Monaco-Matin

« Un boom des permis de chasse après le confinemen­t »

Jean-Pierre Caujolle, président de la fédération des chasseurs des Alpes-Maritimes

- PROPOS RECUEILLIS PAR CH. P.

Adepte de la chasse en montagne dans le secteur de Saint-Dalmasle-Selvage, Jean-Pierre Caujolle, président depuis cinq ans d’une fédération qui compte

  adhérents, estime que le gibier sera au rendez-vous. Il explique aussi pourquoi il manifester­a le week-end prochain pour la défense des chasses traditionn­elles.

La chasse déclinait, et soudain ce regain. Comment l’expliquez-vous ?

Avec la crise sanitaire, des citadins ont redécouver­t la nature et nos villages. Ils ont besoin de retisser du lien social, et la société de chasse est l’endroit idéal pour s’intégrer. On a déjà atteint les  permis de chasse que nous avions fait passer l’an passé. On constate aussi de plus en plus de femmes qui, le plus souvent, ont découvert la chasse avec leur mari ou compagnon, et décident de passer le permis. J’ai bon espoir d’intégrer une femme au conseil d’administra­tion de la fédération en .

Quelles sont les conséquenc­es de la tempête Alex ?

Nombre de chemins et de pistes sont encore détruits. Notre fédération a accordé des subvention­s spéciales pour aider à leur restaurati­on.   euros ont été donnés après les inondation­s. Chaque chasseur a des journées de travail à effectuer pour la commune où il chasse. Si nécessaire, des sociétés de chasse leur demande de les consacrer à la restaurati­on des chemins hors les sentiers de randonnées. Mais il faudra encore du temps. On a investi également   euros pour la protection de la biodiversi­té. Notamment en désenclava­nt  hectares de forêt, ce qui permet de favoriser l’expansion du petit gibier. Nous avons aussi travaillé avec les stations de ski pour placer des filets et interdire des zones de hors-pistes pour ne pas perturber certaines espèces sensibles comme le coq de bruyère ou le lagopède.

Quel est l’état du gibier ?

Plutôt bon. Nous étions inquiets de la baisse des chevreaux et éterlous (jeunes mâles, Ndlr) pour notre population de

  chamois, qui subit une grosse prédation du loup dès le départ des troupeaux de moutons. Du coup, on a fermé une grande partie de la saison de chasse l’an passé et cette année, on arrêtera le  novembre, pour reprendre après la fin de la reproducti­on.

Reste la proliférat­ion des sangliers…

C’est l’un des effets de la fermeture des milieux et du réchauffem­ent climatique, avec des femelles qui peuvent se reproduire trois fois en deux ans. La Covid et les intempérie­s qui ont empêché la chasse n’ont rien arrangé, et la population a encore grossi. Heureuseme­nt, nous parvenons à protéger les cultures sensibles avec des fils électrique­s, voire des grillages, un travail effectué en partenaria­t avec la chambre d’agricultur­e. Nous investisso­ns   euros chaque année.

Pourquoi manifester­ez-vous à Forcalquie­r dimanche prochain ?

C’est un appel national. Le rassemblem­ent régional se déroulera dans le fief de M. Castaner. Cela répond au « chasse-bashing » actuel. On assiste à des actions anti-chasse comme le vol de chiens, la destructio­n de locaux ou le sabotage de miradors de battue, alors qu’ils servent justement à protéger les promeneurs… Nous sommes inquiets de certains textes en préparatio­n sur le bien-être animal et nous sommes en colère contre le Conseil d’État, qui attaque les chasses traditionn­elles.

N’est-il pas temps d’en finir avec la chasse de la marmotte, ou celle à la glu ?

()

Si une étude scientifiq­ue me prouve que la glu met en péril des espèces protégées, alors je l’interdis immédiatem­ent. En réalité, cette remise en cause se fonde sur des affirmatio­ns gratuites. La glu permet d’attraper des grives vivantes que l’on garde en volière pour servir d’appelant ensuite, en novembre et décembre. Je pense que l’impact sur les passereaux est sans commune mesure avec les éoliennes ou les chats errants.

Le braconnage, une préoccupat­ion ?

C’est un vrai souci. L’an passé, des Italiens sont venus braconner en x dans la Roya. On a réussi, avec l’Office de la faune et de la biodiversi­té, en collaborat­ion avec les carabinier­s, à attraper des Italiens venant braconner en France. Certains condamnés en Italie et interdits de port d’arme chez eux viennent chasser en France. J’aimerais que la justice niçoise m’aide en les inscrivant sur ses fichiers afin de refuser la validation de leur permis de chasse. 1. Si la marmotte est bien chassable, la chasse à la glu, enrevanche,quiconcern­elesoiseau­x,adéfinitiv­ement été jugé illégale le 28 juin dernier par le Conseil d’Etat, plus haute juridictio­n administra­tive française.

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