« Pourquoi pas le podium ? »
Rapide mais pas verni au Mans, absent à Estoril (blessure), Alan Techer le Grassois retrouve la Kawasaki n°4 et sa course « à la maison » avec l’envie de taquiner les favoris 24 heures durant.
Attention, sur les circuits du championnat du monde d’endurance (FIM EWC), une Kawasaki peut désormais en cacher une autre aux avantpostes. Si la Ninja ZX-R de l’équipe varoise SRC (n°) demeure l’arme la plus affûtée du constructeur nippon, celle du Tati Team (n°) s’est rapprochée des machines de pointe en cette saison. Notamment aux Heures du Mans où Alan Techer avait réussi un départ canon et mené la danse en début de course, voilà trois mois. Enrôlé à l’aube du Bol d’Or par la structure rhodanienne, alors débutante dans la catégorie reine après avoir décroché la Coupe du monde Superstock, le Grassois, champion EWC - chez Honda F.C.C TSR -, est indéniablement l’un des principaux artisans de la spectaculaire montée en puissance. Pour lui et pour ses compagnons de piste, Sébastien Suchet le Suisse et Morgan Berchet le Haut-Savoyard, reste maintenant à savoir faire rimer performance avec constance. Victime d’une lourde chute en FSBK (championnat de France Superbike) qui l’a contraint à mettre la moto entre parenthèses cet été, Alan l’Azuréen veut redémarrer plus fort au Castellet.
Alan, d’abord, comment va votre main ?
Ça va beaucoup mieux qu’après mon gadin à PauArnos ! Malgré cette double fracture (troisième et cinquième métacarpes, ndlr), au début, j’espérais participer comme prévu aux Heures d’Estoril ( juillet). Mais il a fallu se rendre à l’évidence. On m’a d’abord conseillé de passer sur le billard. J’ai refusé. Avant de prendre une décision, mieux valait consulter les spécialistes qui me suivent depuis longtemps, le chirurgien de la clinique Oxford à Cannes ainsi que le Dr Marc Saramito au Cannet. Réflexion faite, j’ai tiré un trait sur l’opération. Repos total de rigueur, également pour mes deux vertèbres fissurées. Et pas de retour précipité afin d’éviter une complication, voire des séquelles définitives. Finalement, on a donc zappé le Portugal et deux manches du FSBK. Un choix que je ne regrette pas. Fin août, lors de mon retour en
‘‘compète’’ sur le circuit Carole, ça tirait un peu, mais la douleur était supportable. Aujourd’hui, il ne s’agit plus que d’un mauvais souvenir.
Votre absence au Portugal, vous ne l’avez pas trop mal vécue ?
Ah si, quand même... Après les Heures du Mans, j’avais hâte d’enchaîner, de confirmer notre progression. Le programme Endurance est très important pour moi car j’espère réintégrer un top team bientôt. Là, je ne pouvais que ronger mon frein à la maison. Ni footing, ni vélo... J’ai regardé le début et la fin de la course à la télé, avec des fourmis dans le poignet droit. Bon, il fallait passer par là. Ce break total, tout compte fait, il m’a permis de redémarrer avec un boost supplémentaire. Une motivation extrême.
Le retour du Bol d’Or tombedoncàpic?
Évidemment ! Même si je vis désormais loin de Grasse, en Normandie, le Bol, c’est la maison. Ça l’est d’autant plus que cette piste du circuit Paul Ricard convient parfaitement à mon style de pilotage. Il faut être rapide partout, bien placé en entrée de virage, savoir garder de la vitesse. J’adore !
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Au Mans, le bond en avant m’a surpris ”
Cette année, le Tati Team a clairement franchi un palier en performance pure. Dans quels domaines la Kawasaki n° a-t-elle progressé ?
Il y a plusieurs facteurs.
D’abord, on bénéficie d’un boîtier électronique plus perfectionné qui réduit la consommation. De quoi faire des relais plus longs. Akira, le préparateur moteur, a bien travaillé. Au guidon, on apprécie le confort accru, on peut pousser plus fort. Les freins fournis par Beringer, notre nouveau partenaire principal, s’avèrent constants, puissants. Sans oublier les pneus que l’on connaît très bien. Ma collaboration avec Michelin dure depuis plus de deux ans. Je fais des essais en dehors des weekends de course. J’utilise également ces gommes en FSBK. Donc j’ai confiance, je les exploite correctement. Au Mans, lors des qualifications, le bond en avant m’a tout de même surpris : ’’’ en , ’’’ en juin dernier.
Je ne m’attendais pas à une telle différence. Pareil en rythme course puisque je signe le meilleur tour absolu (’’’) avant nos soucis.
Sur quoi avez-vous mis l’accent lors des essais préBol ?
L’important, c’était de se caler en rythme de course avec nos pneus standards S et H. Et puis peaufiner les réglages sur du Tati Team s’est encore intercalée entre les machines de pointe : en ’’’. ce tracé, même si on a le même châssis et le même bras oscillant qu’en . La nouvelle gestion électronique nécessitait quelques ajustements.
Au Bol, l’équipe ne veut plus juste se montrer mais concrétiser, c’est ça ?
Nous voulons un résultat, oui. Avec Sébastien (Suchet), c’est ma deuxième saison. On s’entend bien. Idem avec Morgan (Berchet) qui a pris le train en marche à Estoril à la place de Julien Enjolras. On se connaît depuis nos débuts. Il est jeune, dynamique, rapide et il ne
tombe pas. Voyons ce que la course nous réserve. Mais sans pépin, à la régulière, la Kawa n° peut finir dans le top . Et même plus si affinités. Pourquoi pas le podium ?
Pour conclure, parlez-nous du virage de la paternité que vous négocierez l’hiver prochain. Un sacré tournant, non ?
En effet... J’ai appris la bonne nouvelle juste avant les Heures du Mans. Certains me disaient alors que j’allais tout de suite perdre une seconde au tour. N’importe quoi ! En mode endurance, sur le circuit Bugatti, je n’ai jamais été aussi rapide que cette année. Cela dit, l’arrivée d’un enfant changera certainement le pilote, comme l’homme. À ans, nul doute que cette nouvelle responsabilité me permettra de gagner en maturité.