« Cette dette du PGE pèsera sur mon résultat pendant cinq ans »
Comment s’en sortent les petites entreprises ? Nous avons interrogé Steeve Bernardo, patron de « Chez Pipo ». Le four à bois est à l’arrêt et l’odeur de socca ne plane plus dans son resto de la rue Bavastro à Nice. Pour autant, le jeune chef d’entreprise se veut confiant. « Avec l'espoir d'ouvrir bientôt et de faire une saison pour renflouer la trésorerie, je me dis que ça va passer. Au prix d'une dette abyssale, nous avons un système en France qui soutient les entreprises en difficulté. On va survire. Mais ce qui est compliqué pour l'entrepreneur, c'est qu'on va empiler pas mal de mauvaises années. » Steeve Bernardo a contracté deux Prêts garantis par l’état (PGE) à hauteur de 15 % de son chiffre d’affaires. «Un premier de 5 % en mars 2020. En septembre dernier, quand j'ai vu que ça allait se compliquer, j’en ai fait un second de 10 %. »
Gestionnaire prudent
Pipo a vécu ces derniers mois sur une trésorerie que Steeve, en gestionnaire prudent, avait constituée avant la crise. Depuis le début de la Covid-19, il complète le chômage partiel touché par ses sept salariés en CDI. «Ils avaient des prêts, des engagements. Je fais un quasi-maintien de salaire. » Aujourd’hui, la trésorerie propre n’est plus. « Vers janvier, février, j'ai commencé à taper dans la réserve. » Le panel des aides - dont le fonds de garantie qui prend en charge 75 % des frais fixes - soutient son restaurant. Steeve fait partie des 74 % d’entreprises qui a demandé à différer d’un an le remboursement du PGE et un amortissement sur cinq ans. « On va empiler pas mal de mauvaises années. Si je me base sur les très bonnes, dont celle avant la crise, cette dette du PGE pèsera sur 50 % de mon résultat pendant cinq ans. Une petite structure comme moi, on a déjà pris deux années très mauvaises, il faudra ensuite rembourser le PGE durant cinq ans, puis deux ou trois ans pour remettre la société aussi belle que ce qu'elle était avant. »