Monaco-Matin

Des actions pour la laïcité dans les écoles

: il repart en prison après avoir frappé sa mère

- CH. P. chperrin@nicematin.fr

C’était une matinée dédiée à la laïcité, jeudi, au lycée profession­nel Magnan de Nice. À l’occasion de l’anniversai­re de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État – jour choisi comme journée nationale de la laïcité à l’école –, le recteur, Richard Laganier, et la cheffe de l’inspection générale de l’Éducation, du sport et de la jeunesse, Caroline Pascal, ont participé à des ateliers aux côtés des élèves de seconde. Dans une volonté de promouvoir l’éducation à la citoyennet­é et les valeurs communes, chaque lycéen a pu s’exprimer lors d’ateliers contre la radicalisa­tion, pour la liberté d’expression ou à travers un questionna­ire interactif et un escape game réalisé pour les adultes. Menés au coeur de nombreux établissem­ents de l’académie, de la maternelle au lycée, ces actions veulent réaffirmer que la laïcité veut est l’un des grands principes de la République, au-dessus de toutes conviction­s.

Ici, le recteur découvre le questionna­ire interactif préparé par les élèves à partir d’affiches de la Bibliothèq­ue nationale de France qu’ils ont sélectionn­ées.

(DR)

Irène, tremblante, ne peut plus croiser le regard de son propre fils. Elle qui, autrefois, pliait sous les coups de son mari alcoolique, a subi en 2020, au moins à cinq reprises, les accès de violences de l’un de ses enfants, Ludovic, 44 ans, dans un appartemen­t de l’avenue des Diables-Bleus à l’est de Nice. Elle a longtemps tenté de cacher les faits aux travailleu­rs sociaux dépêchés à son service. Jusqu’au jour où une assistante l’a trouvée allongée, couverte d’hématomes. Ludovic venait de la frapper avec un tabouret.

« J’ai peur de mon fils, je ne veux plus qu’il s’approche »

Irène, âgée et malade, s’est mise à parler. Elle a compris que son silence risquait de la condamner à mort. « J’ai peur de mon fils, je ne veux plus qu’il s’approche », confie-t-elle au tribunal correction­nel. Même si, ajoute-elle, « quand il n’a pas bu ça va ». Ludovic Allais a passé la majeure partie de sa vie en prison.

La cour d’assises des Alpes-Maritimes l’a d’abord condamné à quatorze ans de réclusion pour viol. Peu après sa sortie de détention, il a été à nouveau traduit en justice à Nice pour des violences sur sa compagne et ses enfants.

La sanction en correction­nelle a été sans concession : sept ans de prison. Il a été libéré en 2019. Quand le président Edouard Levrault l’invite à s’expliquer, il évoque… une fessée. Le président réagit, interloqué :«Je vous parle d’une condamnati­on à sept ans et vous me parler d’une fessée : il va falloir que vous vous regardiez dans le miroir », conseille le magistrat.

« Il y a au minimum quatre à cinq scènes d’une extrême violence »

Me Alexandre Ramette, avocat de la partie civile, rappelle que « pour Madame, ce fut un effort considérab­le d’être présente. C’est une double peine pour cette femme battue qui voit son fils reproduire ce comporteme­nt. Il y a au minimum quatre à cinq scènes d’une extrême violence. »

Trois experts psychiatre­s ont examiné le prévenu. Deux estiment qu’il est responsabl­e de ses actes. Le procureur Ludovic Manteufel s’appuie sur ces conclusion­s et demande que la récidive légale soit retenue contre Ludovic Allais. Il requiert cinq années d’emprisonne­ment, dont une année assortie d’un sursis.

Me Margaux De Césare, l’avocate de la défense, estime que ce dossier illustre « les conséquenc­es d’une enfance chaotique ». Qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un à faire du mal à sa propre mère ? Le président Levrault n’a pas eu de réponse de la part du prévenu.

« Une enfance rythmée par les violences de son père, un placement à 2 ans...»

L’avocate livre son analyse : « La trajectoir­e vitale de l’intéressé est loin d’être linéaire. Il n’a pas bénéficié des meilleures conditions de développem­ent avec une enfance rythmée par les violences de son père, un placement à 2 ans dans des foyers, et des familles où il retrouve la violence. »

L’avocate demande « une peine utile », rappelant que son client ne cherche pas à fuir ses responsabi­lités. Mais le tribunal a aussi le devoir de protéger une femme fragile, sans défense. Le fils indigne est condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis et une période probatoire de trois ans. Comme l’avait suggéré le parquet, Ludovic Allais a l’obligation de ne plus entrer en contact avec sa mère, de se soigner mais également de suivre une formation à sa sortie de détention. Sans quoi, deux années de détention viendront s’ajouter.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco