Voyage à Auschwitz : « C’est toujours d’actualité »
Sous une fine neige et dans le froid, une cinquantaine de collégiens azuréens ont visité le camp de concentration d’Auschwitz et celui d’extermination (Birkenau), vendredi. Reportage.
Cela fait 18 ans, que le Département des Alpes-Maritimes permet à des collégiens de voir l’horreur des camps de concentration et d’extermination nazis. Vendredi, une cinquantaine d’entre eux, issus de collèges différents, ont visité celui de Birkenau, puis d’Auschwitz. Le rendez-vous était donné à 5 h 30 à l’aéroport de Nice, direction la Pologne. Quatre heures plus tard, les élèves posent un premier pied à Cracovie. Sous le soleil, mais avec une température négative. « Là, on est bien protégés. Mais, imaginez une étendue de neige, des baraquements pas isolés… rien qui protège du froid, à part un pyjama de coton », entame Guillaume, professeur d’histoiregéographie du collège niçois Alphonse-Daudet.
« Il faut voir pour comprendre »
Collégiens et accompagnateurs embarquent ensuite dans des bus où les attendent des guides. « C’est un voyage qu’on devrait tous faire. Il faut voir pour comprendre. Et, même si on est préparés, c’est un choc » ,annonce l’une d’entre elles.
Une heure plus tard, la cinquantaine d’adolescents se retrouvent aux portes du camp d’extermination de Birkenau, construit un an après celui d’Auschwitz. Soit 175 hectares, délimités par des clôtures électriques.
Après l’entrée principale, une longue ligne de chemin de fer mène aux chambres à gaz et aux deux crématoriums. « Cette rampe a été construite en 1944. Elle va au plus près des chambres à gaz, pour que ce soit plus rapide. Quand les gens descendaient du train, on ne les faisait même pas passer par les baraquements », pose Daniel Wancier. Quand il était enfant, il a été interné au camp de Rivesaltes, près de Perpignan. Il a ensuite été caché pendant plus de deux ans dans des fermes. Retraité, il participe à ces voyages et intervient dans les établissements scolaires, pour témoigner de l’horreur des camps et répondre aux questions des adolescents. À droite, effectivement, se dressent une douzaine de cabanons. « 400 prisonniers y étaient enfermés. Alors que ce sont des granges conçues pour 51 chevaux », illustre la guide.
« J’ai essayé de dissocier l’émotion de l’éducatif »
À 14 heures, tout le monde se retrouve sous le portail du camp d’Auschwitz. Qui mentionne : «Arbeit macht frei » (le travail rend libre). « Une ironie. Car, ici, le travail tue », martèle la guide. Ce camp compte 28 bâtiments. Certains présentent des photos de personnes internées, des chaussures, les cheveux qui ont été récupérés à la libération… « C’était très intéressant, je comprends mieux certaines choses, mais j’ai vraiment essayé de dissocier l’émotion de l’éducatif », explique une collégienne.
Daniel Wancier, lui, n’en démord pas : ces voyages ont leur importance. « On se demande toujours comment ce genre de choses peut arriver. Aujourd’hui encore, on laisse des événements terribles se dérouler. Les nazis disaient que, une fois qu’il n’y aura plus les Juifs, tout irait mieux. Actuellement, il y en a qui disent pareil des Arabes. Ce sujet est toujours d’actualité. »