Monaco-Matin

Comment une possible pénurie d’eau a été évitée

Confrontée à une baisse de la nappe alluviale de la Roya – dans laquelle l’eau potable est captée – la communauté de la Riviera française a dû trouver des solutions immédiates. Et pour l’avenir.

- ALICE ROUSSELOT

Àl’image d’un effet papillon, la tempête Alex a eu des répercussi­ons insoupçonn­ées sur… le littoral. Des conséquenc­es sur la ressource en eau potable du bassin mentonnais, plus précisémen­t, pompée depuis de nombreuses années dans la rivière Roya – côté italien. Le problème ?

Le constat : baisse de la nappe alluviale

« Les systèmes de contrôle ont relevé une baisse de la nappe entre le début et la mi-novembre ,exposeledi­recteur général des services techniques de la Riviera française, Sylvain Michelet. En février, nous avons constaté que le niveau ne se relevait pas, malgré la pluie. Alors nous avons essayé de comprendre. » Différents partenaire­s ont, dès lors, été appelés à la rescousse. À commencer par le Bureau de recherches géologique­s et minières (BRGM), qui assure le suivi des nappes – dans le cadre du projet franco-italien Alcotra « Concert’eau ».

« Les hydrogéolo­gues ont confronté leurs idées pour trouver les causes, et surtout une solution. » Objectif : recouvrer un niveau de nappe suffisant. Au plus vite. Avant l’arrivée de l’été, des touristes, et des pics de consommati­on en eau qui en découlent.

« Les Italiens nous ont laissé la possibilit­é d’intervenir

sur site. Les premiers éléments qui en sont sortis, c’est qu’une pellicule se déposait au fond du cours d’eau. En raison des centaines de milliers de m3 d’éléments charriés. »

Pour comprendre ce phénomène, il faut tâcher de visualiser la rivière. La Roya n’est pas à proprement parler un fleuve mais un cours d’eau torrentiel, coulant sur des pentes relativeme­nt fortes.

La méthode : gratter le fond du cours d’eau

« Assez logiquemen­t, les dépôts ne se font pas dans ces zones mais sur un plateau, là où la Roya est plus large, sur une pente quasi nulle. Ils bloquent alors le transfert de la rivière dans la nappe – qui, elle, ne se recharge pas comme elle devrait », résume le DGST. Insistant sur un point : ce n’est pas l’eau qui est venue à manquer, mais bien les échanges entre le cours d’eau et la nappe. Aussi fallait-il décolmater. En étroite collaborat­ion avec l’Agence régionale de santé (ARS), la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer (DDTM) et la préfecture, des grattages ont alors été réalisés. Par décision modificati­ve votée en conseil communauta­ire, 900 000 euros issus du budget eau et assainisse­ment ont été réorientés sur ce chantier. « Nous avons commencé en février-mars. Dans la mesure où les pompages sont plus importants en été, les grattages se sont faits à une plus grande fréquence à ce moment-là », dit Sylvain Michelet. Le délai le plus court entre deux opérations de ce type a été de 20 jours. « C’est clairement une solution qui fonctionne, mais nous avons voulu en trouver d’autres. »

Regarder du côté de la Vésubie

« Historique­ment, le système est conçu pour recevoir 40 % de la Vésubie et 60 % de la Roya. Nous avons fait en sorte de pouvoir procéder à un renverseme­nt. En interne, nous avons dû mettre en place système de pompage en sens inverse pour que le réseau de la Vésubie puisse être davantage utilisé », poursuit-il. Rappelant que le droit d’eau autorise la Carf à puiser à hauteur de 300 l par seconde dans cette ressource venue de l’ouest. Un débit maximal jamais atteint.

« Durant l’été, l’eau de la Roya a finalement suffi. Nous n’avons pas eu besoin d’utiliser ces dispositif­s. Mais ils relèvent de la sécurité, au cas où. » Et permettron­t à la Riviera française d’avoir un temps d’avance si de nouvelles contrariét­és aquatiques venaient à se présenter.

Inciter l’usager à réduire sa consommati­on

Pour accompagne­r cet arsenal de solutions de secours, les communes concernées ont par ailleurs été invitées à réduire leur consommati­on en eau pour l’arrosage, le nettoyage de la voirie…

Car c’est un fait : l’or bleu s’impose de plus en plus comme une préoccupat­ion majeure, à échelle mondiale et locale.

 ?? (Photo Carf) ?? Pour remonter le niveau de la nappe fluviale, des grattages du fond du cours d’eau ont été réalisés en février et mars derniers.
(Photo Carf) Pour remonter le niveau de la nappe fluviale, des grattages du fond du cours d’eau ont été réalisés en février et mars derniers.

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