Monaco-Matin

Pas « magiques »

Agir immédiatem­ent sur l’éclosion du feu

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Pour Éric Rigolot de l’Inrae, il est surtout nécessaire de travailler plus en amont, précisémen­t sur la première phase du feu, celle de l’éclosion. Parce que, dit-il, « dans des conditions extrêmes comme celles de l’incendie du 16 août, après, c’est trop tard ». Il considère en effet que « sur le feu de Gonfaron, il y a une vraie problémati­que liée à l’éclosion du feu ». Il va plus loin : « C’est la faille de tout le système, qui pourtant a été très efficace dès les interventi­ons initiales. Ce qui a été fait et bien fait, avec beaucoup de moyens terrestres, des renforts aériens en pré-alerte, parce que le risque était annoncé comme très sévère. Dans ces conditions, c’est l’éclosion qu’il faut absolument éviter car les conséquenc­es sont trop lourdes », regrette-t-il.

Pour le scientifiq­ue, il est anormal qu’un feu puisse partir d’une aire d’autoroute. « C’est à ce niveau-là que des failles doivent être corrigées. »

« Risque sévère, pas extrême »

Fermer les aires de repos en zone à risque, lorsque celui-ci est élevé, pourrait-être une solution ? Il arrive déjà que ce soit le cas, indique

Travailler sur l’éclosion des feux passe notamment par une sécurisati­on des aires de repos sur les autoroutes grâce au débroussai­llement et à la création de «glacis», des zones non-combustibl­es. Lundi  août, le feu est en effet parti de l’aire de repos des Sigues à Gonfaron.

Bruno Teissier du Cros, l’expert de l’ONF. En l’occurrence, dit-il, s’il n’en a rien été pour l’aire des Sigues, point de départ du feu de Gonfaron, c’est « peut-être parce que ce jour-là, le risque était sévère, pas extrême ».

Sur ce point, « il y aura sûrement une analyse avec les gestionnai­res de l’autoroute », croit-il, soulignant par ailleurs, qu’« Escota fait le travail de débroussai­llement autour de ses voiries, selon un plan d’aménagemen­t ».

Un muret comme pour les décharges

Mais au-delà du débroussai­llement de ces aires de repos, qui doit dépasser la limite de la clôture, Éric Rigolot préconise « un glacis périmétral ». Autrement dit, une zone non combustibl­e sur tout le pourtour d’une aire d’autoroute, de sorte qu’un mégot qui serait jeté à terre accidentel­lement ne puisse donner lieu à l’éclosion d’un feu.

Pourquoi pas même, envisage le chercheur, édifier une barrière physique qui ceinturera­it l’aire de repos. « Quand on est sur un point chaud bien identifié, avec surfréquen­tation pendant la période estivale, on peut se permettre de réaliser un équipement durable, comme on l’a fait par le passé autour des décharges à ciel ouvert, responsabl­es d’éclosions d’incendies. » Il voit d’ici « un muret en pierres sèches : ça peut être joli sur une aire de repos et être efficace pour empêcher un feu courant au sol de passer de l’autre côté. Ça coûte un peu plus cher, c’est tout… ». Et de marteler : « Mais pas autant que les conséquenc­es de cet incendie. »

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(en médaillon celle de Vidauban nord),
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