Anticancéreux périmé : deux dirigeants de labos devant la justice
Près de 100 000 flacons d’un anticancéreux périmé administrés à de nombreux patients, dont des enfants : deux dirigeants de laboratoires sont jugés à partir d’aujourd’hui à Paris.
Ils sont poursuivis pour « nonrespect des bonnes pratiques de fabrication », « commercialisation sans autorisation de mise sur le marché » et « tromperie sur la quantité en principe actif d’une marchandise ».
Il s’agit d’Alain Bouaziz, 67 ans, président du laboratoire Alkopharm, et de Valéry Monin, 57 ans, dirigeant de Genopharm, deux entreprises appartenant au holding Pharminvest-Patrimonial. L’accusation leur reproche d’avoir écoulé l’anticancéreux Thiotépa (fabriqué par le laboratoire allemand Riemser) sans s’assurer de sa conformité, faisant ainsi peser « un risque grave pour la santé publique ». Les peines encourues vont jusqu’à deux ans de prison par infraction. Le scandale du Thiotépa, utilisé dans la lutte contre les cancers de l’ovaire, de la vessie et du sein, mais également contre certains cancers de l’enfant, a éclaté en mars 2011 quand le fabricant allemand du produit a averti les autorités sanitaires que des flacons périmés circulaient sur le marché.
Des analyses ultérieures de l’Agence française du médicament ont également relevé qu’ils ne contenaient « plus la dose de principe actif exigée ».
Selon les experts judiciaires, la perte de principe actif serait due « à la lente sublimation au cours du temps » de la poudre lyophilisée de Thiotépa. Au total, 96 829 flacons non conformes ont été distribués, principalement en France, entre février 2007 et septembre 2011.