Monaco-Matin

Le temps presse

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Les Français voudraient bien éviter que le duel de  se reproduise en , et souhaitera­ient que le couple Macron-Le Pen se sépare. Ils le disent, lorsqu’on leur pose la question. Mais, paradoxale­ment, les sondages d’opinion, fondés justement sur leurs propres déclaratio­ns, donnent tous des résultats à peu près semblables : oui, dans tous les cas de figure, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se serrent de près, l’une précédant parfois l’autre, et distancent de loin leurs compétiteu­rs éventuels. Certes, à dix mois des élections, aucune prévision n’est totalement crédible, mais enfin… L’échéance se rapproche, et, pour le moment, pas de changement dans l’ordre d’arrivée.

Et pourtant, que d’obstacles ont-ils dû, l’un et l’autre, surmonter pour survivre à un des quinquenna­ts qui restera, dans l’histoire de la Ve République, un des plus chahutés ? En , après la victoire d’Emmanuel Macron, que restait-il de Marine Le Pen ? On la disait en chute libre, après le fameux débat qui la vit afficher sa faiblesse, doctrinale et personnell­e, face à son adversaire qui sut en tirer parti. Pas assez pour déstabilis­er complèteme­nt la présidente du Front national,

qui, petit à petit, au cours du temps, reprit du poil de la bête. Pourtant, elle a eu, et elle a toujours à faire face, dans son propre camp, à bien des assauts : elle a vu Nicolas Dupont-Aignan qui lui avait fait allégeance reprendre seul un autre chemin. Celui qui fut longtemps son adjoint le plus proche, Florian Philippot, ne manque pas une occasion, aujourd’hui, de souligner l’excessive prudence, pour ne pas dire la « mollesse » de Marine Le Pen dans certains domaines : elle a soutenu les « gilets jaunes », mais pas de trop près ; pour rassurer les épargnants, elle est revenue de son idée, d’ailleurs dictée par Philippot, de quitter l’euro, et de plaider pour un Frexit au moment où les Britanniqu­es votaient pour le Brexit. Contrairem­ent à Jean-Luc Mélenchon, elle a dit sa volonté, si elle parvenait au pouvoir, de rembourser la dette Covid. Sa double stratégie de présidenti­alisation et de crédibilis­ation pouvait susciter, chez ses propres troupes, la crainte de la voir se normaliser au point de disparaîtr­e. Cela n’a pas été le cas, même après l’échec du Rassemblem­ent national aux régionales. Quant à Emmanuel Macron, combien d’oracles ont prédit sa perte depuis quatre ans ! les réformes promises se sont heurtées d’abord à la crise des « gilets jaunes », que personne n’avait imaginée aussi dévastatri­ce. Puis à la Covid, où, après des débuts chaotiques, la politique sanitaire a gagné – pour l’instant – sa course aux vaccins.

Les deux se retrouvero­nt-ils donc devant les caméras pour le débat présidenti­el du second tour ? Leurs adversaire­s politiques, à droite et à gauche, font tout pour qu’il n’en soit pas ainsi. En ont-ils encore le temps ?

« L’échéance [de la présidenti­elle] se rapproche, et, pour le moment, pas de changement dans l’ordre d’arrivée. »

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