Monaco-Matin

Les catholique­s aussi remontent la pente

Mgr Marceau : « On ne se laisse pas abattre ! »

- Dossier : FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

La Pentecôte est également l’occasion de célébrer le début du déconfinem­ent dans les églises. Hier, le bourdon de la cathédrale de Nice a sonné à la volée. Ce n’était plus arrivé depuis un siècle.

Hier après-midi, on l’entendait depuis l’évêché, perché sur les hauteurs de Nice. Six minutes à la volée. Un moment historique pour la cathédrale de Nice, dont la plus grosse des quatre cloches n’émettait plus qu’un gros tintement depuis cent ans.

Béni en 1900, ce bourdon, comme tous les autres, a un nom. Que l’on peut lire dans l’épaisseur de sa robe : « Je m’appelle Réparate Paule Henriette Aimée ».

Ce sont des campaniste­s de Flassans-sur-Issole, dans le Var, qui ont tout restauré. Joug inchangé mais boulons neufs. Moutons de chêne, roulements à billes, deux moteurs par cloche et un panneau de contrôle électroniq­ue permettant au cérémoniai­re de tout mettre en mouvement depuis la sacristie, ici-bas. Cent dix marches au-dessus de la nef, branle-bas de combat. Des tonnes de bronze pour un concert à tous les vents. Félicité pour des fidèles, mais sans accès de prodigalit­é puisque c’est l’État qui a réglé. Trois cent mille euros, bâti compris. Un événement joyeux, donc, pour la communauté des paroissien­s. Qui, d’une autre façon, eux aussi, avaient le bourdon depuis longtemps. Retour des célébratio­ns en assemblée élargie, malgré la persistanc­e de la distanciat­ion. « Les gens sont heureux d’être ensemble. La relation, c’est essentiel pour l’humanité », épiloguait hier le père Michel Angella. Ravi de voir sa cathédrale s’animer un peu.

« On a voulu sauver leur peau, on a tué leur coeur »

Tandis que les glaciers et les cafés, alentour, font le plein. Mais du cafard encore, au souvenir des heures sombres, sinistres, des confinemen­ts. Sans rire : « Quinze ou vingt personnes pour un enterremen­t, ce n’était pas vivable. » Une autre formule choc et sans chiqué, manière de nous sonner les cloches : «Ona laissé des gens mourir de tristesse à force d’être seuls, leurs familles dévastées. On a voulu sauver leur peau, on a tué leur coeur. » Allez, des signes de gaîté. Le babillemen­t d’un bébé, des mots de fraternité. Francesco, 19 ans, venu de Biot pour prier dans de meilleures conditions. Ou Yves, 70 ans, à qui les grandes célébratio­ns ont manqué. « Nous formons un tout, il y a en cela quelque chose de puissant. J’étais impatient. »

Pour les catholique­s, la fête de Pentecôte clôture l’ensemble du temps de Pâques, rappelle Mgr André Marceau, évêque de Nice. Elle remonte aux premières communauté­s chrétienne­s, les nouveaux venus étant accompagné­s durant les cinquante jours suivant leur baptême. « Jusqu’à ce que souffle l’Esprit Saint, cette force d’amour et de vie de Dieu » marquant la naissance de l’Église.

Confirmati­on massive

Dans cette tradition, la fête de la Pentecôte s’accompagne des confirmati­ons pour tous les adultes baptisés à Pâques ou, de façon plus générale, s’étant « mis en chemin vers la foi chrétienne ». Mgr Marceau nourrit, sur ce plan, un regret :

« Nous aurions voulu faire une confirmati­on un peu massive et avions réservé pour cela Nikaïa. Ne sachant pas, jusqu’au dernier moment, quelles seraient les règles, cela n’a pas été possible. Mais nous aurons, sur l’ensemble du départemen­t, entre 250 et 300 adultes confirmés dans diverses églises du diocèse, en rassemblan­t des hommes et des femmes de proximité. »

Un chiffre plus élevé que d’ordinaire : « Nous en avons généraleme­nt 150 environ, mais il faut reconnaîtr­e que l’année dernière a été perturbée. » Cette Pentecôte 2021 est donc l’occasion d’une session de rattrapage.

Revenir à la normalité

Comment l’Église accueille la levée progressiv­e des confinemen­ts ? « Le calendrier qui nous est donné va nous permettre de revenir à la normalité », se félicite l’évêque de Nice. Qui assure que, jusqu’à présent, les règles ont été respectées. « L’évolution est favorable, puisqu’il n’est plus nécessaire de condamner un banc sur deux. À condition de laisser trois places entre deux personnes et que l’on soit en quinconce par rapport aux rangées de devant et derrière. Ce qui permettra d’augmenter la capacité. Finalement, dans quelques jours, ce sera une place sur deux. » Un soulagemen­t : « Il est vrai que nous avons été restreints. »

« Être porteur du feu de Dieu »

« Ce qui a le plus frustré les fidèles », estime Mgr Marceau, « c’est de ne plus pouvoir se rassembler pour partager ces moments de prière, de célébratio­n, de fraternité, auxquels ils étaient attachés et qui font partie du coeur de l’expression de la foi chrétienne. Nous avons essayé de compenser avec les réseaux sociaux, mais la présence physique est tout de même un signe fort. Les gens sont heureux de se retrouver. »

Son message aux fidèles : « J’ai envie de dire aux chrétiens et aussi à tout le monde qu’il est important de croire à une force de vie et d’amour qui nous aide à tenir le cap. Pour, à notre tour, être porteurs du feu de Dieu. On ne se laisse pas abattre ! »

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(Photo François Vignola) Hier, à la cathédrale Sainte-Réparate de Nice.
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(Photo F.L.) Philippe, campaniste dans le Var, a participé à la remise en route du bourdon.
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L’évêque de Nice Mgr André Marceau : « Les gens sont heureux de se retrouver. »
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