Fabienne Pasetti, la tireuse aux six olympiades
Séoul, 1988. Barcelone, 1992. Atlanta, 1996. Sydney, 2000. Sans oublier Athènes, en 2004, puis Pékin, en 2008. À elle seule, la Monégasque Fabienne Pasetti, spécialiste du tir à 10 mètres, comptabilise six participations aux Jeux Olympiques. Record à battre. Cette constance sur deux décennies n’est pas le fruit du hasard. Pour espérer décrocher son billet, seul le travail compte. « J’ai le souvenir d’énormes charges d’entraînement. Au début, je devais jongler avec mon travail puis j’ai été détachée à plein temps, se souvient celle qui, depuis 2008, est devenue entraîneuse. Les Jeux Olympiques, c’est un aboutissement, une construction. On les prépare pendant quatre années avec des matchs internationaux, des Coupes du monde, un championnat d’Europe. C’est un puzzle qu’on monte. Il n’y a pas plus grande fierté que d’y être et de représenter son pays, Monaco. »
Lever à 4 h 30 pour un tir à... 8 h 30
Des Jeux, quelle que soit l’année, Fabienne Pasetti en garde un sentiment que l’on pourrait résumer de la sorte : « deux salles, deux ambiances ».
D’un côté, le village olympique et sa logistique démentielle, « à l’échelle d’un État », ses athlètes issus de toutes les disciplines, de tous les pays et ses scènes surréalistes. « Quelle que soit l’heure où vous sortiez de votre immeuble, les Kenyans et les Éthiopiens courraient. Ils ont une foulée très silencieuse. Un jour, en sortant, j’ai vu un type pensant sortir tranquille – car il n’y a pas de voitures – mettre un pied sur la route sans regarder à droite et à gauche, et se faire percuter par le peloton. (Rires) »
De l’autre, donc, le microcosme du tir : «des gens qu’on fréquente toute l’année, une cible noire et blanche, notre repère des dix mètres, la lumière constante. On prend tout de suite nos repères. »
En six olympiades, le rituel précédant le tir n’a pas bougé d’un iota : lever à 4 h 30 pour un tir à… 8 h 30.
« J’ai un réveil physiologique de quatre heures. Sans cela, l’oeil ne voit pas. Le tireur ne doit rien changer, il est très rituel que ce soit pour le coucher, le lever, la nourriture, le temps d’entraînement, les déplacements. C’est une discipline très usante mentalement, car c’est un sport immobile. Et le corps, à l’origine, n’est pas fait pour cela. Une bascule d’un centimètre et cela change tout votre tir. »
Ventre mou du classement
À chaque olympiade, armée de sa carabine à air comprimé, pesant plus de 5 kg à la balance, Fabienne Pasetti achèvera la compétition en milieu du classement. Sans briller, mais sans être hors du coup non plus.
« Le tir, c’est compliqué. Pendant des décennies, il y a eu des nations très fortes. Depuis quelque temps, des nations émergentes font des performances extraordinaires », souligne celle qui s’est forgé de solides amitiés, au gré d’années de pratiques à Monaco, en Allemagne ou en Italie. « Valentina Turisini, une copine italienne, a eu la médaille d’argent à Athènes. Et l’un de mes meilleurs amis, Abhinav Bindra a été champion olympique à Pékin en 2008. Il a été reçu à New Delhi par plus de 5 000 personnes et a reçu des milliers de demandes en mariage », conclut-elle, dans un sourire.