Monaco-Matin

Hommage à Samuel Paty : sa soeur s’exprime à Antibes

Mickaëlle Paty a adressé, hier, un message à la jeunesse lors d’une cérémonie au collège de la Fontonne. Une plaque dédiée à la mémoire de son frère assassiné a été dévoilée.

- MARGOT DASQUE mdasque@icematin.fr

Les regards des ados se braquent sur elle. Sa voix vient fendre le silence. « Je ne sais pas si en 2021, il reste de la place pour les rêves », au micro, Mickaëlle Paty s’adresse aux collégiens de la Fontonne, réunis, hier, dans le gymnase de l’établissem­ent d’Antibes.

La soeur de l’enseignant assassiné, victime du terrorisme islamiste, interpelle l’assemblée : « Je ne sais pas comment, dans votre vie inondée d’écrans, de monde virtuel, de réseaux sociaux, vous arrivez à être finalement vousmêmes. »

À 43 ans, comparant sa jeunesse à celle des enfants qui lui font face, elle en appelle aux « valeurs morales »:« J’ajouterai à liberté, égalité, fraternité, le respect, la loyauté, l’honneur et le courage. »

« Votre présence, ici, m’offre le meilleur »

Des mots lourds de sens en cette cérémonie d’hommage au professeur d’histoire tué à ConflansSa­inte-Honorine le 16 octobre 2020. Attaqué parce qu’il enseignait

« Il y a un an, des jeunes de votre âge ont participé au destin funeste de mon frère. Ils ont fait le choix du pire. Votre présence ici m’offre le meilleur. »

la liberté d’expression. Parce qu’il est du devoir de tous de garder cela en mémoire, une plaque commémorat­ive a été installée au sein du hall du collège, juste à côté de l’oeuvre Liberté, signée Jeremy Besset. Là où, chaque jour, les adultes de demain passent et repassent. Construisa­nt souvenirs et avenirs. Un moment où tout peut être possible, comme l’indique Mickaëlle Paty, dans sa prise de parole forte, concise, saisissant­e. « Il y a un an des jeunes de votre âge ont participé au destin funeste de mon frère. Ils ont fait le choix du pire. Votre présence ici m’offre le meilleur », remercie-telle, en préférant opter pour l’espoir contre la haine : « Vous êtes à un âge où vous avez besoin que les choses aillent bien... Vous, les vieux de demain, dites-moi, est-ce que ça va aller bien ? »

Performanc­e scénique

Une question qui reste en suspens dans les applaudiss­ements. Les mêmes mains qui se joignent pour saluer la chorale entonnant La Marseillai­se, les mêmes phalanges qui s’agitent après la performanc­e scénique des élèves sur Ma lettre à l’humanité écrite par Farès, les mêmes doigts qui frappent la mesure en entendant Grand Corps Malade et Oxmo Puccino dire la République. Un temps pour que les aiguilles s’arrêtent. Pour qu’une minute de silence en dise autant que les mots.

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(Photo Sébastien Botella)

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