Monaco-Matin

Douze soldats américains tués par Daesh

Près de vingt morts, hier, dans deux attaques à Abbey Gate et à proximité de l’hôtel Baron revendiqué­es par Daesh alors que des milliers d’Afghans espèrent fuir avant le 31 août.

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La « panique totale » a saisi, hier, les Afghans rassemblés près de l’aéroport de Kaboul, frappé par deux explosions meurtrière­s, ont raconté des témoins, quelques heures après que des pays occidentau­x eurent mis en garde contre le fort risque d’attentat. A quelques jours de l’échéance du 31 août fixée par le président américain Joe Biden pour retirer les troupes étrangères d’Afghanista­n et achever l’évacuation de ceux qui veulent fuir le pays, désormais aux mains des talibans, des milliers de candidats au départ étaient encore massés, hier, près de l’aéroport. Ils avaient ignoré les avertissem­ents occidentau­x lancés depuis la veille et faisant état de menaces crédibles d’attentats suicide autour du complexe, où un gigantesqu­e pont aérien est organisé par les Occidentau­x depuis la soudaine reprise du pouvoir par les talibans à la mi-août.

12 Marines tués

Mais alors que le soleil commençait à se coucher sur la capitale afghane, deux explosions ont retenti. Ces attentats ont fait «au moins» 13 à 20 morts et 52 blessés, a indiqué à l’Agence France Presse (AFP) le principal porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid. Hier soir, le Pentagone annonçait des Etats-Unis que douze avaient Marines péri et que quinze autres étaient blessés dans ces attentats, et n’écartait pas de mener des représaill­es. Une explosion a eu lieu près d’Abbey Gate, une des portes d’accès de l’aéroport, et l’autre à proximité de l’hôtel Baron, selon le Pentagone [infographi­e ci-dessus]. Emmanuel Macron a condamné « avec la plus grande fermeté les attaques terroriste­s ». Le président des Etats-Unis Joe

Biden a pris la parole vers 23 h 30 et lancé une sévère mise en garde aux terroriste­s : « Nous allons vous traquer et vous faire payer le prix », confirmant ainsi les propos du Pentagone.

Nouvelle explosion

Une heure auparavant, on apprenait, par l’AFP, qu’une nouvelle explosion avait secoué, une nouvelle fois, la capitale afghane Kaboul. Selon les talibans, elle serait due à des destructio­ns d’équipement­s par l’armée américaine à l’aéroport. Une informatio­n non confirmée par celle-ci à l’heure où nous mettions sous presse. Ce double attentat, revendiqué hier soir par Daesh, a été perpétré par l’Etat islamique province du Khorasan (ISKP), un groupe de talibans dissidents ayant prêté allégeance à Daesh en 2015 [lire ci-dessous] et en lutte contre les talibans ayant repris le pouvoir à Kaboul. Plusieurs analystes dont ExTrac, un groupe privé spécialisé dans le traitement de données sur les groupes djihadiste­s, relèvent que l’activité de l’ISKP s’est brutalemen­t arrêtée depuis douze jours. Or, commente-t-il sur Twitter, les filiales de Daesh ont tendance à se faire discrètes lorsqu’elles entrent « en mode survie » ou quand elles préparent une opération d’ampleur. Ex-Trac écarte, a priori, la première option. « Il y a beaucoup de cibles idéales en ce moment », estime le groupe dans une série de tweets. Notamment l’aéroport de Kaboul avec la noria d’avions occidentau­x.

Un aéroport exposé

En effet, ces derniers jours, des avions de transport militaires ont quitté Kaboul en lâchant des leurres, notamment destinés à détourner des missiles. La zone est aussi exposée à la fois aux tirs de mortier et aux attentats suicide, estimaient des experts peu avant les explosions. De son côté, la France a annoncé, dans la foulée, le rapatrieme­nt à Paris de son ambassadeu­r en Afghanista­n, David Martinon, pour raisons de sécurité. Il se trouvait jusqu’ici à l’aéroport de Kaboul, où les forces occidental­es supervisen­t les évacuation­s de milliers d’étrangers et d’Afghans. Soulignant que la situation restait « très risquée » à l’aéroport, le président Emmanuel Macron a annoncé, hier, que la France allait encore évacuer « plusieurs centaines d’Afghans ».

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