En réserve de la République
Qui connaissait Edouard Philippe avant sa nomination à Matignon ? Il avait grandi dans l’ombre des ténors de la droite, notamment de son mentor, Alain Juppé. Et, à ans, le voilà propulsé à la tête du gouvernement par un président de la République de sept ans son cadet. Un basculement de génération à la faveur d’une campagne présidentielle chamboule-tout.
Entre crise des « gilets jaunes » et cafouillages dans les premiers mois de la Covid, le boxeur qu’il est à ses heures perdues aurait pu ressortir K.-O. de ces trois années à Matignon. Mais les épreuves l’ont endurci. Lui ont donné une stature qui peut lui laisser espérer des lendemains qui chantent. Un peu comme Georges Pompidou en lorsqu’il quitta Matignon alors que les relations avec le général de Gaulle s’étaient lentement dégradées. Comme Pompidou, qui ne faisait pas parti des barons du gaullisme lors de sa nomination, Edouard Philippe était une pièce rapportée dans la sphère macroniste. Il avait fait la campagne de la présidentielle au côté de Juppé puis, après la primaire, derrière Fillon, quittant le navire en perdition début mars . Sa désignation comme Premier ministre formalisera le divorce d’avec Les Républicains. On ne refait pas l’histoire mais à LR, on doit rétrospectivement regretter d’avoir laissé échapper une personnalité de ce calibre, à l’heure où le parti se cherche toujours un leader pour . Edouard Philippe se retrouve aujourd’hui en réserve de la République, prêt à entrer en scène si Emmanuel Macron s’effondrait avant la présidentielle ou, plus sûrement, attendant l’après. Rejoindra-t-il le cortège de ces anciens Premiers ministres, comme Alain Juppé, qui n’ont jamais pu conquérir la magistrature suprême ? Ou comme Pompidou verra-t-il un jour l’horizon se dégager ? Dans un paysage politique et une société qui n’ont plus rien à voir avec celle d’il y a cinquante ans, bien malin qui pourrait aujourd’hui le dire.
« A LR, on doit rétrospectivement regretter d’avoir laissé échapper une personnalité de ce calibre. »