Benalla, l’ex-collaborateur de l’Élysée, face à ses juges
Il est notamment jugé à Paris pour avoir brutalisé un couple lors du 1er mai 2018 et utilisé frauduleusement des passeports diplomatiques.
Il avait été recruté pour « régler les problèmes » : trois ans après le retentissant scandale qui a secoué l’Elysée, le procès de l’ancien chargé de mission Alexandre Benalla pour les violences du 1er mai 2018 et l’utilisation frauduleuse de ses passeports diplomatiques a démarré, hier, à Paris. Après un résumé des investigations, le tribunal s’est penché sur le parcours de l’ex-adjoint au chef de cabinet de la présidence, depuis le baccalauréat jusqu’à l’Elysée, en passant par ses études de droit, le service d’ordre du Parti socialiste et la campagne du candidat Emmanuel Macron.
Juste avant son vingt-cinquième anniversaire, en août 2016, l’association En Marche l’embauche pour « régler les problèmes », ou plus officiellement comme « directeur de la sûreté et de la sécurité », raconte à la barre l’ex-proche collaborateur d’Emmanuel Macron, masque chirurgical et lunettes rondes.
Séduit par « l’aventure humaine », Alexandre Benalla comptera sous ses ordres « quatre salariés » d’En Marche et « environ 450 bénévoles dans toute la France » ,détaille-t-il debout.
À l’origine d’une tempête politique qui a secoué le pouvoir pendant plusieurs mois, Alexandre Benalla, aujourd’hui âgé de 30 ans et reconverti dans le privé, doit comparaître jusqu’au 1er octobre, aux côtés de l’ex-employé d’En Marche Vincent Crase et de deux policiers.
« J’étais surpris »
Avec son coprévenu et ami Vincent Crase, ancien gendarme de 48 ans, ils doivent notamment s’expliquer sur leurs agissements, filmés, le jour de la Fête du travail 2018 contre le couple de la Contrescarpe, mais aussi sur des soupçons de violences au Jardin des plantes, deux heures plus tôt, concernant trois manifestants. Durant les premières heures du procès, le principal prévenu a répondu posément. Il avait pu avoir au cours de l’instruction un comportement « irrespectueux », s’étonne la présidente Isabelle Prévost-Desprez, qui ajoute qu’à lire certaines pièces du dossier «on se dit : “Mais pour qui il se prend ! ».
Au détour d’une question, la magistrate s’interroge aussi sur son attitude le jour de son placement en garde à vue, quelques jours après l’explosion du scandale. Il avait notamment refusé de donner le numéro de sa compagne lors de la perquisition. « J’étais surpris », « j’avais l’impression d’avoir fait quelque chose de positif pour la société, c’est-à-dire interpeller des délinquants », justifie Alexandre Benalla.
« Je ne voyais pas du tout ce que ma compagne avait à voir avec l’enquête qui venait d’être ouverte tambour battant sous la pression médiatique », poursuit-il, assurant avoir été « très collaboratif ».
Armes rendues à la justice
Pourquoi a-t-il ensuite fait déplacer, dans la nuit, le coffre-fort contenant ses armes qui se trouvait dans l’appartement, demande la présidente. « Mon domicile était facilement identifiable », « je pouvais être ciblé par des gens mal intentionnés », soutient-il, ajoutant avoir ensuite remis les armes à la justice. Une instruction est toujours en cours sur la disparition de ce coffre-fort.
« Pour quelqu’un qui a voulu être commissaire de police », n’est-ce pas une « attitude inadaptée ? »
« Non, je ne pense pas », répond Alexandre Benalla, qui réfute toute « provocation ». Au cours des trois semaines d’audience, Alexandre Benalla devra aussi répondre de l’utilisation de deux passeports diplomatiques après son limogeage de l’Elysée. Il est aussi soupçonné d’avoir obtenu un passeport de service en produisant un faux, ce qu’il conteste. Il est enfin poursuivi pour port d’arme non autorisé, en avril 2017 à Poitiers, pendant la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Il encourt jusqu’à sept ans de prison et 100 000 euros d’amende.