Dans le feu, il y avait villas et alentour, des milliers d’autres
Beaucoup le pensent, l’incendie de Gonfaron est « pire que celui de 2003 ». Il a éclaté dans des conditions plus défavorables : fin d’aprèsmidi, sécheresse de la végétation et de l’air, rafales de vent. Une éclosion au plus mauvais endroit, au nord de la plaine des Maures. Ce lundi 16 août, quand les flammes bifurquent dans le couloir de feu qu’elles avaient emprunté il y a 18 ans, il y a déjà des centaines d’hectares brûlés. Le feu se déplace à 4,1 km/h, « dépassant les vitesses théoriques ». Il est en pleine puissance thermique. Au-dessus de la forêt des Maures, il n’y a plus d’avion pour le ralentir : la nuit est en train de tomber.
« Dès le départ, on sait qu’il y a des points sensibles à protéger, retrace Éric Grohin, le patron des pompiers du Var. Et dès qu’on le peut, on envoie des pompiers. On a protégé Les Mayons, on l’a fait dans des hameaux de La Garde-Freinet. Mais il y a des endroits où on n’a pas pu rentrer. »
Le feu catastrophe
Toute la nuit, les pompiers ont lutté, sans appui aérien. « Notre vision globale est d’éviter le feu catastrophe, celui qui descend jusqu’à la mer et s’écarte sur les flancs. » En seulement
Le colonel Éric Grohin, patron des pompiers varois, au poste de commandement du Luc.
six heures, dont trois de nuit, le feu a dévoré 5 000 hectares. Avant la nuit, les pompiers « ont demandé aux autorités municipales l’évacuation de certains hameaux dont “la défendabilité” semblait complexe, voire impossible. » Dont le Val de Gilly. De même que les campings, des habitats légers et vulnérables, évacués préventivement.
Le Cannetdes-Maures
Le Luc
Vidauban
Les Mayons « Les chemins d’accès sont les plus dangereux, c’est pour ça qu’un camion de pompier doit pouvoir croiser une voiture en sens inverse, avec des habitants qui partent. Pour ne pas risquer de rester bloqués. »
Le directeur du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Var le souligne : « Ce feu s’est joué à un quart d’heure près. Si nous n’avions pas gardé ces moyens-là, cela aurait été de la folie. On ne pouvait pas partir sur des villas, sans être sûr d’y accéder et d’y avoir de l’eau. »
Le rendez-vous
Le moment crucial est ce que les pompiers appellent « le rendezvous » .Ilsesitue plus au sud, à Cogolin, sur la RD98. «Sionperdait là, on perdait tout. On est sur un replat, au pied de la montée vers Cavalaire. Après, le feu se serait arrêté à la mer. On n’avait plus de capacités. »
Ce sont des hommes au sol qui ont réussi à faire tomber le front de flammes. Ce front étant rétréci, car attaqué par les côtés.
Le long de ces lisières, il y avait des milliers d’habitations, voire des villages
Collobrières
RD
La GardeFreinet entiers. Président du Sdis 83, Dominique Lain salue et soutient le travail des sapeurs-pompiers. « Leur gestion a permis d’éviter une très grande catastrophe. Rien ne doit cacher tout le travail accompli, dans des conditions hors-norme. »
Mise en danger
La controverse avec les habitants attriste. « Je le regrette, on ne peut pas être partout. » Pour Éric Grohin, «le premier problème est l’accessibilité. Ensuite, avec un effort de débroussaillement, rien ne se serait passé. En forêt, on ne peut pas tout attendre des pompiers. Sinon, ce sont eux qui sont mis en danger. »
La première nuit, on a « entendu “URGENT” à la radio peut-être dix ou quinze fois. C’est le message des équipes en difficulté. Quand ils sont dans le feu, de nuit, il faut qu’ils s’en sortent seuls ». Ce mercredi 1er septembre, les pompiers varois, dont le colonel, ont commémoré le décès de trois des leurs, en 2003, sur la RD 14 – bien visible depuis le hameau. « Les pompiers ont le droit de mourir ? Non, ils doivent être en sécurité. »
La Môle
Zones brûlées dans la Plaine et la forêt des Maures
Plus de 400 maisons dans le périmètre
Grimaud
Plus de ha auraient pu brûler dans ce périmètre, avec environ bâtiments, dont campings, hôtels, restaurants...
‘‘
Ne pas garder ces moyens aurait été de la folie”