ON DÉNICHE DES PÉPITES À CHALOU DÉCORATION
UN UNIVERS RÉSOLUMENT À PART
Créée en 2004 par une passionnée d’art et de mode, cette adresse niçoise, que les connaisseurs s’échangent par le bouche-àoreille, est une valeur sûre, unique en son genre.
Murs intérieurs peints en corail ou privilégiant les pierres apparentes, sol orné de tommettes 1900 restées dans leur jus... On ressent sur-le-champ une chaleureuse impression en poussant la porte de Chalou Décoration, au 49, rue de la Buffa, à Nice. Sanglée dans une chic robe noire et rose Léonard d’inspiration asiatique, Milie, petit bout de femme à la personnalité à la fois affirmée et attachante, nous accueille dans sa boutique vintage. Dans son cabinet de curiosités, pourrait-on dire, tant ce lieu étonnant regorge de trouvailles incroyables.
Saint Laurent, Ungaro Féraud ou Mugler
Ici, un ravissant service à thé Art déco, au design caractéristique et aux chromes rutilants. Disposés tout autour du plateau et mis en valeur par de jolis cadres, des portraits de beautés des années cinquante, dont l’une, houpette à la main, est affairée à se démaquiller devant sa coiffeuse, attirent le regard. Et contribuent à créer l’atmosphère délicieusement girly et propice à la rêverie qui règne ici.
Là, un splendide manteau rouge Louis Féraud en gabardine de laine, à la coupe cintrée, avec des finitions faites à la main, de grande facture, « une confection comme on n’en fait plus aujourd’hui » ,assure notre hôte.
Toujours côté dressing, une robe marine en mousseline de soie, des pièces siglées Yves Saint Laurent, Ungaro, une robe Mugler en lin, ou encore un exquis tailleur-jupe jaune citron créé dans les seventies sur la Côte d’Azur, chez Fabienne boutique. « Je ne choisis que des vêtements de fabrication française ou italienne, quasiment jamais de made in China, Taiwan ou Bangladesh. C’est un parti pris. Et je privilégie les vêtements réalisés à partir de belles matières, vous ne trouverez jamais ici de vêtements en polyester, par exemple », souligne Milie.
Sous les regards des stars hollywoodiennes
Autre pépite : un décapsuleur en forme de perroquet des années 1940, venu des États-Unis. Sous les regards des stars hollywoodiennes alignées sur d’authentiques photos dans le fond de l’échoppe, on découvre également une débauche de couvre-chefs : chapeaux en feutres, turbans et autres bérets voisinent dans un joyeux éclectisme, non loin d’une malle d’anthologie, à l’effigie du Ballet classique de France.
Un petit meuble noir à tiroirs laqué intérieurement comme extérieurement, s’avère provenir d’une boutique Kenzo à
Paris. Paris, où Milie a justement vu le jour en 1970, et baigné dès l’enfance dans un univers empreint d’esthétisme : « Mon père étant un grand collectionneur de montres, j’ai eu l’occasion de traîner à Drouot dès l’âge de dix ans. Peu à peu, sans même que je m’en rende compte, mon oeil s’est formé. »
Mais c’est dans le domaine de la mode que cette passionnée va faire ses armes, en créant son entreprise et en lançant dès l’âge de dix-huit ans sa ligne de
« Au-delà de la rareté des objets, ce que les clients recherchent, c’est de l’humanité »
maillots de bain, baptisée de son vrai prénom, Milica (prononcez Militza). Elle vit alors en Martinique, où elle présente ses créations en les portant elle-même sur les plages, une première qui fait sensation. L’hiver, elle vient quatre mois durant sur la Côte d’Azur, où elle finit par s’établir définitivement en 1997, lorsqu’elle se sépare de son associé. Un temps employée à l’aéroport puis au
Negresco, Milie décidera finalement de créer en 2004 sa propre boutique, Chalou, contraction des prénoms de ses deux enfants. Dans une ancienne cave à vins.
Supplément d’âme
Depuis, le succès ne s’est jamais démenti. Outre une clientèle de quartier, fidélisée depuis quinze ans et pour lesquels elle est devenue une figure, Milie compte aussi parmi ses habitués des étrangers, qui lui rendent invariablement une visite annuelle.
Tous certains de dénicher à chaque fois de nouvelles petites merveilles, de 15 à 500 euros, qui feront leur effet. Et de pouvoir flâner dans la boutique à leur aise, sans pression aucune de celle qui préfère assurer une présence discrète, conseiller à la demande et jouer accessoirement les confidentes. « J’ai créé peu à peu des liens avec toutes ces personnes. Je crois qu’au-delà du côté rareté de ce qui est proposé à la vente ici, ce qu’elles recherchent est une chose qui fait de plus en plus défaut : l’humanité. Tout simplement. Car je ne triche pas, et j’ai plus de facilité à les écouter qu’à leur parler de moi. Sans chercher non plus à les brosser dans le sens du poil. Et ça se ressent. » Un lieu qui vaut donc définitivement le détour, car chargé d’un petit supplément d’âme...