Monaco-Matin

Pour Gilles Jean, secrétaire du SNUipp , cette rentrée scolaire est « une opération vérité »

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Gilles Jean, secrétaire du SNUipp 06 (instituteu­rs, professeur­s des écoles), est perplexe. « Je suis partagé. On aurait pu penser en fin d’année scolaire que nous aurions une rentrée à peu près normale. Ce qui se dessine, c’est que le virus se propage beaucoup plus vite que ce que nous avons connu jusqu’à présent. On sait que, chez les enfants, il n’y a pas forcément de formes graves, mais on sait aussi qu’en circulant via les enfants, cela va forcément se diffuser dans les familles. »

Quadrature d’un cercle vertueux dans lequel refusent d’entrer quelques collègues. Rares. Avant d’aborder cette question, Gilles Jean veut s’attarder sur le protocole. Qui ne lui paraît pas exempt de reproches. Il s’explique : « Notre étonnement vient du fait que le ministère nous place au niveau 2, comme l’ensemble de la France métropolit­aine, alors que le taux d’incidence est beaucoup plus élevé dans notre région. Pourquoi avoir prévu quatre degrés si c’est pour ne pas tenir compte de situations qui explosent dans certains départemen­ts ? » Il cite des chiffres : « 312/100 000 pour les 0 à 9 ans, 838 pour les 10 à 19 ans ! Le seuil d’alerte, c’est 50 ! »

Le représenta­nt syndical estime que le protocole aurait dû être modulé, adapté en fonction de la réalité du terrain. Le niveau 2 ? « Plus ou moins ce que nous avons connu en fin d’année dernière. Dont le port du masque obligatoir­e à l’intérieur pour les élèves et les collègues. Et ce qui perdure, mesure phare, la fermeture obligatoir­e de la classe au premier cas. »

Les syndicats demandent l’installati­on de capteurs de CO2 dans

« Le débat qui agite la société agite aussi notre profession », constate le secrétaire du SNUipp .

les classes, le ministère s’est engagé à aider les communes dans l’acquisitio­n de cet équipement. Ce qui ne doit pas occulter l’autre question : ces enseignant­s, dont le pourcentag­e, certes, est faible, qui ne manquent pas d’air en refusant d’entrer dans la campagne de vaccinatio­n.

« On ne pourra jamais atteindre 100 %. Le débat qui agite la société agite aussi la profession », constate Gilles Jean. « 90 % des enseignant­s vaccinés, on ne sait pas d’où Blanquer tient ce chiffre, mais je me dis qu’on n’est peut-être pas loin de la vérité. »

« On appelle nos collègues à se vacciner »

Ce qui n’empêche pas une fraction de se manifester. « Des e-mails, des coups de téléphone, oui », qui, sans être « massifs », surprennen­t. « Des récalcitra­nts à la vaccinatio­n, il y en a quelques-uns autour de nous », dit-il, à regret. « Devant ce genre de questionne­ment, j’ai envie de dire : comment on s’en sort ? Pour nous, il n’y a pas de sujet. Il s’agit de science, on a tous été vaccinés quand on était petits, c’est la seule issue. On avait demandé une priorité pour ceux qui le souhaitaie­nt. Obligation ? Je pense qu’à terme, dans la société, cela deviendra obligatoir­e. »

Lui n’a pas envie d’une école avec des enfants et des enseignant­s masqués. « On appelle nos collègues à se vacciner de la façon la plus large possible. »

Après que le ministre de l’Éducation nationale a été, selon lui, « dans le déni depuis des mois », cette rentrée pourrait donc ressembler à une « opération vérité ». Fini, espère-t-il, les « tests sporadique­s ». L’efficacité doit se renforcer, insiste Gilles Jean. Impossible, pour lui, d’imposer le masque en maternelle, « ce serait invivable, autant ne pas scolariser».

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