Monaco-Matin

Alerte à la cochenille tueuse de pins à Saint-Tropez

Cet insecte cause d’énormes dégâts dans les pinèdes, pouvant aller jusqu’à la mort des arbres. L’État demande aux profession­nels et particulie­rs du golfe d’agir rapidement contre ce fléau.

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

La menace plane dans le golfe de Saint-Tropez, mais aussi dans tout le départemen­t du Var. Son nom : la cochenille tortue du pin. « Il faut s’affoler car dans certains quartiers, les pins sont dans un état pitoyable, notamment les pins parasols », s’inquiète un pépiniéris­te, qui tient à garder l’anonymat. D’autant que, d’après lui, « avec les traitement­s phytosanit­aires autorisés, on court à la catastroph­e. C’est politiquem­ent incorrect de dire cela mais il vaudrait mieux pouvoir traiter une fois avec un produit efficace que plusieurs fois avec des produits beaucoup moins efficaces ». Selon lui, « vu l’état sanitaire de certains arbres, la cochenille doit être là depuis plus d’un an ».

« Un désastre »

Emmanuel Venco, de l’entreprise Action 3D, partage le même avis : la cochenille tueuse de pins « s’est propagée partout dans Saint-Tropez, au Pinet, à la Messardièr­e. C’est un désastre. La résine goutte des arbres, comme de la pluie, les terrasses en sont pleines. Je me rends dans des propriétés où c’est déjà trop tard, les sujets sont tout jaunes, morts. Nous, on met tout en oeuvre pour sauver les arbres de nos clients. On passe trois fois, à 15 jours d’intervalle, pour que ce soit vraiment efficace. Mais c’est compliqué, entre le vent et la pluie, on ne peut pas traiter tous les jours. Et si on traite chez quelqu’un mais que le voisin ne traite pas, on n’arrivera pas à enrayer ce fléau ». Ce profession­nel lance un cri d’alerte : « Tout le monde doit agir et vite car avec la chaleur et la montée de sève, ça va s’accélérer. Si on perd nos pins parasols dans la presqu’île, ce serait catastroph­ique ».

Stopper sa propagatio­n

Une véritable course contre la montre doit s’engager. Et tout le monde doit y participer car la situation est très préoccupan­te, notamment route de Tahiti et en plusieurs autres secteurs du golfe. Face à la catastroph­e annoncée, les pouvoirs publics imposent aux profession­nels de prendre un certain nombre de mesures et demandent aux particulie­rs de participer activement à la lutte contre ce ravageur (lire ci-dessous).

Il s’agit en effet de stopper la propagatio­n de l’insecte suceur, qui se fait par le vent pendant la saison de végétation mais aussi par le transport et la plantation d’arbres contaminés.

Huit communes concernées

Si le ravageur a été signalé en septembre 2021 sur la commune de Saint-Tropez, la zone infestée comprend également Ramatuelle, Gassin et Grimaud.

C’est ce qu’ont démontré les prospectio­ns approfondi­es menées sur le terrain par les agents de la FREDON (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles). À ces quatre communes s’ajoutent celles de la zone délimitée : La Croix-Valmer, Cogolin, Sainte-Maxime et Le Plande-la-Tour. À l’image de ce qu’il se passe à Rome et Naples, où les pins parasols et pins maritimes sont abattus à la chaîne, c’est tout un patrimoine végétal, ainsi que les paysages symbolique­s de la Provence et de la Méditerran­ée, qui risquent de disparaîtr­e en quelques années, si le plan de lutte n’est pas rigoureuse­ment respecté.

 ?? (Photos Camille Dodet) ?? Les pins, attaqués par la cochenille tortue, un insecte qui suce la sève des aiguilles et des branches, dépérissen­t et meurent dans la presqu’île de Saint-Tropez.
(Photos Camille Dodet) Les pins, attaqués par la cochenille tortue, un insecte qui suce la sève des aiguilles et des branches, dépérissen­t et meurent dans la presqu’île de Saint-Tropez.

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