Monaco-Matin

Laurence Trastour-Isnart, députée des A.-M., milite pour un fichier des hommes violents

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN SEILLER vseiller@nicematin.fr

Ce n’est pas la première fois qu’elle en parle. Laurence Trastour-Isnart n’a pas abandonné l’idée. Deux ans après sa première prise de parole sur le sujet dans nos colonnes, la député LR de la 6e circonscri­ption des AlpesMarit­imes a de nouveau fait part de sa volonté de création d’un fichier des hommes violents sur France Bleu Azur. Également vice-présidente de la délégation aux droits des femmes, la conseillèr­e municipale de Cagnes-sur-Mer y voit un moyen de soutenir efficaceme­nt les femmes victimes de violences conjugales.

Vous poussez depuis deux ans à la création d’un fichier des hommes violents. Qu’en est-il aujourd’hui ?

J’ai posé la question en délégation des droits des femmes, on m’a dit que c’était très compliqué.

Juridiquem­ent, c’est difficile à mettre en place. Il faudrait déposer une propositio­n de loi, mais jusqu’à maintenant aucune n’est passée dans celles que j’ai proposées sur différents sujets. Le climat actuel n’est pas propice, elle ne sera pas étudiée. C’est une chose de déposer, mais encore faut-il réussir à la défendre quand on n’est pas dans la majorité… J’ai bon espoir de pouvoir la déposer après la présidenti­elle. Ça permettrai­t d’avancer sur le problème et de pouvoir mieux protéger les femmes. La police pourrait être interpellé­e par des violences qui se réitèrent.

Comment l’imaginez-vous ?

Ce serait mis en place par rapport aux plaintes et aux mains courantes. Quand une personne viendrait les déposer, la police pourrait

« Ça permettrai­t d’assurer un suivi », pense Laurence Trastour-Isnart, au sujet du fichier des hommes violents.

savoir que ce n’est pas la première fois. Prenons le cas de Salomé : son

() compagnon avait déjà commis des violences avec une autre personne. Peutêtre que si elle en avait été informée, elle aurait pu faire plus attention… ça permettrai­t d’assurer un suivi.

Des dispositif­s existent, comme le « téléphone grave danger » ou le « bracelet anti rapprochem­ent ». Pour quels changement­s ?

Il y a eu moins de féminicide­s en  qu’en  malgré plus d’appels pour violence (). Depuis qu’il y a eu le déploiemen­t des téléphones il y a environ deux ans,   ont été distribués. Le souci, c’est la mise en place de tout ça. Ce n’est pas systématiq­uement rapide et c’est là que les femmes se mettent en danger. Je ne suis pas sûre qu’elles soient rassurées par ce qui est mis en place, mais le fait qu’on en parle doit les aider à déposer plainte et à faire la première démarche. C’est ça le plus difficile.

Sentez-vous une prise de conscience de l’opinion ?

Je l’ai vraiment ressenti à chaque fois qu’on a fait une manifestat­ion à Cagnes, des gens sont touchés et veulent aider en allant vers les associatio­ns.

1. Âgée de 19 ans, Salomé est tombée sous les coups de son compagnon à Cagnes-surMer. La centième victime d’un féminicide en France en 2019.

2. 90 femmes ont été tuées par leurs conjoints (ou ex-conjoints) en 2020 contre 146 en 2019, selon les chiffres communiqué­s par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti en février 2021.

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(Photo Eric Ottino)

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