Monaco-Matin

Fayence : deux pilotes bouclent un vol inédit de 14 heures en planeur

- C. G.

Deux pilotes chevronnés, Baptiste Innocent et Gil Souviron, sont parvenus à faire voler leur planeur durant 14 heures, couvrant une distance de 1 150 km. Partis de Fayence, dans le Var, vers 5 h 15 et après avoir quitté l’avion remorqueur au-dessus de Mons à 5 000 mètres d’altitude, les conditions étant favorables, ils ont décidé de se laisser glisser jusqu’au cap Corse avant de descendre vers Figari, premier point de virage prévu.

Baptiste, commandant de bord chez Air France : «En planeur, on ne fait pas que des ronds autour d’un terrain dans des courants ascendants. On peut aussi monter, planer loin et longtemps, remonter et cela durant plusieurs heures et revenir à notre aérodrome de départ. »

La Corse à  kilomètres

Il poursuit : « Pour voler loin et longtemps, il faut que les conditions soient bonnes. Notre vol a été rendu possible par une perturbati­on pluvieuse sur le sud de la France, laissant place à un beau soleil et un fort vent d’ouest avec du mistral au sol et du vent d’ouest en altitude, comme celui qui tape sur les pentes de Canjuers et du mont Malay. Cela a créé une belle “onde” sur Fayence. » Grâce à ces vents, le planeur a pu monter haut et aller loin. « L’île de Beauté n’est qu’à 200 kilomètres de Fayence. Les performanc­es des planeurs modernes permettent de l’atteindre sans difficulté. »

Les deux pilotes ont alors décidé de poursuivre le vol : « Avec Gil, nous avons déjà battu plusieurs records dans l’onde de la chaîne des Pyrénées et nous rêvions d’une traversée vers la Corse, voire plus : revenir ensuite vers Fayence. »

Direction l’Italie

Le trajet en sens inverse est techniquem­ent impossible, des vents pouvant atteindre 100 km/h arrivant de face. « Le seul moyen était de passer par l’Italie. Nous savions, après avoir étudié les archives météo des cinq dernières années, que cela est possible quelques jours par an. Ce fut le cas. »

Après quelques échanges « surréalist­es » avec le contrôle aérien de Marseille, le planeur est autorisé à monter à 6 000 mètres vers Figari et revenir au cap Corse pour traverser l’Italie, où l’onde est faible. Il peut alors rejoindre le deuxième point de virage, l’aérodrome de Pavullo (près de Bologne), avant de voler au-dessus de Pise, après avoir reçu l’autorisati­on des contrôleur­s aériens italiens. « Après une bataille d’un quart d’heure, nous sommes parvenus à remonter dans le thermique, puis dans une onde faible, jusqu’à 3 000 mètres d’altitude. Ces conditions nous ont permis de parcourir 200 kilomètres, jusqu’à la plaine du Pô. »

Face aux Alpes

Ce sont dorénavant les Alpes qui se dressent entre les pilotes et leur point d’atterrissa­ge. « Les montagnes forment une barrière du côté du Queyras avec la plaine du Pô, ce n’est donc pas la bonne solution. La meilleure, c’est la grande vallée de Suse, à l’ouest de Turin, que j’ai souvent pratiquée. Grâce à des conditions thermiques et une onde favorable, nous avons pu monter à 5 000 mètres et arriver au-dessus du village de Plampinet, dans les Hautes-Alpes, notre dernier point de virage. Après, la dernière ligne droite n’est pas la plus difficile. C’est un itinéraire connu : il faut survoler le lac de Serre-Ponçon, puis s’appuyer sur les montagnes de la Blanche et des Trois Évêchés, rejoindre le lac de Castellane par le Cordeuil et le Teillon. »

Fin du voyage ? Baptiste Innocent et Gil Souviron ont posé leur engin à Fayence, à 19 h 30, accueillis par les membres de l’aéroclub de Fayence/Tourrettes, venus saluer les auteurs d’un vol inédit.

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(Photo C. G.) Pilotes chevronnés, Baptiste Innocent (ci-dessus) et Gil Souviron ont réalisé un « exploit ».

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