Le monastère de Saorge
Le bijou de la Roya, géré par le Centre des monuments nationaux, a rouvert au public. Les visiteurs le découvriront dans sa nouvelle mue, après une vaste restauration.
Onarouvert!» Dans les ruelles de Saorge, Estelle Arnould fait passer le message aux nombreux habitants qu’elle connaît. Après la traditionnelle fermeture hivernale et une période de confinement, le monastère où elle travaille en tant que chargée d’action culturelle, éducative et communication est de nouveau accessible au public. Après s’être offert un sacré bain de jouvence. La restauration, entamée en 2019, touche en effet à sa fin. Et c’est sous un nouveau visage que le site géré par le Centre des monuments nationaux s’offre désormais à voir.
Il faut entrer dans l’enceinte du bâtiment pour l’appréhender tout à fait. Car la façade devra encore attendre pour retrouver de sa superbe. Seuls de lourds travaux d’étanchéité et de construction d’un sol en calades ayant pour l’heure été réalisés.
Mais il suffit de pénétrer dans le cloître pour voir une différence, les lunettes peintes de la galerie nord ayant retrouvé leur état d’origine. « Il s’agit du cycle de la vie de Saint-François. Mais elles avaient vécu toutes les altérations possibles, entre les interventions directes et les aléas du temps », explique Antide Viand, administrateur du Centre des monuments nationaux dans les Alpes-Maritimes. Précisant que les campagnes de restauration d’avant n’avaient pas la même exigence qu’aujourd’hui. « On utilisait du blanc de plomb qui altère. Ces portions-là ont dû être enlevées, et les lacunes ont dû être comblées. On ne voyait plus les visages, ni les inscriptions – en italien, et non en latin – qui ont été restituées. »
Les neuf cadrans solaires à l’intérieur du monastère ont également retrouvé de leur éclat. Eux qui, répartis sur trois faces pour prendre le Soleil tout le long de la journée, datent de 1668, 1760 et 1880.
Dans le choeur des frères, un incroyable travail d’ébénisterie a été mené. En témoigne le blason des Franciscains, présentant les bras du Christ et de Saint-François portant les stigmates.
Dans la sacristie de 1772, toute la voûte et les enduits ont été refaits. « L’objectif serait d’y présenter le mobilier liturgique. L’une des pistes explorées, c’est d’ouvrir les meubles et de mettre les objets en vitrine. Cela permettrait de montrer la collection sans dénaturer la pièce » ,reprend Antide Viand.
Dans le réfectoire, orné de boiseries – pas par ostentation mais pour isoler du froid – des décors peints ont été découverts.
L’un des derniers chantiers à réaliser ? Il est immatériel. « La communauté des Franciscains était ouverte sur la population. On souhaite réécrire l’Histoire et reconstruire ce lien avec les habitants. »