Monaco-Matin

« Il ne faut pas que je m’emballe »

Clément Champoussi­n, vainqueur d’étape sur la Vuelta, retrouve la compétitio­n aujourd’hui. Le grimpeur reste concentré sur cette fin de saison et ne tombe pas dans l’euphorie.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

Il y a dix jours, Clément Champoussi­n crevait l’écran. Le Niçois s’imposait lors de la dernière étape de montagne de la Vuelta en faussant compagnie à tous les favoris dans l’ultime rampe en direction de Castro de Herville. Un bouquet final grandiose pour le grimpeur de 23 ans, qui s’était déjà montré à son avantage et terminait l’épreuve à la 16e place. Après trois jours de repos, le jeune talent d’AG2R-Citroën a accepté de revenir, le temps d’un café sur le bord de mer niçois, sur sa plus belle victoire.

Cette victoire, vous réalisez ?

Quand j’ai passé la ligne, je ne réalisais pas trop car c’était inattendu. En plus, l’oreillette ne marchait pas bien, donc je me demandais s’il n’y avait pas quelqu’un devant. C’est pour ça que je n’ai pas levé les bras sur la ligne. Mais maintenant, j’ai bien réalisé.

Quand votre échappée a été reprise par le groupe Roglic, vous avez toujours cru en vos chances ?

Déjà, j’étais content d’être dans l’échappée parce que ça avait bien bataillé pour l’intégrer. Je me disais que si j’étais dans une bonne journée, je pourrais faire un beau résultat, d’autant qu’on était trois de l’équipe (avec Calmejane et Dewulf). On roulait tranquille­ment, mais on a pris beaucoup de temps. Avec  minutes d’avance, je pensais que l’échappée irait au bout. Quand on a appris que le groupe des favoris revenait, j’ai pensé que ça serait impossible de jouer la victoire. Mais dans la dernière bosse, j’ai vu que j’étais bien. Quand les leaders se sont attaqués, j’étais juste derrière. L’équipe me poussait, je me suis accroché et je suis rentré pile au bon moment, sur la partie raide. Je me suis dit qu’il ne fallait pas que je ralentisse. Qu’ils seraient peut-être un peu surpris. Ils se sont regardés et j’ai pu faire un petit écart. Mais il ne fallait pas que le dernier kilomètre soit plus dur.

Vous avez dû le trouver très long ?

Je me suis fait mal, mais ça valait le coup : remporter une belle étape, surtout le week-end. Je ne me suis pas retourné et je suis allé à fond jusqu’au bout. C’est surtout les  derniers mètres qui ont été durs...

Vous aviez déjà terminé e et e sur des étapes. Il y avait de la frustratio­n d’être passé proche de la victoire ?

Quand je termine e, j’étais quand même content, surtout

Clément Champoussi­n, ici sur le bord de mer niçois, a pu profiter de quelques jours chez lui avant de repartir sur les courses.

que je sortais d’une première semaine où je n’avais pas de bonnes sensations. D’autant que dans l’échappée, il y avait de très bons coureurs (Storer, vainqueur d’étape, mais aussi Vansevenan­t, Van Baarle, Martin, Elissonde...). J’avais manqué de forme physique mais aussi de tactique parce que j’avais essayé d’attaquer alors que je n’étais pas le plus fort et quand je me suis fait contrer je n’ai pas pu prendre les roues. Lors de la deuxième échappée (victoire de Romain Bardet), je me sentais bien mais dans la dernière montée, il m’a manqué un petit quelque chose pour suivre le rythme. Tactiqueme­nt, je n’avais pas super bien couru non plus car le podium de l’étape était accessible. De cette Vuelta, je retiens aussi l’étape où je termine e aux lacs de Covadonga. C’était un bon résultat parce que je suis resté très longtemps avec les meilleurs sur une des étapes les plus relevées.

Vous aviez fait le plein de confiance ce jour-là ?

Oui, j’ai vu que j’étais dans une bonne condition, meilleure que les jours précédents, que je pouvais espérer un beau résultat.

Quels ont été les retours au sein de votre équipe après ce succès ?

Tous mes coéquipier­s étaient contents, Vincent (Lavenu, le manager général) aussi d’autant que cette année on a remporté une étape sur les trois grands Tours (avec Vendrame sur le Giro et O’Connor sur le Tour). Et comme on n’avait pas réussi à gagner sur les  premières étapes, c’était notre dernière chance.

Que vous a dit Roglic ?

Je me suis retrouvé avec lui au podium protocolai­re, il m’a félicité. Un moment sympa que j’espère revivre.

Vous terminez e du général à ’ de Roglic. Est-ce que ça a été un objectif pendant la course ?

La première semaine, j’avais perdu beaucoup de temps, puisque je m’étais relevé sur plusieurs étapes, donc je n’avais pas regardé le général. Mais avec mes deux échappées, j’ai regagné une vingtaine de minutes et je m’étais replacé à la e place avant la dernière semaine. Du coup, l’équipe m’a demandé de m’accrocher pour intégrer le

« top  » et marquer des points (au classement UCI).

Au final, c’est quand même une place significat­ive ?

Je ne trouve pas que ça soit une grosse performanc­e. Seizième de la Vuelta, ça ne me fait pas rêver. Je préférais partir à l’attaque, me faire plaisir, pour jouer l’étape, mais ça démontre que j’ai été régulier, que j’ai bien encaissé les trois semaines.

Ces résultats vous ouvrent de nouvelles perspectiv­es pour la suite et la saison prochaine ?

Il ne faut pas que je m’emballe. Je vais continuer à travailler et j’espère que je serai plus performant et régulier sur les courses World Tour. Mais avant de penser à , je vais essayer de bien finir cette saison, avec le Tour du Luxembourg et les courses en Italie (Tour d’Emilie, Milan-Turin et le Tour de Lombardie). L’année prochaine, j’espère me faire plaisir comme sur cette Vuelta sur un grand Tour, en jouant les étapes. Et puis, pour prendre de la caisse, il n’y a pas mieux.

Sur le Tour de France ?

C’est sûr que ce serait le top, mais c’est l’équipe qui va décider.

Avec une victoire d’étape sur la Vuelta, ça donne des arguments pour votre sélection...

Je ne sais pas, de toute façon le Tour c’est encore loin.

Quel est l’objectif cette semaine sur le Tour du Luxembourg ?

On aura une belle équipe au départ, avec Benoît (Cosnefroy), Ben O’Connor. Ce parcours peut plaire à Benoît.

Vous regardez davantage le Tour de Lombardie ?

J’ai envie de bien finir la saison sur les trois courses italiennes qu’il me reste. Sur le Tour de Lombardie, j’avais bien marché chez les jeunes (e en , e en ), mais là ça sera différent. C’est un monument et il y aura  kilomètres ! Mais ça me permettra de voir ma progressio­n, sur une course aussi longue et dure, par rapport à l’an passé où j’avais eu du mal pendant la dernière heure à Liège (e) et sur le Tour de Lombardie (ab.).

‘‘

Roglic m’a félicité. Un moment sympa que j’espère revivre. ”

Ce sera ensuite les vacances ?

Après, peut-être que je disputerai le Roc d’Azur et la Trans Riviera en VTT. Ça me brancherai­t bien. Quand je peux, j’aime faire quelques courses, comme les championna­ts de France à Levens, où j’avais fait un bon résultat (il avait terminé e), alors que je n’avais plus couru depuis longtemps. Ça m’a redonné envie de disputer des courses (rires).

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(Photo Sébastien Botella)

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