Des porteurs de faux pass en réanimation à Antibes
Alors que le nombre de vaccinés parmi les malades graves ne cesse de croître, l’hôpital antibois découvre que certains de ses patients sont en réalité porteurs de faux pass vaccinaux. Un phénomène plus large.
T «rois patients en deux semaines, trop c’est trop ! » Le Dr Eric Denis, responsable de l’unité d’infectiologie au Centre hospitalier d’Antibes, ne décolère pas. « Parmi les patients qui occupent les lits de réanimation, on découvre que certains sont porteurs de faux pass vaccinaux. Il s’agit souvent de patients jeunes, âgés de 40 ans et moins. » La « supercherie » est découverte à l’issue d’examens biologiques réalisés systématiquement lors de l’hospitalisation. « L’absence d’anticorps laisse peu de doute dans la mesure où généralement, les seuls patients dans cette situation sont des personnes immunodéprimées pour d’autres motifs que la Covid… »
Remonter la filière
Il reste que la preuve est difficile à fournir : il n’est jamais exclu que la personne soit en situation d’échec vaccinal. Aussi, l’équipe antiboise n’hésite pas à livrer ses interrogations aux patients suspectés d’être porteurs de faux pass. « Lorsque nous les confrontons à nos doutes sur leur statut vaccinal, ils finissent par nous dire la vérité. » La « peur du vaccin » serait l’argument majeur avancé. Si ces patients bénéficient évidemment des mêmes soins que les autres, des enquêtes sont systématiquement conduites pour remonter la filière de ces faux pass : usurpation d’identité, acquisition de faux pass - « Un patient confiait avoir payé 350 euros en liquide pour obtenir ce sésame »-, piratage des comptes AmeliPro (lire par ailleurs)…
« La preuve est difficile à fournir »
Interrogés sur l’existence de phénomènes identiques, les établissements contactés répondent que « c’est probable, mais que la preuve est difficile à fournir ».
Le chef du service d’infectiologie du CHU de Nice est un peu plus affirmatif : « Nous avons reçu quelques patients avec des pass très douteux ; ils affirment qu’ils ont eu la Covid ou qu’ils sont vaccinés, et on ne trouve aucune trace d’anticorps. »
« Notre rôle reste de soigner »
Mais le spécialiste ne va pas plus loin. Volontairement. « C’est un terrain glissant ; les détenteurs de faux pass ne veulent pas du vaccin, mais ils ne veulent pas plus supporter les contraintes que la société leur impose, au nom de ce choix. Alors ils transgressent la loi. Mais notre rôle reste de soigner. » Un ton mesuré qui tranche avec d’autres propos (anonymes). « Les non-vaccinés évoquent leur liberté de choix… On peut aussi leur parler de leur liberté d’épuiser des soignants en sous-nombre, d’emboliser nos capacités alors que nous devons faire face à un nombre croissant de malades triplement vaccinés, mais chez lesquels le vaccin est inefficace...»