Monaco-Matin

Il se défend d’avoir poussé son épouse au suicide

Accablé par sa belle-famille qui a déposé plainte pour « suicide forcé », un Toulonnais livre sa version des faits.

- ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

C’est un homme aux traits tirés que nous rencontron­s dans le cabinet de son avocat, Me Bertrand Pin, à Toulon. « Excusez-moi, je prends des cachets », souffle-t-il derrière son masque sanitaire. Son épouse s’est suicidée le 1er janvier dernier, et quatre membres de sa belle-famille l’en tiennent pour responsabl­e.

C’est un promeneur qui avait donné l’alerte ce matin-là. Odile, 50 ans, gisait sur la plage de La Mitre, à Toulon. Elle est décédée à l’hôpital des suites d’une intoxicati­on médicament­euse. L’enquête ouverte sur les causes de la mort a été classée sans suite. Cet épilogue ne convainc pas toute la famille d’Odile, avec laquelle la quinquagén­aire avait pris ses distances. « J’ai une conviction, ma soeur a été poussée à se suicider par son mari », lance son ainée dans un article publié par Le Journal du dimanche.

Un large écho médiatique

« Son mari a tout fait pour qu’on ne la retrouve pas », poursuit-elle au micro d’une grande radio, relayée par une chaîne d’info. La presse nationale dresse le portrait d’un tyran domestique : « Odile a mis un terme à sa vie [...] après des années de violences psychologi­ques infligées par son mari. »

Et d’annoncer le dépôt d’une plainte pour « suicide forcé », une circonstan­ce aggravante du harcèlemen­t moral par conjoint.

« Ça me fait très mal quand je vois tous ces articles. » Dans le bureau de Me Bertrand Pin, l’homme fait le récit de cette veille du jour de l’an. Odile rentrait d’un séjour à Montpellie­r, où elle avait ses attaches familiales, accompagné­e par un ami.

Dans l’appartemen­t du couple, il y a eu une dispute pour un motif futile (des lunettes tombées par terre), relate son époux. « J’ai pris mon sac et je suis sorti. »

« Odile avait des hauts et des bas »

À son retour, Odile avait quitté les lieux, laissant seul son ami de Montpellie­r. « Odile avait des hauts et des bas, elle était suivie par un psychiatre… » Son mari assure qu’ils ont alors entrepris des recherches sur le littoral toulonnais.

« On a pris la voiture, on est allé à Notre-Dame-du-Cap-Falcon parce qu’elle aimait bien aller là-bas. On a marché le long des plages du Mourillon. La nuit commençait à tomber, elle devait être à l’église à 18 heures, on pensait qu’elle y serait… »

Les deux hommes ont fini par se rendre au commissari­at. « Dire qu’il n’a rien fait pour retrouver sa femme, c’est jeter en pâture un homme qui souffre déjà du décès de son épouse », commente son avocat.

« Complèteme­nt ubuesque »

Et de contester l’ensemble des allégation­s. «Onlefait passer pour un tire-au-flanc qui vivait aux crochets de sa femme, on a même dit qu’il lui laissait deux euros pour manger le midi. C’est complèteme­nt ubuesque, c’est un couple qui vivait normalemen­t », balaie Bertrand Pin.

Des violences psychologi­ques ? « Cette plainte n’est fondée que sur une “conviction”, il n’y a aucun élément. Odile se serait confiée à son ami qui est la dernière personne à l’avoir vue vivante. Or, il a été entendu par la police. » Et l’affaire avait été close.

« On peut comprendre la douleur de la famille d’Odile, mais on ne peut pas tolérer que son mari soit traîné dans la boue. Lui aussi est prêt à attaquer en justice. »

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(Photo d’illustrati­on archives P. Bl.) Odile a mis fin à ses jours le er janvier  sur le rivage de La Mitre à Toulon.

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