Monaco-Matin

Trois nouveaux atouts pour Macron

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Alors que se multiplien­t les actes de candidatur­e à la présidenti­elle autour de lui, Emmanuel Macron ne se déclare pas mais laisse se déployer le dispositif qui devrait conduire à son entrée en campagne. Toutes ses déclaratio­ns sur les réformes ou l’avenir du pays le projettent bien au-delà du printemps . Et son armée électorale se met en ordre de marche. Après François Bayrou, fidèle allié depuis , tenant d’une grande formation qui rassembler­ait LREM, le Modem et Agir pour soutenir la réélection du Président, c’était, ce dimanche, au tour d’Edouard Philippe d’entrer dans la danse macronienn­e. Fin du suspense autour de l’ancien Premier ministre ! S’il entend créer son propre mouvement, il soutiendra Macron « par loyauté et cohérence » l’année prochaine. Il passe donc son tour et, sans l’avouer, se fixe pour cap .

Il est évident que ces deux hommes sont des atouts maîtres pour le chef de l’Etat. Bayrou lui apporte son expérience, Philippe sa popularité. C’est important tant La République en marche est à la peine : les élections intermédia­ires ont souligné sa médiocre implantati­on locale et aucun de ses dirigeants ne s’est vraiment imposé sur la scène nationale. Macron plonge dans l’ombre ses fidèles du premier jour. Sans doute n’en souffre-t-il guère tant il se pense seul capable d’incarner le macronisme. Sa démarche est différente de celle de ses prédécesse­urs qui s’appuyaient sur une puissante formation majoritair­e. Il préfère passer des alliances autour de lui, créer des liens avec de grands feudataire­s comme Bayrou et Philippe, qui lui permettent d’élargir son espace électoral, plutôt que d’être prisonnier d’une étouffante machine partisane. Mais un autre atout, aussi inattendu que sans doute inespéré, lui est offert ces jours-ci par Eric Zemmour. Tout rapproche le journalist­e-polémiste d’une candidatur­e à la présidenti­elle. Les sondages montrent qu’il dispose d’un capital de départ comparable, par exemple, à celui d’Anne Hidalgo. En décidant de décompter ses interventi­ons quotidienn­es sur CNews dans l’hypothèse où il se présentera­it, le CSA, régulateur de l’audiovisue­l, vient de pousser la chaîne à lui demander d’abandonner son émission. Une telle mesure ne peut que l’encourager à partir lui aussi à l’assaut de l’Elysée. A la plus grande satisfacti­on, c’est une évidence politique, du chef de l’Etat. Eric Zemmour candidat prendrait des voix aussi bien à Marine Le Pen qu’au candidat de la droite, voire à l’extrême gauche. Pour le chef de l’Etat – qui lui aurait apporté son soutien au printemps  alors qu’il venait d’être agressé dans la rue –, Zemmour serait un allié « objectif ». De fait, il ferait son jeu. Le polémiste est trop avisé et connaisseu­r de la politique pour l’ignorer. Mais peut-être se voit-il, lui aussi, en vainqueur en  !

« Eric Zemmour candidat prendrait des voix aussi bien à Marine Le Pen qu’au candidat de la droite, voire à l’extrême gauche. »

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