France : Happy end pour le hand
Pour son 275e et dernier match sur le banc des Bleus, avant de passer la main au Brésilien Bernardo Rezende, Laurent Tillie a conquis la plus belle des médailles. Hier soir, il peinait à réaliser.
Difficile de trouver la formule, d’expliquer ou analyser. Réussir un exploit brouille quelque peu les idées. Laurent Tillie n’a pas pu se soustraire à ce léger contretemps, celui réservé aux champions. Hier, il a cherché ses mots, lâché un « je ne sais pas quoi dire » face aux micros. Il lui a fallu plusieurs minutes pour sortir de la folle farandole partagée avec ses joueurs. Pour mettre de côté, l’espace d’un instant, la joie immense qui venait de s’offrir à lui. Porté en triomphe par ses hommes, conscients de son investissement, il lui a fallu atterrir et réaliser l’exploit retentissant. « C’est un beau conte de fées, j’espère qu’ils se souviennent du premier entraînement en juillet 2012 (le premier jour des JO de Londres, NDLR), on avait dit aux joueurs qu’il fallait rêver des Jeux Olympiques, et pour y rêver, il fallait y penser tous les jours, s’est-il souvenu, ému. Ce chemin, cette idée de toujours penser à ça, a compté à la fin, il fallait être patients, avoir des joueurs très talentueux, mais aujourd’hui, ce n’est pas que des joueurs talentueux, c’est une équipe qui a été monstrueuse. »
Pluie d’hommages
Le Cagnois restera le premier sélectionneur de l’histoire à avoir ramené l’or au pays. Il va désormais pouvoir se consacrer
pleinement au Panasonic Panthers d’Osaka, club nippon qu’il coache depuis une saison en parallèle des Bleus. Hier, il ne s’est pas appesanti sur son départ. «Ilest anecdotique, a confié l’Azuréen de 57 ans, fidèle à luimême. Un entraîneur, ça part, ça revient, ça fait son temps. C’était important d’accompagner ces joueurs, cette équipe, qui m’ont tellement apporté, que je pars heureux et comblé. Et eux, ils ont encore beaucoup de chemin à faire, de titres à gagner ! »
Pour les hommages, il fallait se tourner vers ses ouailles. « C’est lui qui a fait confiance à notre jeune groupe », n’a pas oublié le libero Jenia Grebennikov, encore au four et au moulin face aux Russes. Il est le premier à nous avoir titularisés lors d’un championnat d’Europe (2013) puis du monde (2014). On a performé, on a tous grandi et on est allés dans des gros clubs européens. Tout ça, c’est grâce à lui. » L’ancien réceptionneur-attaquant international s’est escrimé pour ne pas que la génération 2021 connaisse les mêmes écueils que la sienne. Lui dont la génération magnifique a dû se contenter du bronze et de l’argent aux Euros 1985 et 1987. «Ilnousa tout dit, raconte Grebennikov. Toutes les frustrations qu’il a eues en tant que joueur pour nous pousser à ne pas les avoir. »
Tillie s’est ouvert sur le championnat du monde 1986 à domicile quand l’équipe de France sortait dès les quarts, et ces Jeux de Séoul en 1988 quand elle ne se hissait pas en demi-finales.
« J’ai connu l’avant et l’après de son arrivée, ça n’a plus rien à voir, a salué Earvin Ngapeth, qui a pu laisser libre cours à son imagination sous les ordres du natif d’Alger. Laurent, c’est quelqu’un qui est super stressé, mais il a réussi à calmer son stress grâce au groupe qu’on avait. » Tillie peut désormais relâcher la pression. Il est bel et bien champion olympique. Un titre que personne ne lui enlèvera. Les « chimères » après lesquelles il court depuis quarante ans ne le hanteront plus. Sa Team « Yavbou » l’a libéré.