Monaco-Matin

Gérard Jugnot « IL A FALLU QUE JE ME BATTE »

Tournée varoise d’avant-premières avec Pourris Gâtés. Filmée entre Marseille et Monaco, la comédie utilise les rapports parents-enfants comme carburant et ravive des souvenirs pour l’acteur...

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Les attaches varoises – et plus particuliè­rement hyéroises – de Gérard Jugnot ont largement favorisé le départemen­t lorsqu’il a fallu mettre sur pied cette mini-tournée d’avant-premières de Pourris gâtés. Résultat, six dates sur neuf entre Saint-Raphaël et Six-Fours, programmée­s ces derniers jours. Et des salles qui affichent « complet » pour cette comédie familiale, signée Nicolas Cuche. Le pitch ? Les mésaventur­es (et déconvenue­s...) de trois grands as oisifs, nés une cuillère en argent dans la bouche, qui vont passer des ors de Monaco à « l’exil » marseillai­s sans le sou, à la suite d’un stratagème de leur père pour les faire... « travailler » ! Sauf que le mauvais tour va se retourner contre lui... Rencontre avec MM. Jugnot et Cuche, très en verves au lendemain de la projection maximoise fort bien reçue, dimanche soir.

Compliqué de persuader Stéphane Bern d’ironiser en voix off sur Monaco en ouverture du film ?

Nicolas Cuche : Pas du tout ! Je l’ai appelé et cela s’est fait avec une grande simplicité. Il assume et a même rajouté quelques petites vannes. Et le tout sans vouloir être payé !

Le film force le trait sur des choses symptomati­ques de l’époque. Mais ne serions-nous pas tous ‘‘pourris gâtés’’ ?

Gérard Jugnot : Il est sûr que si toute la planète devait vivre comme l’Occident... Un jour il va bien falloir se serrer la ceinture. Comme disait Smaïn, ‘’Au début je me serrais la ceinture, maintenant

c’est la ceinture qui me serre’’ ! (rire) Ceci dit il n’y a pas que les gens riches qui ont des ‘‘problèmes’’ de pourris gâtés. Dans toutes les classes sociales on pourrit ses enfants... C’est le problème des sociétés qui privilégie­nt l’avoir sur l’être. Il y a une fascinatio­n pour l’argent facile.

Quel a été le degré d’ingérence du ‘‘Jugnot réalisateu­r’’ dans votre film ?

N. C. : Il avait une acuité de ce qui se passait sur le plateau et s’il me donnait un coup de main c’était toujours très délicat et sans le montrer.

G. J. : Disons que quand un acteur faisait le zouave, j’essayais d’être solidaire pour que ça tourne rond. J’ai fait douze films et je sais à quel point c’est chiant si un mec vous casse les c... en ramenant sa science. J’essayais donc avant tout d’être à l’écoute et ouvert à la discussion.

Avez-vous souffert de l’absence du père, sujet central du film et problème familial récurrent ?

G. J. : Moi, j’ai souffert de la présence du père ! (rire) Il était inquiet pour mon avenir et il a fallu que je me batte pour qu’il accepte mon aventure artistique. Il était assez proche de mon personnage, sans la réussite sociale, puisqu’il était juste directeur d’une petite entreprise dans le bâtiment.

N. C. : Avec ce film, je voulais parler du rapport à l’éducation, la transmissi­on des valeurs, d’une manière légère et divertissa­nte tout en gardant du fond.

Gérard, pourquoi vous définir comme un ‘‘papa chiant’’ jadis avec Arthur ?

G. J. : De mon point de vue, c’est la culpabilit­é d’avoir quitté sa mère [la costumière Cécile

Magnan, ndlr] quand il avait cinq ans. Après tout ça se tasse. Lui-même est papa à présent. Il a une passion, trois théâtres ; il joue, met en scène, bosse comme un fou. N’a jamais été dans les conneries de drogues et d’alcool. Je suis très heureux de sa vie actuelle.

Autre ‘‘fils de...’’ mais qui joue dans le film, Tom Leeb, une vraie découverte ?

N. C. : Il est impression­nant. Il a quelque chose d’américain dans la multiplici­té des talents. Quand il chante c’est à tomber par terre, il prend une guitare et c’est incroyable, il a failli être pro en tennis, il a un don pour les accents [il joue un séducteur argentin, ndlr], il est beau. En plus, il est intelligen­t, sympa et il a de l’humour !

G. J. : Bon après le problème, c’est qu’il a un micro-pénis... (rire) Non, je rigole ! C’est rare les jeunes premiers qui osent se moquer d’eux-mêmes. C’est ce qui a réussi à Thierry Lhermitte qui était bien meilleur quand il jouait les couillons que les beaux gosses.

La fin des avant-premières ce soir sonne-t-il les vacances dans votre fief varois ?

G. J. : Oui mais en vérité je ne tiens pas en place, j’ai donc accepté quelques gentilles propositio­ns. Je reprends à Bruxelles mon rôle de Monsieur Kitrish dans le Ducobu  .Enaoût, je fais aussi un caméo dans

Jumeaux mais pas trop avec Ahmed Sylla. L’histoire de jumeaux nés sous X qui se retrouvent, mais l’un est blanc et l’autre est noir. A la rentrée, TF doit diffuser Une

affaire française, inspirée de l’histoire du petit Grégory [il joue

l’avocat des Villemin, ndlr] et puis en , j’aurai la promo de mon film tourné à La réunion Le Petit

Piaf qui s’annonce bien puisque nous avons eu le Prix du Public au festival de la Baule cet été. Nous avons aussi fait la captation de la pièce inédite Le Jour du Kiwi avec mon fils Arthur pour C. Et j’ai bien peur que l’on ne doive la rejouer tellement elle plaît ! Enfin, il y a le scénario que je suis en train d’écrire, que j’espère tourner au printemps... J’ai l’impression que les affaires reprennent !

«Iln’yapasque les riches. Dans toutes les classes sociales on pourrit ses enfants »

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