Monaco-Matin

À Breil, un sentiment d’injustice règne

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Anaïs a tout perdu dans la nuit du 2 au 3 octobre. Enceinte de neuf mois, la jeune femme quitte son appartemen­t en rez-de-jardin dans le quartier d’Isola, à Breil-sur-Roya, avec un sac à dos, son mari et son chien, le temps que passe la tempête. Quand elle rentre chez elle le lendemain, il ne reste rien. «Les baies vitrées sont tombées, l’eau est montée jusqu’au plafond et a tout détruit. » Y compris les affaires du bébé. « J’ai dû tout racheter et trouver un nouveau logement. » À ses frais. Depuis le sinistre, Anaïs peine à se faire indemniser. « J’ai eu un acompte après la tempête et après, plus rien. Je n’ai toujours pas de chiffrage aujourd’hui. Donc je ne sais pas combien ni quand je vais être remboursée. Je n’ai pas de base sur laquelle discuter avec mon assurance, je ne peux pas faire appel à un expert d’assuré ni me projeter. »

« Ça m’a pourri mon congé maternité »

La jeune maman est bloquée. Et quand elle veut contacter sa compagnie, elle finit toujours

par être déboutée. « Je n’arrive à avoir personne. On me balade de services en services. Ça m’a pourri mon congé maternité, mon moral. J’en rêvais la nuit. »

Et puis en février, la mairie de Breil lui annonce que le quartier d’Isola sera réhabilité. Enfin une bonne nouvelle ! Elle informe aussitôt son assureur qui lui rétorque que sans preuves ni document formel de la préfecture, il n’y aura pas de chiffrage. Excédée, Anaïs fait appel à un avocat qui assigne la compagnie à donner un chiffrage. Efficace. « Ils sont venus le faire fin février, mais après, silence radio. »

Et de souffler : « On a toujours été en règle, payé nos cotisation­s... On avait toutes les options pour être assurés en tout risque. Je pensais que ça serait simple, mais on est obligés de se battre tout le temps. Ce n’est pas juste. »

Un peu plus loin dans le village, M. peine aussi à être indemnisée. Son immeuble est sous le coup d’un arrêté d’évacuation depuis six mois, après l’apparition de nouvelles fissures sur un bâti déjà instable. Son appartemen­t a aussi été en partie inondé à cause des fortes pluies.

« J’ai une épée de Damoclès sur la tête »

Après avoir été hébergée deux mois par sa belle-famille, M. a loué un appartemen­t pour sa famille qu’elle doit bientôt libérer. « C’était une solution provisoire, souffle-t-elle. J’ai une épée de Damoclès sur la tête. »

L’argent de l’assurance pourrait l’aider, encore faut-il qu’il soit versé. « On a eu une expertise le 15 décembre pour les dommages dans l’appartemen­t et depuis, plus de nouvelles. L’assurance attend de savoir si le bâti sera restauré ou détruit, et dans ce cas, si le fonds Barnier peut prendre en charge une partie de l’indemnisat­ion. Mais si on paye des assurances, c’est pour être dédommagé face à ce type de risques. J’estime qu’on doit nous indemniser à la hauteur de ce qu’on a perdu. » Et vite.

 ??  ?? « Les baies vitrées sont tombées, l’eau est montée jusqu’au plafond et a tout détruit », témoigne Anaïs, habitante de Breil.
(DR)
« Les baies vitrées sont tombées, l’eau est montée jusqu’au plafond et a tout détruit », témoigne Anaïs, habitante de Breil. (DR)

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