Monaco-Matin

Du champagne et du rire pour André Boite, 111 ans ! Niçois,

Il est le doyen des Alpes-Maritimes. À 111 ans, ce ancien responsabl­e du syndicat d’initiative de Villefranc­he-sur-Mer, prône la bonne humeur comme secret de jouvence.

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Lorsque nous l’avons quitté dans son appartemen­t de la Moyenne Corniche à Nice, il a chanté Le petit vin blanc et il a insisté : « Il faut toujours rire. » Il a ri et souri toute sa vie, André Boite, même dans les moments les plus sombres de son existence. Est-ce là son secret de jouvence qui l’a porté, le 6 décembre dernier, à l’âge de 111 ans révolu ? Un âge faisant de lui, le doyen des Alpes-Maritimes. Son anniversai­re, le jour de la Saint-Nicolas, il l’a fêté, chez lui, en compagnie du maire de Nice, Christian Estrosi, qui lui a offert, pour l’occasion, la médaille de la Ville et un panier de produits niçois. Et maintenant un article dans Nice-Matin ? « Vous êtes gentille... Oui, ça me fait plaisir. »

Déporté en Bavière

Il est assis dans son fauteuil. En veste et pantalon prince de Galles, gilet gris, foulard marron à pois crème. « Toujours en costume trois-pièces », précise Rita Exposita, ex-collègue du syndicat d’initiative de Villefranc­hesur-Mer, dont André Boite fut le responsabl­e de 1966 à 2001. Rita vient régulièrem­ent le voir. Comme une autre collègue de travail, Stéphanie Para. Très entouré, ce monsieur aux joues roses et au doux regard émouvant. Alexandra et Sandra, ses infirmière­s, se relaient à ses côtés deux fois par jour. Une quatrième dame s’occupe de ses repas. Qu’il prend tout seul.

Une vie riche que celle de cet homme, « juste et droit », né dans le Cher, le 6 décembre 1910. Il subit la Seconde Guerre mondiale. Engagé dans les Corps francs. Fait prisonnier de guerre déporté en Bavière. « Prisonnier, c’était pas rigolo, raconte André, mais même là, j’ai gardé le sourire. » À l’âge de 41 ans, il épouse Yvette. Ensemble, ils ont trois enfants, une fille et deux fils, dont un décédé comme

Yvette, partie en 2017, à 95 ans. « Il s’en est bien occupé, murmure Rita. Elle avait la maladie d’Alzheimer. » André Boite est un personnage cultivé. Raffiné. Amateur de musique, dont celle, entraînant­e, d’André Rieu, qu’il écoute toujours. Il a étudié les beaux-arts, et a participé ainsi à la restaurati­on des peintures du château de Sissi, à Schönbrunn, à Vienne et de Notre-Dame de Paris. Pour retaper les tableaux des plafonds, il peint couché.

Champagne et sancerre

À partir de 1966, il change d’orientatio­n, s’investit dans le tourisme. Inspirant des instances touristiqu­es anglaises et allemandes. Prenant part à un comité de conseil du tourisme à Londres et à Berlin. Il voyage. Beaucoup. Il conduit. Jusqu’à 99 ans. Des Jaguar. Il y a 10 ans, il travaillai­t encore dans son bureau. Cent onze ans richement remplis. Doté d’une bonne santé. Pas de cigarette, pas d’alcool, sauf, exceptionn­ellement, un verre de champagne ou de sancerre. « J’ai toujours aimé ça, mais il y a trois/quatre ans, alors que j’avais bu plus que d’habitude, j’ai arrêté...» A votre santé tout de même André...

 ?? (Photo Eric Ottino) ?? André Boite, 111 ans, entre Alexandra (à gauche), une de ses infirmière­s, et Rita Exposita, ex-collègue et amie fidèle. Une vie tranquille à la Moyenne Corniche.
(Photo Eric Ottino) André Boite, 111 ans, entre Alexandra (à gauche), une de ses infirmière­s, et Rita Exposita, ex-collègue et amie fidèle. Une vie tranquille à la Moyenne Corniche.

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