« Je refuse d’être vaccinée, je vais planter des patates »
Dans la manifestation qui a réuni hier à Nice plus de 10 000 anti-pass selon les organisateurs et 3 500 selon la police, des soignantes qui rejettent le vaccin, quitte à perdre leur salaire. Témoignages.
Elle marche au milieu du cortège. Un cortège qui a, réuni, hier à Nice, plus de 10 000 personnes selon les organisateurs et 3 500 selon la police. Des anti-pass, des anti-vax, qui scandent : « Liberté, liberté, ne touchez pas à nos enfants ! » Au dos de sa blouse blanche, elle a écrit en lettres capitales : «2020 applaudie, 2021 licenciée ». Pascale a 55 ans, elle est infirmière puéricultrice au conseil départemental. Son métier, elle « l’aime plus que tout ». Pourtant, il y a une semaine, elle « a fait ses cartons ». « La boule au ventre. »
« Je suis seule avec un enfant »
Ses yeux s’embuent : «Jene me ferai pas vacciner, je ne suis pas un cobaye. On n’a pas de recul, le vaccin est encore en phase d’expérimentation. » Elle sera suspendue le 15 septembre, sans salaire. Elle a « reçu des mails, subi la pression, tout ce matraquage insupportable ». Mais elle « refuse d’être vaccinée ». «Je vais me débrouiller grâce à mon conjoint. On va faire comme on peut. On a un potager, je vais planter des patates. Je suis triste, très triste, mais je pense surtout à mes collègues qui craquent, qui se sont fait vacciner uniquement parce qu’elles ont des situations de famille difficiles. » À côté, une soignante hoche la tête. Elle ne veut pas qu’on cite son prénom : « On va me reconnaître… » Elle explique : « La moitié du service était contre la vaccination. Moi, je suis seule avec mon fils, je dois assurer financièrement, alors j’ai cédé : je me suis fait vacciner. Je n’avais pas le choix, c’est un chantage inhumain : un pass vaccinal contre un emploi. Je suis en colère, alors je marche avec eux. »
Elle marche aussi : Vanessa, 37 ans, aide-soignante de nuit depuis 20 ans. Et elle pleure. « C’est fini, bientôt fini. ».Elle travaille à l’hôpital de Grasse. « Comme il y a un manque de personnel », elle aura un petit sursis : « Le directeur a reporté les sanctions au 15 octobre. » À cette date, elle partira : «Je vais faire une reconversion, j’ai un petit de 10 ans, je suis célibataire, faut bien que je le nourrisse. » Les larmes ruissellent, voix brouillée : « C’est con, je l’aimais mon boulot, mais je ne me ferai pas piquer ! » Des manifestants lui passent la main sur l’épaule : « Courage, on est avec toi, on sait que ce vaccin tue. »
« Vous, les médias de m…, vous mentez ! »
Quelles sont leurs sources ? « Plein ! Des spécialistes qu’on n’entend pas parce que vous, les médias de m…, vous censurez tout, vous mentez ! Regarde-toi, tu portes un masque, t’es dans leur camp, on n’a pas confiance… » Au mégaphone, un anti-vax s’égosille et parle d’une litanie de morts après le vaccin, de la fin du monde et de Macron. Tout se mélange, se brouille, les gens s’embrouillent. Vanessa, elle, pleure toujours : « J’ai donné 20 ans de ma vie à des malades, 20 ans de mon coeur, je ne donnerai pas mon corps. »