Prêt garanti par l’État : rembourser, mais plus tard
Plus de la moitié des 19 755 entreprises des Alpes-Maritimes qui en ont souscrit un n’ont pas touché à leur bas de laine. En revanche, 88 % d’entre elles ont demandé un report du remboursement.
Wait and see. Les entreprises azuréennes jouent la prudence alors que la crise sanitaire se prolonge. 88 % des 669 883 entreprises françaises(1) qui ont souscrit un Prêt garanti par l’État (PGE), à des conditions avantageuses, ont demandé à différer d’au moins un an le remboursement. Souvenez-vous, le PGE, proposé à prix coûtant, avait été lancé en urgence en mars 2020 par les banques. 135,9 milliards d’euros de prêts ont été empruntés grâce au soutien de l’État. Dans les Alpes-Maritimes, 19 755 entreprises y ont souscrit pour un montant de 2, 6 milliards d’euros. Sans surprise, ce sont les secteurs les plus impactés qui y ont eu recours : le commerce pour 729 millions d’euros et l’hébergement et la restauration pour 444 millions d’euros.
Des reports en pagaille
Seulement voilà. Un prêt reste un prêt. Aussi peu cher soit-il. Alors que la Covid-19 joue les prolongations, les banques ont décidé de reporter d’un an supplémentaire le début de remboursement. Les entrepreneurs s’accordent à le dire : le prêt garanti par l’État a joué un rôle d’amortisseur extrêmement important aux côtés des autres dispositifs.
Pour autant, selon la Fédération bancaire française, environ la moitié des entreprises ont aujourd’hui sur leurs comptes bancaires l’intégralité de la somme empruntée. Quand rembourser ? « Dans notre clientèle, peu
de chefs d'entreprise nous disent : je vais anticiper et rembourser », constate Colette Weizman, présidente du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables Paca.
Seules 12 % vont s’acquitter
(1) du remboursement dès 2021 ; 5 % l’amortiront entre 2022 et 2023 ; 9 % entre 2024 et 2025. 74 %, soit deux entreprises sur trois, optent pour la durée la plus longue possible, avec une fin du prêt en 2026. Alors qu’il est prévu un remboursement sur 5 ans, le Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables a demandé à Bercy une durée plus longue. «Sionarriveà obtenir un isolement de la dette, et qu’elle soit reportée sur dix ans et non cinq ans, ans, cela permettrait aux chefs d'entreprise de passer le cap du mur de dettes et de le mettre dans un plan », note Colette Weizman. Aussi peu coûteux soit-il, il faudra bien rembourser un jour ce Prêt garanti par l’État. C’est à ce moment qu’on jugera de l’impact réel de la crise. 1. Chiffres de la Fédération bancaire française (FBF), rendus publics le 6 avril.