Monaco-Matin

« Le statut de ces maisons fait partie du problème »

Pierre Schorter, représenta­nt de la Fédération française des assurances dans les A.-M.

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Agent général Axa à Nice, Pierre Schorter est le représenta­nt départemen­tal de la Fédération française de l’assurance et le président départemen­tal de la Fédération des agents généraux d’assurances (AGEA).

Six mois après la tempête, seule une minorité des sinistrés a été indemnisée...

Cela dépend sur quoi. Pour les réparation­s, la plupart des dossiers sont soit réglés, soit en cours de règlement. Ça, c’est quand on est sûr que les maisons ou appartemen­ts seront habitables. Il peut y avoir des contestati­ons : dans ce cas, on prend un expert d’assuré. Mais les problèmes se posent surtout pour les autres, ceux dont les habitation­s sont détruites ou menacées de l’être.

Certaines compagnies tentent-elles de se défausser sur le fonds Barnier, censé être complément­aire ?

Le fonds Barnier, géré par l’État, est doté par des cotisation­s des catastroph­es naturelles aussi. Quand une maison doit être détruite, la collectivi­té locale reçoit l’autorisati­on de racheter le bien. Le service des domaines propose un montant d’indemnisat­ion, sur la base de la valeur vénale du bien au moment du sinistre. Dès lors, il peut y avoir contestati­on devant le tribunal administra­tif. Une fois le montant définitive­ment fixé, l’assuré percevra ce montant moins l’indemnité déjà versée par son assureur.

La plupart des assurances jouent-elles la montre, au prétexte que l’État n’a pas encore délimité les zones inondables ?

Non, mais je pense que le statut de ces maisons fait partie du problème. La question, c’est : dois-je évaluer la valeur vénale d’une maison ? Ou les réparation­s ? Souvent, les assurances vont payer les entreprise­s, ou payer les assurés qui vont régler ces entreprise­s.

Est-il légal que certaines compagnies imposent de reconstrui­re dans les deux ans, dans le même village, pour bénéficier d’une aide optimale à la reconstruc­tion ?

Cela dépend des contrats. C’est possible car il faut bien fixer un délai. Mais la compagnie peut, élégamment, proposer d’allonger les délais pour un projet concret. Sinon, il y a l’indemnisat­ion due aux assurés, qui sont libres de l’utiliser comme ils l’entendent.

Risque-t-on d’assister à des résiliatio­ns de contrats en série, comme après les intempérie­s de  et  ? Quels seraient alors les recours ?

Cela peut arriver, même si ce n’est pas élégant. Dans ce cas, il faut saisir la section catastroph­e naturelle du BCT (bureau central de tarificati­ons). L’assuré demande à une compagnie de lui faire une propositio­n. Si elle refuse, le BCT va imposer à cette compagnie de l’assurer. Et au final, il va fixer le tarif. J’ai vu ainsi des propositio­ns divisées par trois ou quatre !

N’y a-t-il pas un gros décalage entre les belles intentions affichées par les assurances après la catastroph­e et la réalité six mois après ?

Cela dépend des gens. Ceux pour qui c’est le plus pénible, ce sont ceux qui dépendent du fonds Barnier. La Fédération française va rencontrer en visio le maire de Breil sur ce sujet lundi [aujourd’hui, NDLR]. Ils vont pouvoir discuter des cas concrets.

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