Monaco-Matin

Muselier triomphe avecune confortabl­e avance

Faisant une nouvelle fois mentir les sondages, le président sortant a très largement remporté le second tour face au frontiste Thierry Mariani. Ce dernier a reconnu sa défaite avec aigreur.

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Plus qu’un revers, pire qu’une défaite, c’est un véritable camouflet qu’a reçu Thierry Mariani au soir de ce second tour. Le candidat du Rassemblem­ent national, donné gagnant ou au coude-à-coude par tous les sondages depuis plusieurs semaines, est battu avec 13 points d’écart par le président sortant.

À l’issue d’un scrutin de nouveau marqué par une abstention record (62,48 %), Renaud Muselier arrive en tête avec 56,48 % des voix, loin devant son adversaire frontiste (43,52 %). Thierry Mariani fait moins bien que Marion MaréchalLe Pen en 2015. La petite-fille du fondateur du FN avait abandonné la Région à Christian Estrosi en obtenant 45,22 % des suffrages. Sur le papier, cette seconde manche semblait pliée depuis l’annonce du retrait de Jean-Laurent Félizia, tête de liste du Rassemblem­ent écologique et social, consenti à contrecoeu­r et sous la pression lundi après-midi. Ce forfait apportait à Renaud Muselier une réserve de voix décisive.

La stratégie de Muselier confortée

Une addition arithmétiq­ue des votes de la gauche et de la droite républicai­ne promettait au candidat LR un score théorique de 59 % ! Le RN, en récupérant les partisans de Noël Chuisano (DLF) et de Valérie Laupies (Zou ! La liste qui vous débarrasse du système), plafonnait à 41 %.

La réalité, comme toujours, a été plus nuancée. Près de la moitié des électeurs de gauche ont préféré faire l’urne buissonniè­re plutôt que de glisser un bulletin Muselier dans l’enveloppe. Ce résultat conforte toutefois la stratégie d’ouverture voulue par le candidat LR et, en coulisses, par sa tête de liste dans les Alpes-Maritimes, Christian Estrosi. Défait, le médecin marseillai­s aurait porté seul le poids de l’échec. Vainqueur, il devient le héros – et, en quelque sorte, le héraut – de sa formation politique. Président de la seule région réellement menacée par le RN, Renaud Muselier a su résister à la vague Bleu Marine.

Quelles conséquenc­es ?

Comme le maire de Nice en 2015, il sait que ce succès n’aurait pas été possible sans la mobilisati­on d’un front républicai­n qu’on prétendait moribond. Saura-t-il s’en souvenir mieux que son prédécesse­ur ? Ses premières déclaratio­ns, hier soir, peuvent le laisser penser (1).

Il sera temps, dans les prochains jours, de mesurer les conséquenc­es de son triomphe sur son propre parti. Même si Éric Ciotti a salué hier soir cette « magnifique victoire de [la] famille LR », même s’il a enfin consenti jeudi à soutenir Muselier, le feu roulant de critiques que le député azuréen a alimenté pendant des semaines laissera sans doute des traces. C’est la seconde fois que Thierry Mariani échoue aux portes de la Région. En 2010, il portait les couleurs de l’UMP. Son parcours au sein du parti de Jacques Chirac, qu’il n’a quitté pour le RN qu’en 2019, a longtemps été présenté comme un atout. Moins clivant que Marion Maréchal-Le Pen, il se décrivait comme le représenta­nt dela« vraie droite », celle de Charles Pasqua et Philippe Séguin.

Mariani : « Une défaite pour la démocratie »

Les prises de position des ténors de LR cette semaine – François Baroin, Gérard Larcher, Christian Jacob – et, surtout, celle de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, ont probableme­nt pesé dans la balance. De nombreux observateu­rs ont noté que Thierry Mariani ne semblait plus vraiment y croire. Jeudi, son dernier meeting à Fréjus ressemblai­t à un chant du cygne. Hier soir, même s’il a reconnu «sa part de responsabi­lité », il a affirmé que ce résultat était « une défaite pour la démocratie », jugeant que la légitimité du président élu était entachée par « l’abstention massive ». Un discours convenu, attendu même, qui trahissait beaucoup d’aigreur, mais assurément peu de surprise.

1. Renaud Muselier a notamment salué Jean-Laurent Félizia et Jean-Marc Governator­i, tête de liste de L’Écologie au centre, qui lui a apporté son soutien.

 ?? (Photo Laurent Martinat) ?? Sévèrement critiqué jusqu’au sein de sa famille politique, Renaud Muselier a apporté hier soir la preuve du bien-fondé de sa stratégie d’ouverture au centre.
(Photo Laurent Martinat) Sévèrement critiqué jusqu’au sein de sa famille politique, Renaud Muselier a apporté hier soir la preuve du bien-fondé de sa stratégie d’ouverture au centre.
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