Monaco-Matin

Ce qu’il faut lire entre les lignes

- CHRISTIAN HUAULT chuault@nicematin.fr

Edouard Philippe n’aime pas les idées reçues, les phrases toutes faites et les coups bas. Et ça se sent. Sa plume, à l’image du personnage, se veut donc courtoise et polie, presque trop consensuel­le pour être honnête. Il ne se dégage pas moins de ce livre des certitudes, des envies, des coups de canifs et des coups de coeur. Décryptage entre les lignes.

Sa relation avec Macron : rien dans ce qu’écrit Edouard Philippe ne trahit la nature réelle de sa relation avec le président de la République. Mais si à plusieurs reprises il salue fortement l’action du chef de l’État et s’associe à ses décisions, s’il se félicite de leurs rapports fréquents et courtois, on croit comprendre que sur la fin, l’omniprésen­ce d’un président qui veut aussi gouverner à sa place l’agace un peu…

Se voit-il un jour à l’Elysée ? Edouard Philippe semble avoir pris goût au pouvoir et ne ferme aucune porte. Mais la façon dont il fustige le manque de loyauté en politique ne laisse pas envisager qu’il fasse à Emmanuel Macron le même coup que celui-ci a porté à François Hollande ! Dans ans, en revanche…

S’était-il un jour rêvé en Premier ministre ? Jamais au grand jamais. Sa surprise fut totale lorsqu’Emmanuel Macron l’a sollicité sans jamais lui dire vraiment pourquoi…. Mais Edouard Philippe reconnaît avoir attendu fébrilemen­t le verdict définitif. Et ne s’est jamais posé la question d’un éventuel renoncemen­t :

« Premier ministre, ça ne se refuse pas. Et ceux qui prétendent le contraire sont ceux à qui on ne l’a jamais demandé », s’offusquet-il.

A-t-il choisi de quitter Matignon ? Probableme­nt pas. Mais il a ouvert la porte au Président qui a pris la perche qu’on lui tendait. Le regrette-t-il ? A priori pas non plus. « Le futur maire du Havre sait qu’il va pouvoir passer autre chose », philosophe Edouard Philippe, qui tout au long de son récit parle de lui à la troisième personne. Il n’aime pas : Philippe de Villiers qu’il trouve « cynique » et à qui il reproche son manque de discrétion sur ses échanges personnels avec le président de la République. Les journalist­es, en tout cas ceux des chaînes d’info en continu, dont il laisse clairement entendre qu’ils font et défont les opinions. Dominique de Villepin « jamais croisé » se contente-t-il d’écrire froidement à propos de l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, alors qu’il juge tous ses prédécesse­urs à Matignon

« bienveilla­nts » avec lui.

Il aime : Claude Chirac dont il dit « qu’elle donne le sentiment de tout savoir et surtout de tout comprendre de la politique » et qui lui a donné « dans un moment sensible » le conseil le plus « marquant » de sa présence à Matignon… sans dévoiler lequel. Nicolas Sarkozy dont il salue la perspicaci­té sur la scène internatio­nale. Gérald Darmanin à qui il rend grâce d’avoir insisté pour imposer le prélèvemen­t à la source lorsqu’il était ministre des Comptes publics. Sibeth Ndiaye, aussi, « une femme de valeur et de valeurs, les idées claires et la parole libre » dont il sous-entend qu’elle a été injustemen­t critiquée dans son poste de porte-parole du gouverneme­nt. A-t-il des regrets ? Aucun. Droit dans ses bottes comme son mentor Alain Juppé, il estime avoir, durant ses  jours passés à Matignon, fait son devoir, rien que son devoir, dans le respect des institutio­ns et des Français.

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