Monaco-Matin

ON DÉNICHE DES PÉPITES À CHALOU DÉCORATION

UN UNIVERS RÉSOLUMENT À PART

- Chalou Décoration. 49, rue de la Buffa, à Nice. Du lundi au samedi de 14 h à 20 h. Rens. 04.93.82.91.01. TEXTE ET PHOTOS LAURENCE LUCCHESI llucchesi@nicematin.fr

Créée en 2004 par une passionnée d’art et de mode, cette adresse niçoise, que les connaisseu­rs s’échangent par le bouche-àoreille, est une valeur sûre, unique en son genre.

Murs intérieurs peints en corail ou privilégia­nt les pierres apparentes, sol orné de tommettes 1900 restées dans leur jus... On ressent sur-le-champ une chaleureus­e impression en poussant la porte de Chalou Décoration, au 49, rue de la Buffa, à Nice. Sanglée dans une chic robe noire et rose Léonard d’inspiratio­n asiatique, Milie, petit bout de femme à la personnali­té à la fois affirmée et attachante, nous accueille dans sa boutique vintage. Dans son cabinet de curiosités, pourrait-on dire, tant ce lieu étonnant regorge de trouvaille­s incroyable­s.

Saint Laurent, Ungaro Féraud ou Mugler

Ici, un ravissant service à thé Art déco, au design caractéris­tique et aux chromes rutilants. Disposés tout autour du plateau et mis en valeur par de jolis cadres, des portraits de beautés des années cinquante, dont l’une, houpette à la main, est affairée à se démaquille­r devant sa coiffeuse, attirent le regard. Et contribuen­t à créer l’atmosphère délicieuse­ment girly et propice à la rêverie qui règne ici.

Là, un splendide manteau rouge Louis Féraud en gabardine de laine, à la coupe cintrée, avec des finitions faites à la main, de grande facture, « une confection comme on n’en fait plus aujourd’hui » ,assure notre hôte.

Toujours côté dressing, une robe marine en mousseline de soie, des pièces siglées Yves Saint Laurent, Ungaro, une robe Mugler en lin, ou encore un exquis tailleur-jupe jaune citron créé dans les seventies sur la Côte d’Azur, chez Fabienne boutique. « Je ne choisis que des vêtements de fabricatio­n française ou italienne, quasiment jamais de made in China, Taiwan ou Bangladesh. C’est un parti pris. Et je privilégie les vêtements réalisés à partir de belles matières, vous ne trouverez jamais ici de vêtements en polyester, par exemple », souligne Milie.

Sous les regards des stars hollywoodi­ennes

Autre pépite : un décapsuleu­r en forme de perroquet des années 1940, venu des États-Unis. Sous les regards des stars hollywoodi­ennes alignées sur d’authentiqu­es photos dans le fond de l’échoppe, on découvre également une débauche de couvre-chefs : chapeaux en feutres, turbans et autres bérets voisinent dans un joyeux éclectisme, non loin d’une malle d’anthologie, à l’effigie du Ballet classique de France.

Un petit meuble noir à tiroirs laqué intérieure­ment comme extérieure­ment, s’avère provenir d’une boutique Kenzo à

Paris. Paris, où Milie a justement vu le jour en 1970, et baigné dès l’enfance dans un univers empreint d’esthétisme : « Mon père étant un grand collection­neur de montres, j’ai eu l’occasion de traîner à Drouot dès l’âge de dix ans. Peu à peu, sans même que je m’en rende compte, mon oeil s’est formé. »

Mais c’est dans le domaine de la mode que cette passionnée va faire ses armes, en créant son entreprise et en lançant dès l’âge de dix-huit ans sa ligne de

« Au-delà de la rareté des objets, ce que les clients recherchen­t, c’est de l’humanité »

maillots de bain, baptisée de son vrai prénom, Milica (prononcez Militza). Elle vit alors en Martinique, où elle présente ses créations en les portant elle-même sur les plages, une première qui fait sensation. L’hiver, elle vient quatre mois durant sur la Côte d’Azur, où elle finit par s’établir définitive­ment en 1997, lorsqu’elle se sépare de son associé. Un temps employée à l’aéroport puis au

Negresco, Milie décidera finalement de créer en 2004 sa propre boutique, Chalou, contractio­n des prénoms de ses deux enfants. Dans une ancienne cave à vins.

Supplément d’âme

Depuis, le succès ne s’est jamais démenti. Outre une clientèle de quartier, fidélisée depuis quinze ans et pour lesquels elle est devenue une figure, Milie compte aussi parmi ses habitués des étrangers, qui lui rendent invariable­ment une visite annuelle.

Tous certains de dénicher à chaque fois de nouvelles petites merveilles, de 15 à 500 euros, qui feront leur effet. Et de pouvoir flâner dans la boutique à leur aise, sans pression aucune de celle qui préfère assurer une présence discrète, conseiller à la demande et jouer accessoire­ment les confidente­s. « J’ai créé peu à peu des liens avec toutes ces personnes. Je crois qu’au-delà du côté rareté de ce qui est proposé à la vente ici, ce qu’elles recherchen­t est une chose qui fait de plus en plus défaut : l’humanité. Tout simplement. Car je ne triche pas, et j’ai plus de facilité à les écouter qu’à leur parler de moi. Sans chercher non plus à les brosser dans le sens du poil. Et ça se ressent. » Un lieu qui vaut donc définitive­ment le détour, car chargé d’un petit supplément d’âme...

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 ??  ?? Art déco et rétro chic.
Art déco et rétro chic.
 ??  ?? Un perroquet décapsuleu­r des années .
Un perroquet décapsuleu­r des années .
 ??  ?? Milie en son royaume.
Milie en son royaume.

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