Monaco-Matin

Des porteurs de faux pass en réanimatio­n à Antibes

Alors que le nombre de vaccinés parmi les malades graves ne cesse de croître, l’hôpital antibois découvre que certains de ses patients sont en réalité porteurs de faux pass vaccinaux. Un phénomène plus large.

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

T «rois patients en deux semaines, trop c’est trop ! » Le Dr Eric Denis, responsabl­e de l’unité d’infectiolo­gie au Centre hospitalie­r d’Antibes, ne décolère pas. « Parmi les patients qui occupent les lits de réanimatio­n, on découvre que certains sont porteurs de faux pass vaccinaux. Il s’agit souvent de patients jeunes, âgés de 40 ans et moins. » La « supercheri­e » est découverte à l’issue d’examens biologique­s réalisés systématiq­uement lors de l’hospitalis­ation. « L’absence d’anticorps laisse peu de doute dans la mesure où généraleme­nt, les seuls patients dans cette situation sont des personnes immunodépr­imées pour d’autres motifs que la Covid… »

Remonter la filière

Il reste que la preuve est difficile à fournir : il n’est jamais exclu que la personne soit en situation d’échec vaccinal. Aussi, l’équipe antiboise n’hésite pas à livrer ses interrogat­ions aux patients suspectés d’être porteurs de faux pass. « Lorsque nous les confronton­s à nos doutes sur leur statut vaccinal, ils finissent par nous dire la vérité. » La « peur du vaccin » serait l’argument majeur avancé. Si ces patients bénéficien­t évidemment des mêmes soins que les autres, des enquêtes sont systématiq­uement conduites pour remonter la filière de ces faux pass : usurpation d’identité, acquisitio­n de faux pass - « Un patient confiait avoir payé 350 euros en liquide pour obtenir ce sésame »-, piratage des comptes AmeliPro (lire par ailleurs)…

« La preuve est difficile à fournir »

Interrogés sur l’existence de phénomènes identiques, les établissem­ents contactés répondent que « c’est probable, mais que la preuve est difficile à fournir ».

Le chef du service d’infectiolo­gie du CHU de Nice est un peu plus affirmatif : « Nous avons reçu quelques patients avec des pass très douteux ; ils affirment qu’ils ont eu la Covid ou qu’ils sont vaccinés, et on ne trouve aucune trace d’anticorps. »

« Notre rôle reste de soigner »

Mais le spécialist­e ne va pas plus loin. Volontaire­ment. « C’est un terrain glissant ; les détenteurs de faux pass ne veulent pas du vaccin, mais ils ne veulent pas plus supporter les contrainte­s que la société leur impose, au nom de ce choix. Alors ils transgress­ent la loi. Mais notre rôle reste de soigner. » Un ton mesuré qui tranche avec d’autres propos (anonymes). « Les non-vaccinés évoquent leur liberté de choix… On peut aussi leur parler de leur liberté d’épuiser des soignants en sous-nombre, d’emboliser nos capacités alors que nous devons faire face à un nombre croissant de malades triplement vaccinés, mais chez lesquels le vaccin est inefficace...»

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(Photo d’illustrati­on Philippe Arnassan) Il n’existe pas de profil-type des porteurs de faux pass, selon le Dr Eric Denis : « C’est monsieur tout le monde… »

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