Monaco-Matin

Pass gonflée à bloc

La contestati­on continue d’enfler dans tout le pays

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Dans tout l’Hexagone, et au-delà (3 500 personnes selon les autorités, 5 000 selon les organisate­urs, ont manifesté à La Réunion, sous confinemen­t partiel), la mobilisati­on contre l’extension du pass sanitaire dès demain et la vaccinatio­n obligatoir­e pour les soignants a de nouveau progressé hier, pour le quatrième week-end consécutif.

Quelque 237 000 personnes ont défilé selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, contestés par les manifestan­ts. Un niveau encore jamais atteint depuis le début de la mobilisati­on. C’est 33 000 de plus que la semaine dernière, et plus du double du premier samedi d’action : le 17 juillet, les autorités avaient recensé 114 000 protestata­ires. Une progressio­n d’autant plus impression­nante qu’elle a lieu au plein coeur de l’été, d’ordinaire peu propice à une forte mobilisati­on.

Le Sud-Est à nouveau en pointe de la mobilisati­on

Comme la semaine dernière, l’affluence la plus forte était dans le Sud-Est où au moins 47 000 personnes, selon la police, ont défilé. Record absolu à Toulon, avec plus de 19 000 participan­ts (contre au moins 13 000 la semaine dernière, toujours selon les autorités lire cidessous), soit davantage qu’à Paris (au moins 17 000, contre au moins 14 000 la dernière fois) ; au moins 10 000, donc, à Nice (contre 6 500, selon la police, le samedi précédent) ; au moins 8 000 à Montpellie­r – l’une des rares villes où cela aurait baissé : ils étaient au moins 10 000 il y a huit jours), et au moins 6 000 à Marseille (au moins 4 800 le 31 juillet).

Peu d’incidents ont été constatés, avec seulement 35 interpella­tions et sept blessés légers parmi les forces de l’ordre, sur un total de 198 rassemblem­ents. En fin d’après-midi, quatre personnes avaient été placées en garde à vue à Paris, selon le parquet. Pompiers en tenue, soignants en blouse, « gilets jaunes » ou électeurs

À Paris, les manifestan­ts se sont entre autres rassemblés devant l’hôtel de Ville.

d’extrême droite… Encore une fois, c’est une foule très hétérogène qui a défilé tout l’après-midi, les cortèges mêlant anti-vaccins et pro-vaccins opposés à la généralisa­tion du pass sanitaire. Certains battaient le pavé avec leurs enfants et, parfois, pour la toute première fois.

« Macron, ton pass, on n’en veut pas », « Macron, ta gueule, on n’en veut plus » : comme à Paris, des slogans et pancartes hostiles au président de la République étaient souvent présents dans les défilés. Dans la capitale, plusieurs milliers de manifestan­ts ont d’ailleurs participé à un second rassemblem­ent à l’appel de Florian Philippot, ancien numéro 2 du FN (devenu RN) et président des Patriotes, qui a appelé à «dégager intégralem­ent » le gouverneme­nt.

« Les prolos peuvent prendre le métro mais pas un café »

Mais au-delà de la détestatio­n du chef de l’État et de sa politique, c’est surtout l’imposition du pass, une « obligation vaccinale déguisée » à leurs yeux, qui semble fédérer les manifestan­ts. Ils sont nombreux à considérer cette contrainte disproport­ionnée, et s’inquiètent notamment qu’un employeur puisse suspendre le contrat de travail d’un employé dépourvu de pass en règle.

« Je ne suis pas vaccinée et ne compte pas l’être. Si on veut m’obliger, je perdrai mon travail », assurait ainsi une manifestan­te marseillai­se, Céline Polo, secrétaire de direction. « J’ai des soucis de santé qui font que je ne peux pas concevoir que des personnes étrangères à ma santé puissent décider pour moi. » Toujours à Marseille, Geneviève Zamponi, éducatrice spécialisé­e à la retraite et favorable à la vaccinatio­n, disait juger le pass « vexatoire et discrimina­toire » : « Les prolos peuvent prendre le métro ou le RER sans pass, mais ils n’auront pas le droit d’aller boire un café, c’est illogique. »

À Bordeaux, Gaëlle Faure, 23 ans, infirmière au CHU et non vaccinée, protestait contre l’obligation vaccinale des soignants : « Il y a quelques mois à l’hôpital, on me disait que je pouvais venir travailler si j’étais positive et aujourd’hui on m’explique que si je ne suis pas vaccinée, je suis un danger pour les patients, je trouve ça scandaleux ! »

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(Photo AFP)

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