Monaco-Matin

« Si je suis encore là, c’est grâce à ces personnes, qui m’ont sauvé la vie »

- A. P.

Survivant des camps de la mort, Daniel Wancier est également le président du comité Yad Vashem Nice Côte d’Azur. Il récompense notamment « les villes et villages Justes de France », où les habitants ont caché des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. « On continue à recevoir des dossiers parce que des gens, comme moi, se réveillent à la fin de leur vie. Et se disent “si je suis encore là, c’est grâce à ces personnes, qui m’ont sauvé la vie” », indique-t-il.

Son histoire commence en juillet 1942, quand il échappe de justesse à la Rafle du Vél’ d’Hiv, considérée comme la plus grande arrestatio­n de Juifs en France. « Avec ma mère et ma soeur, on a passé la ligne de démarcatio­n pour entrer en zone libre. Mais, des gendarmes français nous ont arrêtés et nous ont conduits au camp de Rivesaltes

», se souvient-il. Daniel Wancier avait trois ans, et sa soeur sept. « Dans les camps d’internemen­t, il y avait des arrivées de wagons. On y enfermait des hommes, des femmes et des enfants. Ils partaient, on ne savait pas où ils allaient. Quatre jours après, le train revenait, complèteme­nt vide. Ma mère a compris que quelque chose n’allait pas », complète-t-il. Elle prévient alors une amie, qui habite près de Toulouse, pour organiser la fuite de ses enfants. Tous deux s’échappent un soir, cachés dans la charrette d’un cultivateu­r de pommes de terre, qui livrait le camp. Avant d’être pris en charge par l’OEuvre de secours aux enfants. Sa soeur est abritée par une famille, et Daniel Wancier est ballotté de ferme en ferme. Deux ans plus tard, la France commence à être libérée. Daniel Wancier retrouve sa soeur en maison d’enfants à Paris. Puis sa mère, sortie du camp fin 1944. Six mois plus tard, c’est le choc. Son père les rejoint, après trois ans passés à Birkenau. Squelettiq­ue.

« Ce n’était pas ça, un père, pour moi. Il était attablé, devant des miettes de pain. Il les a attrapées et les a mises dans sa poche. Ces quelques miettes, ça représenta­it un jour de survie supplément­aire, pour lui », se remémore-t-il.

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Bâti en 1940, le premier camp d’Auschwitz accueillai­t initialeme­nt des prisonnier­s politiques. Petit à petit, il sera le point de chute de Juifs du monde entier, pour devenir le principal camp d’exterminat­ion nazi.
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(Photos A.P.)

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