Monaco-Matin

Lifting géant pour l’île varoise de Bendor

Acquise par Paul Ricard en 1950, l’île s’était depuis quelque peu endormie. Soixante-dix ans plus tard, ses héritiers sont bien décidés à la faire renaître. Les détails d’un projet ambitieux.

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Les amoureux de Bendor, petite île située à portée de ricochets de Bandol, vont devoir prendre leur mal en patience. À partir du 1er novembre prochain, ce « confetti », mis en valeur par Paul Ricard, sera fermé au public. Et ne rouvrira pas, en principe, avant… 2026 ! Quelque cinq années d’isolement, c’est le temps jugé nécessaire pour mener à bien un projet ambitieux visant à faire renaître ce qui, il y a 70 ans, n’était qu’un rocher parmi d’autres, émergeant de la Grande Bleue. On l’aura bien compris : l’idée n’est pas juste de rafraîchir l’île imaginée par Paul Ricard. Le rêve d’une vie. Mais bel et bien d’insuffler une nouvelle énergie à la belle endormie. « La famille Ricard est très attachée à Bendor. Elle s’y retrouve régulièrem­ent. Y célèbre les mariages de ses membres. Cela fait presque deux ans qu’on réfléchit à un projet digne de l’amour qu’on porte à ce joyau. Sans renier pour autant l’héritage légué par Paul Ricard », confie Marc De Jouffroy, arrièrepet­it-fils du « roi du pastis ».

Millions d’euros d’investisse­ments

À 36 ans, Marc De Jouffroy, qui a rejoint le directoire de la société Paul Ricard voici deux ans, passe désormais beaucoup de temps sur l’île afin de peaufiner le projet auquel la famille entend consacrer plusieurs dizaines de millions d’euros ! Ce chiffre peut faire naître quelques inquiétude­s. Que les gens se rassurent : « L’identité, l’âme de Bendor seront respectées », insiste le jeune héritier. Et d’ajouter : « L’île a beau nous appartenir, on ne peut pas y faire n’importe quoi. On doit respecter le plan local d’urbanisme, la loi Littoral et tout un tas d’autres réglementa­tions. Et même prendre en compte le risque de submersion ».

Ces contrainte­s, Marc De Jouffroy et la famille Ricard les ont intégrées très tôt. Pour concevoir le projet de renaissanc­e de Bendor, des bureaux d’études spécialisé­s dans les questions architectu­rales et environnem­entales, ainsi que des paysagiste­s, ont été intégrés très tôt. « Le projet que nous voulons pour Bendor n’a pas vocation à transforme­r l’île architectu­ralement. Il y a matière à optimiser le bâti existant sans renier l’héritage et le patrimoine, dont on est très fier », explique Marc De Jouffroy.

S’il est encore trop tôt pour rendre publiques les traditionn­elles vues d’artiste – « et puis il est important d’entretenir un peu le mystère » –, l’arrière-petit-fils distille quelques éléments. « Certains établissem­ents, trop imposants, vont être allégés, rhabillés. On veut aussi que l’île soit plus verte, plus naturelle ». Parmi les nouveautés, une place de village provençal va être créée au centre de Bendor, faisant le lien entre l’est et l’ouest de l’île.

Une offre de bien-être avec salle de sport, spa va également être développée. Quant aux familles, elles ne seront pas oubliées, avec une attention particuliè­re apportée aux activités dédiées aux enfants et leur encadremen­t. « On a l’ambition de faire de Bendor, et des îles Paul Ricard en général, une destinatio­n à part entière », confie Marc De Jouffroy.

La fréquentat­ion sous contrôle

Ne craint-il pas une surfréquen­tation ? « Aucun risque, puisque la ligne maritime qui dessert l’île est contrôlée par la société Paul Ricard. On sait l’écosystème des îles fragiles. S’il le faut, on fixera une jauge. À titre expériment­al, on va d’ailleurs en appliquer une sur l’île des Embiez dès cet été ». La régulation ne se fera pas en tout cas par l’argent. Quand bien même les hôtels de l’île vont monter en gamme. La famille Ricard s’y refuse. Fidèle à l’idée du patriarche Paul, qui avait la conviction que la conviviali­té passe par « le métissage », non seulement des nationalit­és et cultures qui y sont associées, mais des métiers, des classes sociales…

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Pendant près de cinq ans, à partir de l’automne prochain, plus aucun touriste ne pourra se rendre sur l’île de Bendor, promise à une profonde cure de jouvence.
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(Photos Laurent Martinat) Marc De Jouffroy, arrière-petit-fils de Paul Ricard, a l’ambition de faire renaître ce confetti méditerran­éen, sans rien enlever de l’esprit de son aïeul.

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