Nouveau départ
Les Bleus affrontent, ce soir, la Suisse, à Bucarest, en huitième de finale. Il va falloir hausser le ton pour retrouver l’Espagne ou la Croatie en quart.
De Budapest à Bucarest, rien n’a vraiment changé. Un peu plus à l’est de l’Europe, le fond de l’air est toujours aussi moite, les Bleus toujours cloîtrés dans leur hôtel et Didier Deschamps toujours à la recherche de son onze idéal. A l’heure d’entamer un nouveau tournoi - selon la formule consacrée -, le sélectionneur aurait préféré, comme en Russie, il y a trois ans, se poser moins de questions au moment de choisir les joueurs qui débuteront ce huitième de finale contre la Suisse. Après un premier tour traversé à l’étouffée, qui a vu les Bleus perdre Dembélé, Koundé, Digne et Thuram, « DD » n’a pas eu la possibilité de se fixer dans un schéma tactique préférentiel ou le flair de trouver celui idoine pour la suite. Il en a utilisé trois en trois matchs, ce qui en dit long sur la capacité d’adaptation de ses hommes mais aussi beaucoup sur l’incapacité à établir le plan de jeu idéal pour Benzema, Griezmann et Mbappé.
Car, tout dépend d’eux. Deschamps en a fait les éléments centraux de son animation offensive. Si entre le Parisien et le Madrilène, la connexion semble établie, elle reste sur courant alternatif avec le Barcelonais, qui court beaucoup, sans doute trop par moments, comme l’avait gentiment relevé Didier Deschamps avant le match contre le Portugal. « Grizou » a entendu le conseil, mais il ne l’a pas appliqué, ne comptant pas ses efforts, comme toujours, ce qui lui a fait perdre de son influence et de sa lucidité à l’approche du but adverse. Jusque-là, le jeu des Bleus repose en grande partie sur les inspirations géniales de Pogba, qui ne pourra pas inventer des passes lumineuses à chaque match.
De son côté, Rabiot, lui, ne deviendra pas du jour au lendemain un arrière gauche de haut-niveau et, peut-être, encore moins un piston gauche, ce que Deschamps a essayé à deux jours de ce « derby » face à la Suisse, avec un 3-4-3 tenté à l’automne mais vite oublié.
Avec ou sans Hernandez ?
Tout, ou presque, dépendra du genou de Lucas Hernandez que Deschamps a annoncé comme apte pour ce premier match au couteau. Mais dans quel état sera-t-il ce matin ? Peut-il débuter un match d’un tel niveau ? C’est la grande question du moment et le nom de son éventuel successeur à gauche tout sauf évident.
De par son énergie, son caractère et son sens du sacrifice - des notions essentielles au sein de ce groupe -, Hernandez présente un profil unique.
Contre le Portugal, Rabiot a joué les bouche-trous. Cela a fonctionné une fois. La deuxième sera celle de trop ? On peut le craindre, ou pas.
Du côté suisse, le schéma tactique est le même depuis près de trois ans. L’ambition, elle, ne bouge pas depuis des lustres, à savoir remporter, enfin, un match à élimination directe lors d’un grand tournoi. La Nati n’y est plus parvenue depuis 1938. Son rêve de quart passe par un exploit face au « rival » français, champion du monde en titre et toujours favori de cet Euro, malgré trois premiers matchs inégaux.
« Les impressions du premier tour... Regardez l’Italie, ça n’a pas été simple contre l’Autriche », a recadré Didier Deschamps, hier en direct de Bucarest, où la pluie s’est invitée en fin de journée avant le basculement vers le nouveau monde.