Ce qu’il faut retenir de ce second tour
L’abstention premier parti de France, les présidents sortants confortés, la sortie de route du RN, le vieux monde qui fait la nique au nouveau et le front républicain, une rengaine qui marche toujours.
L'abstention reine
Rien n'y fait ou presque. Ni les appels au vote de la classe politique durant l'entre-deux-tours ni le temps maussade sur une bonne partie de la métropole. La participation, en très léger rebond par rapport au premier tour, affiche toujours pour cette deuxième manche des chiffres vertigineusement bas. L'abstention atteint 66 % (contre 66,7 % au premier tour), selon les estimations de plusieurs instituts de sondage. En 2015, elle culminait à 41,59 % au second tour...
Pas de sursaut, hormis en Paca [lire par ailleurs]. « L’absence de remobilisation au second tour est vraiment surprenante. C’est même un phénomène sans précédent dans la vie politique française», juge le politologue Jérôme Sainte-Marie.
Selon un sondage Ipsos/Sopra-Steria réalisé hier, ceux qui ont boudé les urnes l'ont fait majoritairement pour exprimer leur mécontentement à l'égard du personnel politique (27 %). Ils confient aussi leur désintérêt pour les candidats (23 %) ou avouent avoir la tête ailleurs (20 %).
Barons qui rient
La participation quasi stable entre les deux tours et les mises en garde sur les risques d'une démobilisation de leur électorat auront beaucoup fait pour assurer leurs succès annoncés. Les présidents sortants candidats à leur réélection rempilent tous ou presque (le sort de la Bretagne n'est pas tranché). Barons de gauche comme de droite peuvent sourire.
Après avoir largement viré en tête au premier tour, Carole Delga confirme en Occitanie tandis qu'Alain Rousset, qui a pris la tête de l'hôtel de région à Bordeaux en 1998, enchaîne sur un cinquième mandat en Nouvelle-Aquitaine. A droite c'est carton plein. Archi-favori, Laurent Wauquiez a écrasé la concurrence RN et la gauche en AuvergneRhône-Alpes. Elu grâce à un front républicain en 2015, Xavier Bertrand a donné seul une leçon au RN Sébastien Chenu et à l'écologiste Karima Delli. En Île-de-France, élue ric-rac il y a six ans, Valérie Pécresse laisse l'union à gauche à plus de dix points. [lire les détails en page suivante]
La déconfiture du RN
Marine Le Pen avait grondé ses électeurs au soir d'un premier tour décevant, coupable à ses yeux de ne pas s'être déplacés pour voter. La colère froide de la présidente du RN n'aura eu aucun effet. Le RN, qui avait nourri de sérieux espoirs de gagner au moins la région Paca, ressort bredouille du scrutin. Loin des projections des sondages pendant la campagne. Pis, les scores des différents candidats du parti d'extrême droite vont se traduire par un recul de la présence RN dans les exécutifs régionaux. Il y a un an, à l'issue des municipales, le parti de Marine Le Pen avait déjà perdu 44 % de ses conseillers. Deux revers inquiétants pour la présidente du RN à moins d'un an de la présidentielle.
La résistance du vieux monde
Éparpillées façon puzzle dès le premier tour, les listes LREM-Modem n'ont pas fait mieux hier [lire également ci-dessous]. Selon les sondages, elles ne totalisent que 7% des suffrages au niveau national, loin derrière la droite, la gauche et les écologistes et le RN. La majorité présidentielle fera cependant son entrée dans des exécutifs régionaux. Désorientés, et parfois en perdition au niveau national, LR et la gauche emmenée par le PS confirment que les exécutifs locaux sont toujours de solides bastions.
Le front républicain marche toujours
Son bien-fondé ou son utilité ont été questionnés lors de la campagne. Jusque dans le cercle proche du chef de l'Etat ou à gauche. Mais le front républicain face au RN continue de fonctionner. En Paca, Renaud Muselier arrivé deuxième au premier tour, a largement battu Thierry Mariani en s'appuyant sur le soutien de la gauche qui a choisi de se retirer.