Raducanu, c’est fou !
AWimbledon, étouffée par la pression, elle avait abandonné en 8e. Deux mois plus tard, Emma Raducanu, première joueuse de l’histoire issue des qualifications à décrocher un Grand Chelem à l’US Open, s’impose à 18 ans comme le nouveau visage radieux du tennis féminin. Déjà performante pour sa première participation à un Majeur, la Londonienne avait été subitement prise de vertiges et en proie à des problèmes respiratoires, face à l’Australienne Ajla Tomljanovic.
Celle qui était alors la 338e mondiale avait expliqué après son malaise « avoir sans doute mal géré le stress en jouant devant une foule si nombreuse ».
Au commentaire pour ESPN, l’ancien champion John McEnroe avait estimé, avant même ses explications, que Raducanu avait « un petit peu trop » de poids sur les épaules, « l’invitant à apprendre » de ce moment. Il était loin d’imaginer la suite.
Déjà « bankable »
Force est de constater que huit semaines plus tard, Emma Raducanu, devenue la première Britannique lauréate d’un Majeur depuis Virginia Wade en 1977 à Wimbledon, a vite appris à maîtriser ses émotions. D’autant que l’immense Arthur Ashe et ses quelque 23000 spectateurs, bien plus électriques, en ont lessivé des joueuses et des joueurs avant elle depuis des décennies.
Cela s’est vu de façon éclatante en finale contre l’autre « teenager » Leylah Fernandez, 19 ans, qui a aussi fait sensation durant la quinzaine.
Comme lors de ses neuf précédents matches, elle s’est imposée en deux sets (6-4, 63), devenant de surcroît la plus jeune lauréate en Majeur depuis la Russe Maria Sharapova qui avait remporté Wimbledon à 17 ans en 2004. Nul ne sait comment la jeune femme, qui a fait souffler un vent de fraîcheur sur le tennis avec la Canadienne, va pouvoir gérer cette nouvelle exposition médiatique. Celle-ci peut être difficile à supporter, comme en témoigne le cas Naomi Osaka, à qui elle succède au palmarès, qui est en proie à de récurrents problèmes d’anxiété. Raducanu, qui s’affiche dans la dernière édition britannique du magazine Vogue, est déjà « bankable » puisqu’elle a signé des partenariats avec les équipementiers Nike et Wilson, mais aussi le joailler Tiffany &Co.
Navratilova : « Elle a ce truc... »
Le talent ne faisant pas tout, Raducanu expliquait cette semaine à Flushing Meadows que sa mère lui a «inculqué dès (son) plus jeune âge le travail et la discipline ».
Elle dit aussi s’être aussi inspirée de Li Na, l’ancienne joueuse chinoise lauréate de Roland-Garros en 2011, « rien que par sa façon d’avoir été une compétitrice acharnée ».
L’ancienne championne Martina Navratilova, elle, l’avait déjà annoncé durant le tournoi : « C’est une superstar en devenir. On ne veut pas trop lui mettre la pression, mais elle a ce truc qu’on a vu la première fois avec (Rafael) Nadal, (Novak) Djokovic et qu’on voit pour (l’Espagnol de 18 ans) Carlos Alcaraz. C’est là sous nos yeux. Elle est née pour ça ».