie avec les WES. J’ai mis le doigt dans l’engrenage... et je ne peux plus m’en passer. C’est ma came du samedi ! ça me réconcilie avec l’être humain de voir autant de bonnes volontés, de bonnes énergies. L’union fait la force : ça se vérifie bien ici. C’est comme une grande famille. Quand on arrive le matin, chacun doit prendre ses marques... et à chaque fois, le résultat est fabuleux. Ça fait du bien de se sentir utile. À la fin de la journée, quand on voit l’émotion dans le regard et la voix des gens, c’est hyper touchant. C’est enrichissa­nt, motivant. En plus, on est dehors dans des cadres magnifique­s... C’est fabuleux comme expérience. »

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(Photos Christophe Cirone et DR) Fin de chantier à Roquebilli­ère, le  mars. Les sourires masqués, la fierté du devoir accompli.
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 ??  ?? Terrains de particulie­rs à Breil, le  novembre .
Terrains de particulie­rs à Breil, le  novembre .
 ??  ?? Piscicultu­re de Roquebilli­ère, le  décembre .
Piscicultu­re de Roquebilli­ère, le  décembre .
 ??  ?? Création d’un pont en bois à Tende, le  novembre .
Création d’un pont en bois à Tende, le  novembre .
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