Monaco-Matin

L’HEURE DU BILAN

Marie-Pierre Gramaglia quitte le gouverneme­nt Tour d’horizon de 10 ans de grands chantiers à Monaco

- PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY

Elle est la membre du gouverneme­nt actuel en poste depuis le plus longtemps. Dix ans et quelques mois.

Au 1er septembre, Marie-Pierre Gramaglia quittera l’exécutif. Épilogue d’une décennie endurante à la tête de la direction de l’Équipement, l’Environnem­ent et l’Urbanisme, où elle aura connu quatre ministres d’État. Arrivée, sous le premier mandat de Michel Roger, la juriste de formation, ex-directrice des communicat­ions électroniq­ues, a su faire siens les domaines qui dépendent de son ministère : les grands travaux, la transition environnem­entale du pays, la gestion des questions d’urbanisme…

À sa nomination, il y a dix ans dans un « monde d’avant » pas si lointain, l’arrivée d’une femme à la tête des grands chantiers de la Principaut­é avait pu faire sursauter certains dans ce milieu, reputé machiste et de facto administré par des hommes depuis toujours. Après Sophie Thevenoux (aux Finances entre 2009 et 2011), Marie-Pierre Gramaglia est seulement la deuxième femme à occuper un poste de conseillèr­e de gouverneme­nt dans toute l’histoire du gouverneme­nt du pays. C’est si peu.

À sa manière, à ce poste, elle aura été aussi la concrétisa­tion en Principaut­é de l’arrivée de femmes à des fonctions de premier rang.

Plusieurs fois, des bruits de couloir l’ont annoncée sur le départ. Cette fois, c’est concret. Avant de céder son fauteuil de conseillèr­e de gouverneme­ntministre à Céline Caron-Dagioni, interview-bilan.

Dix années à la tête de la direction de l'Équipement, l'Environnem­ent et l'Urbanisme, vous attendiez-vous à un si long mandat de ministre lors de votre prise de fonctions en janvier  ?

Ce fut une décennie passionnan­te, et je suis fière de cette longévité à laquelle je ne m’attendais pas, non. Lorsque le prince souverain m’a nommée à cette fonction il y a plus de dix ans, ce fût d’ailleurs un honneur immense mais aussi une grande surprise, sachant que jusquelà, ce poste a vu se succéder des hommes généraleme­nt issus du sérail des travaux publics. Même si ce secteur d’activité, très important pour la Principaut­é, ne représente qu’une partie des missions du départemen­t, de ses directions et services qui couvrent de larges pans de la vie de notre pays.

Vous avez oeuvré pour les plus grands chantiers qui dessinent la Principaut­é de demain. Quel est, pour vous, le plus symbolique ?

Chaque projet urbanistiq­ue représente un nouveau challenge pour notre ville-état. Il est important de comprendre que sa réalisatio­n a toujours comme ambition de répondre à un besoin identifié en matière de logements pour les Monégasque­s, d’équipement­s publics, de résidences, d’espaces d’activités économique­s. Parmi les chantiers publics en cours, il est difficile de dire quel est le plus symbolique, tant chacun répond à un objectif majeur : le nouveau CHPG pour la santé, l’îlot Pasteur pour l’éducation, les bâtiments domaniaux réalisés dans le cadre du plan de logement. Au cours de cette décennie écoulée, je retiendrai une opération d’envergure dont la réalisatio­n n’était pas acquise et soulevait beaucoup de réserves : le tunnel descendant Albert II, aujourd’hui reconnu par tous pour sa grande utilité. Je me félicite de la pugnacité et de l’énergie que j’ai pu mettre dans la défense de ce projet.

De grands travaux sont en cours pour des équipement­s à venir essentiels pour le pays (l'extension en mer, l'hôpital, le nouveau collège). Vous partez sereine sur leur bonne livraison ?

Les équipes sont mobilisées sur ces chantiers d’envergure publics et privés et je sais que tout est mis en oeuvre pour leur livraison. Maintenant, j’ai appris tout au long de ces dix ans que chaque chantier a sa propre vie, avec ses aléas. Alors oui, je suis confiante sur la finalité des opérations, mais avec un planning d’exécution couvrant souvent plusieurs années il faut aussi se montrer réaliste.

Quid de l'usine de traitement des déchets, dont plusieurs projets ont jalonné ces dix années ?

Nous parlons de l’avenir du traitement des déchets en Principaut­é et c’est vrai qu’il s’agit d’un dossier important. Le choix qui sera fait nous engage sur des décennies. La direction de l’Aménagemen­t Urbain est totalement mobilisée sur ce sujet, et je pense que d’ici quelques semaines, des informatio­ns seront données sur ce dossier.

En une décennie, les actions environnem­entales en Principaut­é ont augmenté de façon considérab­le, vous êtes satisfaite de ce développem­ent que vous avez mis en action sous l'impulsion du souverain ?

C’est vrai que l’environnem­ent est un volet important de ce départemen­t. Au cours de cette décennie, le prince souverain a impulsé une politique pour une Principaut­é toujours plus respectueu­se de son environnem­ent, avec la préservati­on de la biodiversi­té marine et terrestre, la gestion de la ressource en eau, la surveillan­ce et le contrôle des pollutions. Parmi les initiative­s, je rappellera­i également la politique en faveur de la décarbonat­ion des modes de déplacemen­t, le lancement du label BDM pour une constructi­on plus durable, la création de nouveaux réseaux thalasso-thermiques et la régulation des consommati­ons énergétiqu­es des bâtiments. Nous avons également travaillé avec les acteurs et services concernés à une gestion raisonnée des déchets avec, par exemple, l’objectif « zéro déchet plastique à usage unique en  », initié il y a cinq ans.

Les objectifs de réduction d'impact environnem­ental de la Principaut­é pour  sontils tenables ?

Il ne s’agit pas de savoir si nous allons pouvoir tenir l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de moins  % d’ici  comparé à . Il s’agit de tout mettre en oeuvre pour y parvenir. La création de la Mission pour la Transition Énergétiqu­e répond à cette volonté déterminée. Les actions portent simultaném­ent sur les trois pôles concernés en Principaut­é : la mobilité, les déchets et l’énergie dans les bâtiments. À cela j’ajoute la mobilisati­on de notre communauté qui adhère au Pacte National de la Transition Énergétiqu­e, soit individuel­lement soit via les collectivi­tés, entreprise­s, institutio­ns, associatio­ns. Cet effort est collectif mais concerne aussi chacune et chacun dans ses gestes quotidiens en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

‘‘ J’ai toujours assumé mes décisions”

‘‘ Tout mettre en oeuvre pour parvenir à la réduction des gaz à effet de serre”

Avez-vous des regrets dans tous les dossiers que vous avez traités, qui n'ont pas avancé aussi bien que vous l'espériez ?

Si j’ai des regrets ? Certaineme­nt, mais ils restent dans mon jardin secret ! Je ne retiens que le positif et je veux remercier toutes les équipes qui m’ont accompagné­e durant cette décennie. Sans ces femmes et ces hommes dans les services et au départemen­t, rien n’aurait pu s’accomplir. J’ai toujours privilégié le travail d’équipe et l’écoute même si, in fine ,les décisions finales me revenaient et si je les ai toujours assumées.

Au er septembre, comment envisagez-vous votre avenir profession­nel ?

Mon futur s’écrit bien sûr au service de mon pays et du souverain. Mais dans un premier temps, d’ici quelques jours, je vais accompagne­r ma fille Laura qui représente la Principaut­é au championna­t du monde moins de  ans d’endurance équestre aux Pays-Bas.

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(Photo Michael Alési/Dir’Com’) Après plus d’une décennie en poste, Marie-Pierre Gramaglia quitte ses fonctions.

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