« Le chant le plus puissant dans le règne animal mondial »
La cigale de l’Orne, est une des plus répandues dans le Var et les Alpes-Maritimes. Et pour cause ! C’est accrochée aux pins qu’elle passe sa vie aérienne. Elle va séjourner 4 à 5 ans, à 30 cm sous terre à l’état de larve, échappant ainsi au gel. Cette espèce s’en sort bien, car la cigale lyre, la plus grosse de Provence, va y rester 5 à 7 ans. Il y a pire.
Attirer les femelles
« Le record de longévité est détenu par une Américaine qui peut rester entre 13 et 17 ans sous terre », explique Gérard Filippi. Après avoir vécu des années dans l’obscurité, la cigale va remonter à la surface et éclore à partir du solstice d’été. Une fois sortie de sa coque nymphale, qui s’est ouverte par le dos sous l’effet du soleil et de la chaleur, elle a environ trois heures pour sécher ses ailes, durcir son squelette et s’envoler, si elle a échappé entre-temps, aux prédateurs. Les mâles vont ensuite cymbaliser du matin au soir, tant que la température leur convient. La cymbalisation se fait par la contraction de deux opercules dans l’abdomen, les cymbacalyptes, situées au niveau du métathorax et de l’abdomen. Ils chantent à tout va pour trouver une femelle, d’où la nécessité d’avoir un chant nuptial qui s’entend. « La cigale fait partie des animaux qui ont le chant le plus puissant dans le règne animal mondial. » Celui de la cigale de l’Orne peut atteindre les 70 décibels en Provence. Une cigale australienne cymbalise jusqu’à 110 dB.
Des centaines d’oeufs
La femelle pondra entre trente et quarante oeufs dans la tige creuse d’un genêt ou d’un petit arbuste. Elle va reproduire l’opération une dizaine voire une vingtaine de fois, de juillet à septembre. Cela représente entre 200 et 300 oeufs sur une saison, suivant les espèces. En sortiront des larves, qui tomberont sur le sol et s’empresseront de gagner leur demeure souterraine, pour plusieurs années, avant qu’un hérisson ne les croque ou qu’une guêpe ne les dévore. Et ainsi de suite. Si les mâles chantent sans arrêt et si fort, c’est qu’ils n’ont finalement, pas beaucoup de temps pour assurer leur descendance. Il existe 6 000 à 7 000 espèces de cigales dans le monde. Aujourd’hui, on compte vingt-trois espèces et sousespèces de cigales dans le bassin méditerranéen et en France, puisqu’elles remontent de plus en plus vers la région lyonnaise à cause du changement climatique. Aucune n’a le même chant. « La cymbalisation est leur carte d’identité acoustique. »