À Sanary, retrouvailles estivales àla«ruedelaBière»
Ils sont français, belges ou néerlandais, et année après année, ils ne rateraient pour rien au monde leurs vacances au « Mas de Pierredon », environnés d’amis qui sont devenus une deuxième famille.
Àplus d’un millier de kilomètres des institutions bruxelloises, l’Europe, celles de l’amitié entre les peuples, se construit aussi dans les faubourgs… de Sanary. « Rue de la Bière », nom donné à une allée presque privatisée du camping « Mas de Pierredon », cinq familles françaises, belge et néerlandaise se retrouvent ainsi chaque été pour quatre semaines de vacances joyeuses. Cela fait des années que ça dure, et ce n’est visiblement pas près de changer.
« À peine les vacances terminées, on cale nos dates tous ensemble pour être sûrs de nous retrouver ici l’été suivant, de mi-juillet à mi-août », racontent tout sourire Arnaud et Patricia, des Ch’tis originaires d’Arras qui, avec leurs trois filles, affichent déjà 17 ans de fidélité à cette « famille » internationale qu’ils se sont choisie.
De génération en génération
Tous les soirs pendant un mois, sur les coups de 18 heures, l’allée devient le théâtre d’un « borrelen ». Un « apéro géant », traduit Angela, l’une des Néerlandaises de la petite communauté. C’est son grandpère (aujourd’hui disparu) qui a initié la « migration estivale » de la tribu sur la côte varoise. Han, son père, nommé « maire » de la rue de la Bière, a pris le relais tout naturellement. Et Angela, sa petite dernière dans les bras, perpétue la tradition familiale. Et ce n’est pas la pandémie qui l’en empêchera. Malgré la crise sanitaire, elle était au rendez-vous l’été dernier. « C’est la famille, ici », balaie-t-elle. L’expression n’est pas galvaudée. Patricia le confirme : « Tout au long de l’année, on se donne des nouvelles grâce à un groupe WhatsApp. Et on se voit même de temps en temps chez les uns, chez les autres. Pour les anniversaires, par exemple. »
La petite communauté de la rue de
Une toute petite partie de la « famille » internationale qui, depuis près de vingt ans, se retrouve avec bonheur chaque été « rue de la Bière », une allée presque privatisée du camping « Mas de Pierredon ».
la Bière n’est pas la seule à se sentir comme à la maison au camping du « Mas de Pierredon ». Croisés sur le terrain de pétanque, Martin et Julien, deux frères originaires du Pas-de-Calais, y viennent depuis une petite vingtaine d’années, toujours avec le même plaisir.
Souvenirs d’enfance
« On vient un peu chercher des souvenirs d’enfance. Alors on se débrouille pour être disponible et rejoindre nos parents. Ces deux ou trois semaines qu’on vient passer ici l’été sont un moment qu’on attend toute l’année », confie Julien.
En deux décennies, le camping a pourtant pas mal évolué. « Au début, la piscine n’était qu’un rectangle de 10 mètres sur 5. Rien à voir avec le parc aquatique actuel. Il n’y avait pas de toboggan, ni de terrain de
Ah, que serait le camping dans le Sud sans les parties de pétanque acharnées ! sport », détaille Martin. L’ambiance, elle, n’a pas bougé. « Il y a toujours la même convivialité. Les gens se parlent facilement. À force de venir ici chaque année, les animateurs sont même devenus des amis », lâche Julien.
Cathy et Dirk, un couple de Belges fidèles au « Mas de Pierredon » depuis 22 ans, sont un petit peu moins catégoriques. « Avec la multiplication des mobil-homes, les gens ont tendance à recréer un chez-soi. Du coup, on a un peu perdu en convivialité », confie Cathy. « Mais ça reste très agréable, sinon on ne viendrait plus », complète Dirk. Pour le couple d’outre-Quiévrain, pas question d’abandonner la caravane pour un chalet. Enfin, pas pendant les deux mois d’été qu’ils passent à Sanary. « Quand on vient l’hiver, on loue un mobil-home parce que la caravane est en gardiennage. Mais l’été, je préfère la caravane. Le but, c’est quand même de vivre au maximum dehors. Un plaisir qu’on ne connaît pas trop en Belgique. »
L’incompréhension des amis
Leurs voisins et amis, Pascal et Laurence, sont aussi des adeptes de la caravane. Des inconditionnels même. « Par choix, pas par économie », précise Pascal. En 35 ans de vacances dans le Var, dont 20 ans à Pierredon, ce couple de quinquagénaires nantais a essayé toutes les formules, mais est toujours revenu à la caravane. « L’hôtel, j’avais l’impression d’être à l’étape », raconte Pascal, chef d’entreprise qui effectue énormément de déplacements professionnels. « La location d’appartement, d’une certaine façon, on revit ce qu’on vit à la maison. Quant au mobil-home, c’est trop petit. Il n’offre pas le même espace qu’un emplacement. Et puis, il n’y a rien à faire : on décroche plus vite dans une caravane. On s’échappe vraiment ! » Et qu’importe l’incompréhension de certains de leurs amis. « Passer des vacances au camping, c’est aussi retrouver le goût des choses simples et de garder les pieds sur terre », confie Pascal. « Ce n’est pas la maison qui fait la richesse, mais les moments qu’on passe ensemble », commente Laurence.
Jérémy et Magali ne les contrediront certainement pas. Plus jeune, ce couple de Saint-Jean-du-Gard fait du camping « depuis toujours ». Mais en tente : une pour eux et Zély, leur fille de deux ans ; une autre plus petite pour les deux garçons Lorys et Lenny. « Pour nous, le camping, c’est la tente. En allant prendre la douche ou faire la vaisselle, on croise beaucoup de monde. Il y a de la convivialité. C’est ce qu’on recherche vraiment dans le camping », confie Magali.
Garder une dimension humaine
Une convivialité qui débouche parfois sur de « belles connaissances ». Même si la petite famille passe le plus clair de la journée en mer, à découvrir la côte, Jérémy et Magali, qui viennent depuis sept ans au « Mas de Pierredon », « après avoir fait tous les campings entre Cassis et Sanary », se sont faits des amis : « Des Havrais avec qui on est en contact toute l’année et qu’on va aller voir à Bandol dans les tout prochains jours ». Des histoires dont se nourrissent aussi Marie-Claire et Vincent Gaillarde, les propriétaires « heureux » du « Mas de Pierredon » qui, depuis 33 ans, font tout leur possible pour garder une dimension humaine à leur camping.
Pour Jérémy et Magali, entourés de leurs trois enfants, le camping, ça se vit en tente.