1972 - Munich. Jean-Charles Seneca : « J’ai failli tomber sur les terroristes »
Munich, 1972. Des olympiades à jamais marquées par le sang et l’horreur. La nuit du 5 septembre, des terroristes de Septembre Noir prennent en otage des membres de l’équipe olympique d’Israël, après s’être introduits dans le village olympique. Funeste bilan : onze athlètes et un policier ouest-allemand sont assassinés.
« C’était très stressant. Pendant la prise d’otages, de temps à autre, on apercevait en biais les preneurs d’otages, se souvient Jean-Charles Seneca, escrimeur, alors âgé de 27 ans, et porte-drapeau de la délégation monégasque. Je me souviens aussi qu’à quinze minutes près, j’aurais pu tomber sur les terroristes car je rentrais à mon pavillon. Après la mort des athlètes israéliens, on a fait une grande manifestation olympique. » Difficile, dans ce contexte sanglant, de se concentrer sur le volet sportif.
« Out » au second tour
Pour ses premiers Jeux Olympiques, le Monégasque entre en lice avec, comme récent fait d’armes, une finale perdue au Challenge Martini. « J’ai passé le premier tour des qualifications et j’ai perdu au second. Ce n’est pas une excuse mais j’aurais dû le passer facilement, souffle-t-il. On avait un arbitre chilien âgé, peu compétent, qui a commis des erreurs. Sur ma piste, il y a aussi eu des pannes électriques. On a insisté pour changer. En vain. J’ai dû mettre des touches supplémentaires pour battre le champion d’Allemagne puis, à une touche près, j’ai été éliminé par le champion de France. » Sentiment amer pour l’épéiste monégasque qui préfère garder en mémoire « le soutien du couple princier » et « l’organisation parfaite ». Qualifié pour les Jeux Olympiques suivants, à Montréal, Jean-Charles Seneca fera une croix dessus.
« Avec mon travail, je ne pouvais pas me permettre de partir un mois, au risque de ne pas être indemnisé. Un médecin m’a diagnostiqué un souffle au coeur. J’avais une bonne excuse. »