Monaco-Matin

Roger Benoit, la plume de la Formule  depuis… 

Durant sa carrière au service du quotidien Blick, le journalist­e suisse de 72 ans a couvert 762 Grands Prix. Durant des décennies, la plume a noué des relations d’amitié avec les pilotes.

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Au coeur du Media Center ,la salle de presse nichée sur le quai Antoine-Ier, Roger Benoit tranche par son style. Tignasse d’un blanc immaculé, regard d’un bleu perçant, cigare soigneusem­ent rangé dans la poche d’une chemise imprimé tartan.

Dans le microcosme de la Formule 1, le journalist­e du quotidien suisse Blick, 72 printemps au compteur, est une sommité. «Ce gentleman est une véritable légende. Il connaît absolument tout sur le sujet et sur ce qu’il se passe dans le milieu », nous confiait, vendredi, un confrère passé en coup de vent. Au tableau de bord de cette plume aiguisée : 762 Grands Prix couverts depuis 1970. Cette année-là, à 21 piges seulement, c’est pourtant en néophyte de la discipline reine que Roger Benoit débarque sur le circuit de Brands Hacht.

Très vite, le jeune journalist­e de Blick sera confronté à la mort sur l’asphalte. « Au Grand Prix d’Italie à Monza [le 5 septembre

1970, ndlr] où les confidence­s se recueillen­t au bord de la piscine, où se nouer d’amitié avec un pilote – Niki Lauda ou Jackie Stewart – ou encore le grand argentier de la F1, Bernie Ecclestone, ne relève pas de la gageure « Ce n’était pas la même mentalité. C’était moins axé sur l’argent. Maintenant, quand vous faites l’interview d’un pilote, il y a un attaché de presse qui met un dictaphone et vous demande de relire, peste-t-il. Certains disent que c’était mieux avant, ça fait vieux con, je dirais plutôt que c’était différent. »

Sa famille ? La Formule 

Couvrir le cirque ambulant de la F1, à un rythme effréné, aux quatre coins de la planète, ne laisse guère de places pour une vie personnell­e. « Ma famille c’est la Formule 1, confie celui qui n’a ni femme, ni enfants. J’ai eu une femme durant 1 an et 4 jours, soit un jour de plus qu’Ayrton Senna. On en rigolait souvent. Si tu couvres la F1 à 100 %, ce n’est pas possible d’avoir une famille. Ça ne peut pas marcher. Je ne veux pas de stress. »

Face à la dureté du métier, face à ses démons, l’homme a tenté à deux reprises de mettre fin à ses jours. « Niki Lauda m’a dit que j’étais un trou du cul. Il était fâché… »

Il n’a, pourtant, jamais pris sa retraite. « Peut-être qu’un matin, il n’y aura pas de soleil et j’arrêterai ma carrière sur un coup de tête. Comme James Hunt à Monaco en 1979. »

Il parie € sur la victoire de Charles Leclerc

À Monaco, pour couvrir les batailles du rail en territoire urbain, Roger Benoit créchait à l’hôtel Mirabeau puis au Loews (Fairmont). « Pour la F2, je me souviens qu’il fallait se lever à 4 h 30 pour voir l’entraîneme­nt à 5 h 30. À Sainte Dévote, le public était assis sur des murets et les voitures passaient juste en dessous. Il y avait bien moins de sécurité. Je n’ai manqué qu’un Grand Prix ici, parce que j’étais à Indianapol­is. » L’homme se remémore, aussi, ces soirées à parier à la roulette avec Ayrton Senna. Parfois avec succès. Amateur de cigares, le journalist­e a gardé ce côté parieur. « Avant les essais, où il a signé les meilleurs chronos, j’ai parié 30 € sur la victoire de Charles Leclerc. A 26 contre 1 », nous confiait-il, ce vendredi. En 2019, il est le seul pilote qui n’a pas fini la course. Il a toujours joué de malchance ici. » Cette année n’aura pas dérogé à la règle. Pas de chance, non plus, pour Roger Benoit.

Un seul Grand Prix manqué à Monaco”

Roger Benoit, cigare aux lèvres, en train d’interviewe­r Bernie Ecclestone, en présence notamment du pilote James Hunt.

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(DR)

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