Des coupures de combustibles naturelles ou agricoles
Face au feu, on peut aussi compter sur des coupures de combustibles naturelles – comme les lacs – ou agricoles. « Les vignes, les oliveraies, les champs d’arbres fruitiers… ce sont des zones sur lesquelles on aime bien s’appuyer », énumère Pierre Schaller. D’ailleurs, ces secteurs sont pris en compte dans les Pidaf.
« Prenez le feu de Bormes-les-Mimosas, en 2017, rappelle Bruno Teissier du Cros. Juste après, on a fait en sorte de vendre ou d’échanger du terrain qui appartenait à l’État avec des particuliers de manière à ce qu’ils positionnent des terrains agricoles, qui sont d’excellents moyens pour accompagner les autres ouvrages de lutte. » « On peut encourager ces pratiques agricoles, acquiesce Éric Rigolot, qui ont parfois été abandonnées. » Il est même convaincu que « lorsqu’on fera l’analyse de ce feu, on trouvera des maisons qui ont été protégées par des vignes ».
Les espèces incombustibles « ça n’existe pas »
Au-delà des zones agricoles, il existe aussi des expérimentations. En Corse par exemple, on teste une espèce de trèfles qui permettrait de conserver une certaine humidité au sol, le rendant moins combustible. « J’avais travaillé sur des ouvrages des Maures dans les années 1990 avec les camarades de l’ONF et de la Direction de l’agriculture et de la forêt » ,se souvient l’ancien lieutenant-colonel des pompiers. Avant d’ajouter, pas
Vu d’en haut la protection que procure les champs, et notamment les vignes, ne fait pas de doute.
très convaincu : « On faisait des parefeu avec cette sorte de trèfles… » Quoi qu’il en soit, note Bruno Teissier du Cros, tout mis bout à bout, « on finit par avoir quelque chose d’efficace ».
Éric Rigolot confirme : « Avec cette mosaïque de zones combustibles, non combustibles, on peut rendre un territoire plus résilient au feu. »
Mais Pierre Schaller garde les pieds sur terre : « Même s’il y a des essences moins vulnérables, je suis désolé de vous dire qu’il n’y en a pas qui soient incombustibles. »
En effet, s’il reconnaît que « des feux plus petits ont pu être canalisés et orientés grâce à ça », le spécialiste souligne que dans les conditions du lundi 16 août, « ces ouvrages n’excluent pas que le feu progresse par bonds, les rendant inopérants ».
La hauteur d’une flamme peut mesurer jusqu’à trois fois celle d’un arbre.