Monaco-Matin

Bistrot familial d’antan »

- Texte : Antoine LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr Photos : Cyril DODERGNY

Mais aussi les touristes. Il faut jouer sur tous les tableaux ».

En ce moment, l’établissem­ent tourne à 35 couverts chaque midi. Dès qu’il fait beau, la terrasse est bondée, dit-on. Ce jeudi-là, ils sont plusieurs à s’y être installés, malgré la petite pluie. De là, on voit toute la place, la mairie, la petite esplanade où il y a parfois des animations. L’emplacemen­t est stratégiqu­e. Le maire, Jean-Marc Rancurel, a fait du Bistrot des sources la pierre angulaire du développem­ent de Sainte-Thècle, lui-même coeur de vie de sa commune éclatée. La route est à moitié piétonnisé­e. La place accueille désormais un petit marché le dimanche, des concerts et animations régulières. À chaque fois, le village se retrouve en terrasse.

Randos dégustatio­ns

La mairie a également rénové un deuxième commerce, qui vient d’être attribué à une biscuiteri­e. Une boulangeri­e est aussi dans les tuyaux. Dès l’ouverture du bistrot, des journées randonnées dégustatio­n ont été mises en place. Pour découvrir la commune, l’histoire de ses sources ou pour aller plus loin, comme lorsqu’ils ont emmené les touristes jusqu’à Peille, à 3 heures de marche, déguster les produits du berger. Paul adore. Il regrette même de ne pas avoir pu s’y consacrer plus. « Je l’avais dit à la mairie, au début, j’aurais aimé faire autre chose que la cuisine : plus discuter avec les clients, faire des promenades avec les gens, développer le côté découverte de la faune. Mais je n’ai pas pu. Je n’ai pas le temps. Le travail est énorme. Et encore, on pourrait faire beaucoup plus si on était ouvert le soir, ou même l’aprèsmidi. Il y a toujours de la demande. Mais pour moi tout seul, c’est impossible ». Historique­ment, c’est le village originel, niché en hauteur, qui attirait les touristes, férus de patrimoine. Assez pour y faire vivre deux restaurant­s gastronomi­ques. Pas le même prix, pas le même public, pas le même rôle social que le Bistrot.

Moteur touristiqu­e

Peillon village et Sainte-Thècle, deux salles deux ambiances. La vitrine et le lieu de vie. Se dessinent deux publics différents : les automobili­stes se rendent au nid d’aigle sans passer par Sainte-Thècle, qui est plutôt tourné vers le train. Si bien que Véronique Muller, présidente du syndicat d’initiative, ne sait pas trop où focaliser ses activités. Son associatio­n gère notamment un musée du patrimoine ferroviair­e, dans la gare. Mais elle a du mal à savoir où concentrer ses animations. «Lacommune est un peu éparpillée, c’est notre problème. Ce n’est pas de la concurrenc­e, nous sommes bénévoles et on manque de personnel. » Mais elle l’assure : la gare a gagné en voyageurs depuis l’ouverture du bistrot. Pour les touristes, la présence du troquet au village « est très importante, confirme AnneMarie Goubareff, gérante du camping de la Laune, installé à proximité. Quand les gens appellent, les deux premières questions sont : avez-vous une épicerie, un restaurant ? » Le hic, pour elle, c’est que le bistrot n’est pas ouvert le soir. « Les gens partent visiter la journée et cherchent plutôt un restaurant pour le soir. Il y a ceux de Peillon village, mais il faut être motorisé et les camping-cars ne peuvent pas monter. Je comprends que ce soit difficile pour lui ». Sabrina Pegliasco, qui a acheté le bail avec son fils, vient de temps en temps au restaurant pour se faire la main. « On devait reprendre en juin, mais c’est reculé, tant que ce n’est pas régularisé », souffle-t-elle. Jusqu’ici, ils tenaient un restaurant à Levens. Une affaire qui marche aussi bien dans un secteur rural ? « C’est rare » confirme-telle. Tout en s’attendant à « beaucoup plus de travail ». Ils ont pour projet d’ajouter un coin pizza, pour le soir. Sont-ils prêts à prendre le relais de Paul ? « Il est plus imprégné ici, il y a vécu, il s’est beaucoup investi, répond-elle. On va voir au fur et à mesure, que les gens nous découvrent. »

Au village, beaucoup redoutent la retraite de Paul. En premier lieu le maire, trop content d’avoir trouvé la perle rare. Et toujours inquiet de ne pas avoir la main sur la suite. « On est tous contents de Paul. On en avait pour notre argent, ni plus ni moins. Mais bon, c’est comme ça. » Paul, lui, attend d’avoir enfin sa retraite, qu’il passera à Peillon. « Maintenant, j’ai mes copains de randonnée, ici ».

On pourrait faire beaucoup plus, si on était ouverts le soir”

On est tous contents, on en avait pour notre argent”

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L’établissem­ent a un label Bistrot de pays.
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